Le grand débat qui sera lancé mardi n'est "ni une élection, ni un référendum", a affirmé Emmanuel Macron dans sa "lettre aux Français", en appelant "le plus grand nombre" à y participer.
Le président annonce qu'il "rendra compte directement" de cette consultation, dans le mois qui suivra sa fin, prévue le 15 mars, dans sa longue lettre, dont la publication a été avancée après avoir été rendue publique par des médias dimanche soir malgré l'embargo fixé.
"J’entends transformer avec vous les colères en solutions", indique-t-il en conclusion de cette lettre, dont il avait annoncé la publication en présentant ses voeux, en pleine crise des "gilets jaunes".
Il propose de baliser le débat avec une série de 35 questions portant sur quatre thèmes déjà fixés comme la démocratie, la transition écologique, la fiscalité ou l'immigration.
"Vos propositions permettront donc de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international", précise Emmanuel Macron.
Photo prise le 13 janvier 2019 d'un téléphone portable sur lequel s'affiche la "lettre aux Français" du président Emmanuel Macron
AFP
Parmi ces questions, figurent: "Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité?", "Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité?", "Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale?", "Faut-il accroître le recours aux référendums?".
Sur l'immigration, Emmanuel Macron demande: "Une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement?".
Mais, comme l'avaient annoncé plusieurs membres du gouvernement ces derniers jours, le président fixe aussi des lignes rouges. "Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises (...) afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage", souligne-t-il, sans citer nommément l'ISF, dont le rétablissement est réclamé par de nombreux "gilets jaunes".
"Nous ne pouvons poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique", prévient-il aussi.
Il ne cite, dans sa lettre, ni les thèmes du mariage pour tous, de l'IVG ou de la peine de mort.
Emmanuel Macron doit participer à un premier débat mardi avec des maires à Grand Bourgtheroulde (Eure), puis à un deuxième vendredi à Souillac (Lot), premières étapes d'une série de déplacements en province.
Le Premier ministre Edouard Philippe doit préciser lundi les modalités de ce grand débat, notamment sur son pilotage après la défection de la présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno, après une polémique sur sa rémunération.
Emmanuel Macron a publié sa lettre au lendemain d'un neuvième samedi de mobilisation des "gilets jaunes" marqué par un regain de mobilisation.
Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…
Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.
Après avoir reçu les différents partis politiques du socle commun la semaine dernière, Sébastien Lecornu s’est entretenu ce lundi avec Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT lui a présenté ses exigences.
Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.