En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Macron et les catholiques : les sénateurs divisés
Par Public Sénat
Publié le
« Le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé » (…) « les politiques ont profondément méconnu les catholiques de France » (…) « Je considère que la laïcité n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens ». Ces mots prononcés par le chef de l’État lundi soir devant les représentants de l’Église catholique réunis au Collège des bernardins, à Paris, n’ont pas manqué de susciter l’incompréhension, si ce n’est l’indignation de la gauche.
« Coup de canif »
Gérard Collomb, ministre des Cultes, a beau avoir assuré qu’Emmanuel Macron était « dans les bases mêmes de la laïcité », au groupe PS du Sénat, on ne l’a pas entendu de cette oreille. Son président, Patrick Kanner fustige « le coup de canif » du chef de l’État, « dans le contrat du vivre ensemble de notre pays ». « La laïcité c’est l’ADN de notre République. Privilégier une religion ou une autre (…) la considérer comme la sève de la Nation est pour moi quelque chose de totalement disruptif mais aussi finalement dangereux pour notre Histoire » a ajouté l’ancien ministre de la Ville.
« L’Église catholique est déjà très investie »
Laurence Rossignol, sénatrice socialiste « trouve très préoccupant » la tenue de tels propos dans un contexte où « la République est fragilisée par la montée des communautarismes, par l’extension de l’emprise religieuse ». L’ancienne ministre des droits des femmes trouve le discours du chef de l’État d’autant plus « surprenant » que de son point de vue « l’Église catholique est déjà très investie partout et pas simplement en France contre l’IVG, contre la contraception, contre les droits sexuels et reproductifs des femmes ». « En lançant ce message à l’Église catholique, je crains que le président de la République ne nous affaiblisse » conclut-elle.
« Moi, ça me va bien »
Au groupe LR, une fois n’est pas coutume, les critiques sont mises en sourdine. Si les sénateurs ne vont pas jusqu'à dire « Amen » au discours présidentiel, certains lui donnent tout de même l’absolution. « Le président de la République va au dîner du CRIF, il reçoit les représentants du CFCM (Conseil français du culte musulman), il reçoit les pasteurs protestants. Il parle à l’église. Moi, ça me va bien. Franchement, dans les propos d’hier, qu’est ce qui remet réellement en cause la loi de 1905 ? » interroge le sénateur des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi avant d’ajouter : « Dieu sait, que je ne suis pas forcément pour Macron, mais s’il ne peut plus parler aux religions, alors il ne peut plus aller au dîner du CRIF, il ne faut pas qu’il reçoive le CFCM, il ne faut pas qu’il parle aux évêques… ».
« C’est le rôle du Président »
Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères du Sénat et vice-président du groupe d’amitié France Saint-Siège ne dit pas autre chose. « Je pense que c’est le rôle du président de la République de s’intéresser à tous les courants de spiritualité (…) le président de la République participe au dîner du CRIF et je n’entends pas M. Mélenchon pousser des cris d’orfraie (…) Je suis toujours très surpris du double traitement qu’on fait subir à l’église catholique (…) Il (Emmanuel Macron) n’a rien dit d’inouï ».
Bruno Retailleau n'est pas dupe
Cette approbation du discours du chef de l’État ne va pas jusqu’au président du groupe LR, Bruno Retailleau, qui voit dans les mots d’Emmanuel Macron une stratégie cachée. « Je pense qu’il s’adresse à une forme de segmentation électorale. Je pense qu’il cherche à reconquérir un électorat catholique qui lui a fait défaut dès le premier tour de la présidentielle » a-t-il perçu au micro de Public Sénat.
Le sénateur de Moselle, François Grosdidier relève également « une maladresse » dans le discours du Président. « Il a été un peu maladroit en choisissant le terme de « lien ». L’Église catholique n’est pas liée à l’État et l’État est encore moins lié à l’Église catholique. En revanche, il y a des rapports entre l’État et l’Église catholique, comme avec d’autres églises ou obédiences » estime-il.
Et lorsqu’Emmanuel Macron « appelle les catholiques à s’engager politiquement », François Grosdidier et Christian Cambon abondent : « Oui, comme les protestants, comme les juifs, comme les musulmans, comme les athées » interprètent-ils.
La sénatrice RDSE, ancienne membre de l’observatoire de la laïcité, Françoise Laborde ménage également ses critiques. « J’ai remarqué qu’il y avait des choses positives et des choses moins positives pour moi qui suis pour la laïcité. Il a des mots et des phrases qui sont un petit peu gênantes, comme ce ‘lien abîmé’ (entre l’État et l’Église catholique) (…) Ensuite, il défend la loi de 1905. Et il dit que la loi de la République doit être au-dessus de toutes les lois religieuses ».