Emmanuel Macron a de nouveau plaidé vendredi la cause du cinéaste Oleg Sentsov auprès de Vladimir Poutine, proposant plusieurs solutions d'urgence, mais selon Moscou le détenu, après trois mois de grève de la faim, "ne se plaint de rien".
Lors d'un entretien téléphonique, le président français, devenu un porte-parole international en faveur du cinéaste, a fait "plusieurs propositions" à son homologue russe afin de "trouver de façon urgente une solution humanitaire" pour Oleg Sentsov, selon l'Elysée.
Selon Paris, le président russe "s'est engagé à répondre" à ces propositions et a promis de "donner rapidement des éléments sur l'état de santé" du détenu, qui selon sa famille se dit proche de la mort. Le Kremlin s'est contenté de confirmer que le cas de Sentsov avait été évoqué.
Oleg Sentsov, 42 ans, opposant à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, craint que sa fin ne soit "proche", a indiqué sa cousine cette semaine. Condamné à 20 ans de camp pour "terrorisme" et "trafic d'armes" à l'issue d'un procès qualifié de "stalinien" par Amnesty International, il a entamé une grève de la faim le 14 mai.
Le président français a exprimé son "inquiétude" sur son état de santé qui "semble se dégrader dangereusement".
Après ce coup de fil, les autorités pénitentiaires russes ont annoncé que des membres de la commission de surveillance publique des prisons avaient rendu visite vendredi au prisonnier qui, au cours de la conversation, "ne s'est plaint de rien".
Oleg Sentsov a refusé un transfert dans un hôpital municipal, "expliquant qu'il ne se considérait pas comme un malade", selon la Commission. Le cinéaste avait déjà refusé ce transfert il y a quelques jours, au motif qu'il craignait pour sa santé.
Depuis trois mois, Emmanuel Macron a déjà plaidé plusieurs fois en faveur d'Oleg Sentsov auprès de son homologue russe. Il lui en avait parlé fin mai lors de leur rencontre à Saint-Pétersbourg, mentionnant publiquement le sujet en sa présence, puis lui avait adressé un courrier pour "lui faire part de sa vive préoccupation sur l'état de santé du cinéaste et lui demander de réagir rapidement".
Il lui en avait reparlé le 15 juillet au Kremlin, juste avant la finale du Mondial-2018. Le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, avait déclaré le 10 juillet que "les droits élémentaires" de la défense d'Oleg Sentsov n'avaient "manifestement pas été respectés".
L'Ukraine a appelé les Occidentaux à "renforcer la pression sur la Russie pour le faire libérer". D'autres gouvernements occidentaux emmenés par Emmanuel Macron, ainsi que de nombreux écrivains, cinéastes, artistes et intellectuels, comme Stephen King et Johnny Depp, ou en France Emmanuel Carrère et Leila Slimani, ont appelé le Kremlin à libérer Oleg Sentsov. La Cour européenne des droits de l'Homme a demandé à la Russie de lui administrer "des soins appropriés".
Des artistes russes, ainsi que l'avocat du cinéaste, ont demandé lundi au président français d’oeuvrer pour que des médecins de la Croix-Rouge puissent lui rendre visite, dans la colonie pénitentiaire de Labytnangui, dans le Grand Nord sibérien.
"L'intervention d'Emmanuel Macron est précieuse, car Donald Trump se tait et l'Europe est peu active. La France est en première ligne pour le défendre", a estimé Michel Eltchaninoff, dont l'association "Les Nouveaux Dissidents" est très impliquée en faveur du cinéaste.
"Il a pu proposer à Vladimir Poutine d'envoyer des médecins indépendants à la prison ou de transférer le cinéaste dans un autre pays", avance-t-il. Son association demande aux Français d'envoyer des cartes postales à l'Elysée pour Oleg Sentsov.