Emmanuel Macron et François Fillon ont attaqué séparément mardi soir la sortie de l'euro souhaitée par Marine Le Pen lors du débat à 11 de la présidentielle, le premier l'accusant d'engendrer la "guerre économique", le second jugeant son programme promis à "l'effondrement".
"Je ne veux pas laisser s'installer une espèce de faux débat entre celles et ceux qui protègent les Français en disant +on sort de l'Europe+ et les autres qui seraient pour le laisser-aller. L'Europe permet de protéger" a affirmé l'ancien ministre de l'Economie.
"Ce que vous proposez Mme Le Pen, c'est en effet de la baisse de pouvoir d'achat pour les Français, parce qu'avec la sortie de l'euro pour les épargnants, les travailleurs, ce sera une baisse de pouvoir d'achat. Ce que vous proposez, c'est la guerre économique" a insisté M. Macron, au coude-à-coude avec Mme Le Pen dans les sondages de premier tour.
"La réalité de notre vie économique, c'est que ce seront des destructions d'emploi", a-t-il encore accusé.
"Ce que vous proposez, c'est le nationalisme (...). Le nationalisme, c'est la guerre. Je viens d'une région qui est pleine de ces cimetières" s'est encore inquiété l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, qui a grandi à Amiens.
"M. Macron, on ne se présente pas comme la nouveauté quand on ressort des vieilles badernes qui ont au moins 50 ans!", a répondu la candidate du Front national, qui avait d'abord réagi en levant les yeux au ciel et en soupirant ostensiblement.
"Mme Le Pen, vous ressortez les mensonges qu'on entend depuis 40 ans, et qu'on entendait dans la bouche de votre père", Jean-Marie Le Pen, a surenchéri M. Macron.
François Fillon sur le plateau de BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
POOL/AFP
Juste après, François Fillon a rappelé que Mme Le Pen souhaitait interroger les Français par référendum à l'issue de la négociation de six mois avec l'UE qu'elle prévoit.
"Elle va soumettre par référendum --et elle a parfaitement raison de le faire--, cette sortie de la monnaie européenne" aux Français, a-t-il relevé.
"Comme on sait tous qu'il y a une immense majorité de Français qui ne veut pas de la sortie de cette monnaie européenne, ça veut dire qu'en réalité, il n'y a pas de politique économique de Mme Le Pen, car cette politique économique s'effondrera à la minute où les Français se seront prononcés sur cette sortie de la monnaie européenne", a ajouté le candidat LR.
Emmanuel Macron a réuni mardi les responsables de plusieurs partis politiques à l’Élysée pour les consulter avant la nomination d’un nouveau Premier ministre pour remplacer Michel Barnier. Pour le député RN Thomas Ménagé, invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi, cet échange marque « le retour de l’UMPS » sous la forme d’un « parti unique qui va du PS jusqu’à Laurent Wauquiez ».
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.