En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Macron et l’Europe : « Comment va-t-il réussir à aller au-delà des mots » ?
Par Alexandre Delrieu
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Un an après l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, les mesures phares du projet européen du candidat, notamment l’instauration d’un budget de la zone euro, n’ont toujours pas été mises en œuvre. Si le constat est partagé, les raisons avancées diffèrent.
Emmanuel Macron « un président parmi vingt-huit »
Pour l’eurodéputé conservateur allemand Andreas Schwab, il est difficile de dresser le bilan du président français au bout d’un an dans une union politique qui compte vingt-huit États membres. « Ce n’est pas Macron qui peut décider lui-même sur l’Europe […]. Il est un président parmi vingt-huit ». Si le député européen reconnaît qu’Emmanuel Macron « a de bons arguments pour beaucoup de points qu’il propose », il rappelle que « maintenant il faut trouver une majorité pour y arriver ».
Selon Clémentine Forissier, rédactrice en chef de Contexte, la difficulté qu’a eu le président français à réformer l’UE tient notamment aux aléas de la politique interne allemande. Pour la journaliste, les six mois de « glaciation » pendant lesquels Angela Merkel a cherché à construire un gouvernement de coalition auraient paralysé toute tentative de réforme européenne.
« Il faut un accord franco-allemand, mais il faut d’abord ouvrir la discussion »
Selon le député européen social-démocrate Guillaume Balas, Emmanuel Macron « a perdu un an parce qu’il n’a pas vu qu’il y avait d’autres pays avec lesquels il fallait discuter ». L’eurodéputé français qui a récemment quitté le Parti Socialiste pour rallier le mouvement Génération.s lancé par Benoît Hamon appelle à changer de paradigme. « Plus personne ne supporte cette idée qu’il y aurait un imperium Franco-allemand qui décide pour les autres. Il faut un accord franco-allemand, mais il faut d’abord ouvrir la discussion » à l’ensemble des États membres, avance-t-il.
Un budget de la zone euro contesté
Les chances de succès d’un budget de la zone euro, soutenu par Emmanuel Macron, ne semble pas faire l’unanimité. Alors que Clémentine Forissier se demande comment le président français réussira « à aller au-delà des mots », pour Andreas Schwab, les Allemands doutent de l’intérêt d’un tel budget commun. « De notre point de vue, tous les États membres de l’Union européenne ont vocation […] à rentrer dans l’Eurozone, indique l’eurodéputé allemand. Donc ça n’a pas beaucoup de sens de créer un budget spécial pour ceux qui sont déjà dedans ».
Prenant acte des « divergences profondes en termes économique, social et culturel » entre d’une part la France et d’autre part l’Allemagne et les pays du Nord de l’Europe, Guillaume Balas estime que la transformation de l’UE ne passera pas par « l’Europe des gouvernements ». Ainsi, il estime qu’il « faut allier aujourd’hui tous ceux qui sur les sujets démocratique, social et écologiques veulent avancer ».
En ce sens, les élections européennes qui se tiendront en mai 2019 pourraient dégager de nouvelles majorités au Parlement européen, dépassant les clivages nationaux.
Retrouvez l’intégralité du débat dans l’émission Europe Hebdo sur Public Sénat ce vendredi 20 avril à 18h30 et dimanche 22 avril à 12h30.