Macron rappelle les militaires à l’ordre sur le budget

Macron rappelle les militaires à l’ordre sur le budget

Le président Emmanuel Macron a rappelé les militaires à l'ordre jeudi après des critiques en interne sur le budget des armées,...
Public Sénat

Par Charlotte HILL, Valérie LEROUX

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Le président Emmanuel Macron a rappelé les militaires à l'ordre jeudi après des critiques en interne sur le budget des armées, martelant qu'il était leur "chef" et promettant dès 2018 une hausse de l'effort de Défense.

"Je considère qu'il n'est pas digne d'étaler certains débats sur la place publique", a-t-il lancé devant la communauté militaire à la veille du traditionnel défilé du 14 juillet.

Emmanuel Macron faisait visiblement allusion au chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, qui a protesté devant des députés contre l'effort financier demandé aux armées en 2017.

"Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir", a déclaré le chef de l'Etat faisant référence à la promesse de porter l'effort de Défense à 2% du produit intérieur brut (PIB) en 2025.

"Et je n'ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire", a-t-il ajouté, en rappelant les militaires à leur "sens du devoir et de la réserve".

Le général de Villiers a jugé mercredi, lors d'audition à huis clos devant de la commission Défense à l'Assemblée, que l'armée avait déjà "tout donné" et que la situation n'était "pas tenable", selon plusieurs participants.

"Je ne vais pas me faire baiser comme cela", a-t-il ajouté en demandant que les engagements financiers pris par le président se traduisent dans les faits sans tarder.

- 'Légitime et faisable' -

Dans une tribune vendredi au Figaro, il s'est montré plus mesuré, appelant à initier l'effort "dès 2018" et à le maintenir "dans la durée". "C'est à cette condition que nos armées pourront demeurer ce qu'elles sont et refléter ce qu'elles incarnent", écrit-il.

Les armées vont devoir assumer cette année le surcoût des opérations extérieures (850 millions d'euros) qui était jusqu'ici réparti entre les autres ministères, au termes d'arbitrages rendus mardi pour contenir le déficit budgétaire.

Leur budget restera inchangé par rapport à ce qui a été voté par le Parlement pour 2017 (32,7 milliards d'euros). Mais elles subiront in fine une baisse de 850 millions de crédits pour l'achat d'équipements dont certains vont devoir être reportés ou annulés.

Elles ont notamment besoin d'avions de ravitaillement en vol, d'hélicoptères et de blindés pour renouveler des matériels vieillissants, autant de moyens qui leur font cruellement défaut aujourd'hui sur des théâtres d'opérations grands comme l'Europe.

Le chef de l'Etat a jugé que l'effort demandé était "légitime et faisable sans attenter en rien à la sécurité de nos troupes, à nos commandes militaires et à la situation telle qu'elle est aujourd'hui".

Il a assuré que le budget des Armées connaîtrait une hausse dès 2018 afin de respecter l'engagement d'atteindre 2% du PIB d'ici 2025.

- 'Coup de poignard' -

Les crédits budgétaires seront portés à "34,2 milliards d'euros, dont 650 millions d'euros de provisions" pour les opérations extérieures (contre 450 actuellement), a-t-il dit.

L'enveloppe des armées augmentera donc de l'ordre de 1,3 milliard d'euros par rapport à 2017. Les experts estiment à deux milliards d'euros l'effort annuel nécessaire pour atteindre un budget défense équivalent à 2% du PIB, soit 50 milliards d'euros, en 2025.

"Parmi ces ressources 200 millions d'euros seront consacrés au renforcement de la protection de nos forces partout où elles sont engagées", a ajouté Emmanuel Macron dans une allusion à une autre inquiétude du général.

La rigueur demandée aux armées a suscité une levée de boucliers à droite comme à gauche de l'échiquier politique à l'heure où la menace terroriste reste maximale.

"C'est bien d'aller faire des photos au-dessus du Terrible (sous-marin) au bout d'un filin (..) si c'est pour derrière (leur) mettre un coup de poignard dans le dos", a déploré Cédric Perrin, vice-président LR de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense au Sénat.

Pour le député socialiste Luc Carvounas, Emmanuel Macron a commis la "première faute politique" de son quinquennat. "Voilà ce qui se passe quand la technostructure supplée au politique", a-t-il dit.

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