Mal éclairé derrière son bureau où l’on distingue des notes raturées, Emmanuel Macron avait décidé de prendre de la hauteur en ce jour de remaniement tant attendu. Pas un mot sur les nouveaux entrants du gouvernement ni même pour le Premier ministre, en 12 minutes Emmanuel Macron a réaffirmé un cap que les Français avaient perdu de vue. « Ces derniers mois ont pu rendre moins perceptible (le) sens (de mon action) d’abord parce que parfois par ma détermination, ou mon parler vrai j’ai pu déranger ou choquer certains. Et j’entends les critiques » a-t-il concédé en guise d’unique mea culpa.
« Il a parlé pour dire aux Français : je vous parle »
« On doit s’habituer avec Emmanuel Macron à ce que la communication remplace l’action, mais en politique, seuls les résultats comptent. S’il y a eu un remaniement c’est parce qu’il y a eu un échec, sa politique ne produit pas de résultats » a jugé sur CNEWS, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. « Il a pris un ton très solennel. Ça sortait de sa familiarité lors des déplacements en province. Mais en fait, il a parlé pour dire aux Français : je vous parle (…) Il a reconnu qu’il avait quelques défauts qui étaient les défauts de ses qualités ». Voilà ce que retient également le sénateur LR, François Grosdidier.
Plus d’écoute
La sénatrice centriste, Annick Billon estime « qu’il n’y a pas eu d’annonces ». « Il nous dit qu’il est dans la continuité et qu’il applique son programme vaille que vaille (…) Il y a des nouvelles têtes au gouvernement. Mais le président de la République souhaite continuer sa méthode (de) manque d’écoute des corps intermédiaires et du Parlement » juge-t-elle.
Le chef de l’État a néanmoins promis « de s’appuyer sur toutes les forces du progrès et de la réforme, les associations, les élus locaux, dans tous nos territoires. Et en particulier nos maires, qui sont les premiers porteurs de la République du quotidien. »
« Constance et de la cohérence »
Conseil des ministres: Macron prend la parole,
Ce mercredi, en ouverture du conseil des ministres, Emmanuel Macron a développé et précisé ses propos de la veille dans une intervention exceptionnellement filmée. D’abord des remerciements aux ministres partants, Françoise Nyssen, Stéphane Travert, et Jacques Mézard. « Certains (de nos concitoyens) vont jusqu’à imaginer que c’est un privilège d’être ministre. C’est un honneur à coup sûr (…) mais ça n’a rien d’aisé par les temps que nous vivons ». Pour autant, le chef de l’État a fixé une feuille de route sous l’égide « de la constance et de la cohérence ».
Devant le gouvernement, Emmanuel Macron a énuméré les réformes à venir : « Créer une flexisécurité à la française », faire de la France « une nation éducative », fonder une « puissance environnementale du XXIe siècle » avec « des annonces fortes dans la stratégie énergétique » avant de promettre une réforme « extrêmement ambitieuse » de l'État dans les prochains mois.
Comme hier soir, le chef de l’État s’est montré pessimiste sur l’avenir. « Ce moment que nous traversons n’a rien d’innocent (…) beaucoup de choses qui paraissaient acquises ne le sont plus. Il y a une impatience, il y a des colères, des blessures. Il nous faut y répondre sans facilité ».
Faire de la France une « puissance environnementale du XXIe siècle »
Dans ce nouveau gouvernement, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire est le numéro 2 du gouvernement, le seul à avoir le titre de ministre d’État. Et même si Emmanuel Macron a annoncé, « des décisions profondes, inédites » en matière d’Environnement, les écologistes attendent la déclinaison de ces paroles. « Nous avons une taxe carbone qui augmente. Ce sont des recettes extrêmement importantes pour l’État mais elles ne sont pas redistribuées vers la transition écologique » regrette le sénateur écologiste, Ronan Dantec qui considère que « pour rentrer dans l’Histoire », Emmanuel Macron va devoir analyser les accords de libre échange et les mettre au service des enjeux climatiques.