Emmanuel Macron a reçu jeudi en tête à tête les partenaires sociaux pour lancer la vaste réforme de la formation et de l'assurance chômage, un...
Macron engage les consultations sur la nouvelle réforme sociale
Emmanuel Macron a reçu jeudi en tête à tête les partenaires sociaux pour lancer la vaste réforme de la formation et de l'assurance chômage, un...
Par Déborah CLAUDE, Jean-Philippe CHOGNOT
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Emmanuel Macron a reçu jeudi en tête à tête les partenaires sociaux pour lancer la vaste réforme de la formation et de l'assurance chômage, un chantier périlleux que le pouvoir veut mener à bien d'ici à l'été 2018.
Au cours de cette journée marathon, se sont succédé à l'Elysée sept leaders syndicaux et patronaux, dont Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Martinez (CGT) et Pierre Gattaz (Medef), en attendant Laurent Berger (CFDT) vendredi matin.
Ils ont été reçus chacun environ une heure dans une ambiance "attentive et constructive" selon l'Elysée, mais les discussions n'ont pas débouché sur de nouvelles annonces sur les projets de l'exécutif.
"L'architecture n'est pas encore définie, cela va faire l'objet des discussions dans les semaines à venir", a résumé M. Mailly.
Cette concertation débute dans un climat qui s'est alourdi depuis les ordonnances sur le code du travail, première réforme sociale d'envergure depuis l'élection de M. Macron. Après la mobilisation des fonctionnaires mardi, la CGT a appelé à manifester le 19 octobre pour le retrait de ces textes déjà entrés en vigueur.
Le président du Medef Pierre Gattaz à la sortie de l'Elysée après un entretien avec le président Emmanuel Macron, le 12 octobre 2017
AFP
Selon la méthode testée cet été avec les ordonnances, le président ouvre la concertation, puis passe le relais au Premier ministre Edouard Philippe et à la ministre du Travail Muriel Pénicaud, qui recevront les partenaires sociaux à Matignon du 17 au 19 octobre. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer sera présent pour le volet apprentissage. Un projet de loi est attendu en avril.
La CGT a de nouveau critiqué cette méthode, y voyant surtout "de la communication" plutôt qu'une vraie concertation. "J'ai rappelé au président que se voir c'est bien, discuter ça sert toujours, mais que nous n'avions pas des têtes d'alibis", a rapporté M. Martinez.
Le président Emmanuel Macron (g) et Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, le 12 octobre 2017 à l'Elysée à Paris
AFP
Le leader cégétiste réclame des discussions sur la base d'un "texte" et l'organisation de "multilatérales" réunissant tous les partenaires sociaux. François Hommeril (CFE-CGC) a également jugé que ce format de bilatérales n'était "pas adapté".
Mais un tel processus permet "de discuter, d'avoir des idées" et de "mettre les choses sur la table", s'est félicité Pierre Gattaz, le patron du Medef.
- "Beaucoup d'incertitudes" -
La réforme de l'assurance chômage, qui doit être étendue aux indépendants et aux démissionnaires, cristallise le plus l'attention. Les syndicats craignent que l'arrivée de ces nouveaux bénéficiaires n'entraîne une baisse des allocations pour l'ensemble des chômeurs.
Il n'est "pas question de réduire les droits des privés d'emploi", a averti M. Martinez, tandis que M. Mailly s'est exprimé contre "un système a minima" pour les indemnisations chômage.
Le président Emmanuel Macron (g) et François Hommeril, président de la CFE-CGC, le 12 octobre 2017 à l'Elysée à Paris
AFP
M. Hommeril a fait part, lui, de ses inquiétudes sur les "effets d'aubaine" de l'ouverture de droits aux démissionnaires.
"Cela pose un petit problème économique", a renchéri M. Gattaz, qui s'est dit attaché au fait qu'on "ne baisse pas les indemnités" actuelles des chômeurs.
Emmanuel Macron "souhaite que cette réforme se fasse d'une manière juste et contrôlable" financièrement, a fait savoir l'Elysée.
Autres sujets de friction: le financement et la gouvernance de l'Unédic, le gestionnaire de l'assurance chômage. Le gouvernement prévoit que, dès 2018, le régime ne soit plus uniquement financé par les cotisations, mais également par l'impôt (CSG), et qu'il passe d'une gestion paritaire par les partenaires sociaux à une gestion tripartite avec l'Etat. MM. Mailly et Martinez ont vilipendé ce projet, défendant le rôle des syndicats et du patronat.
Le président du Medef s'est dit "un tout petit peu réservé" sur ce thème.
Sur le volet formation professionnelle, M. Mailly et Philippe Louis (CFTC) ont compris de leur discussion à l'Elysée qu'il y aurait une négociation entre partenaires sociaux plutôt qu'une simple concertation.
Le gouvernement veut, comme d'autres avant lui, simplifier un secteur peu lisible où se côtoient de nombreux acteurs, en s'appuyant sur le compte personnel de formation (CPF).
Alors que la majorité sénatoriale de droite entend revenir sur les gains obtenus par la gauche à l’Assemblée sur le budget de la Sécurité sociale, à commencer par la suspension de la réforme des retraites, les sénateurs de gauche combattront « pied à pied », en dépit de leurs divergences sur la suspension. Mais face aux amendements des sénateurs de droite, qualifiés de « musée des horreurs », ils jouent groupés.
Alors que le Sénat s’apprête à démarrer l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, le patron des députés de droite, Laurent Wauquiez était reçu à la réunion de groupe des sénateurs LR pour passer le relais. L’occasion de s’exprimer d’une seule voix sur la position que compte défendre la droite sur les deux lois de finances, quitte à rendre un accord en commission mixte paritaire quasi impossible et faire resurgir la piste d’un recours au 49.3.
Dans le cadre de l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs écologistes veulent créer un droit d’accise sur la vente du produit stupéfiant. « Ça légalise le cannabis en réalité », explique le sénateur Thomas Dossus. De quoi rapporter près de « 3 milliards d’euros à l’Etat » et « assécher les réseaux ».
À la veille du coup d’envoi des débats en séance publique sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les rapporteurs de la majorité sénatoriale veulent se montrer intraitables sur le retour des principales mesures d’économies et la disparition des mesures les plus coûteuses, comme la suspension de la réforme des retraites.