Macron répond pied à pied aux inquiétudes au salon de l’Agriculture
Le loup, le glyphosate, le Mercosur, la PAC: Emmanuel Macron a répondu samedi à une foule d'interpellations, parfois agitées, lors de l...

Macron répond pied à pied aux inquiétudes au salon de l’Agriculture

Le loup, le glyphosate, le Mercosur, la PAC: Emmanuel Macron a répondu samedi à une foule d'interpellations, parfois agitées, lors de l...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU et Emmanuelle TRECOLLE

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Le loup, le glyphosate, le Mercosur, la PAC: Emmanuel Macron a répondu samedi à une foule d'interpellations, parfois agitées, lors de l'inauguration du 55e salon de l'Agriculture, où il a été accueilli par des sifflets mais aussi des applaudissements, illustration des tensions actuelles au sein d'un monde paysan en pleine réorganisation.

Après avoir été à plusieurs reprises sifflé par des membres du syndicat des Jeunes agriculteurs le long de son parcours entre les stands du salon, le chef de l'Etat a bifurqué pour aller parler "droit dans les yeux" à ses contempteurs, des céréaliers qui protestaient contre la fin du glyphosate et contre le projet d'accord de libre-échange UE/Mercosur.

"J'ai vu des gens qui étaient à 500 mètres pour me siffler. Ils étaient très minoritaires. J'ai cassé les parcours et les codes pour aller au devant d'eux, et ils se sont arrêtés de siffler. On s'est expliqué, je crois qu'ils ont compris", a déclaré le président à la presse.

Le président a fendu la foule pour aller tancer les siffleurs, "10 zigues" selon lui: "Je vous engueule parce que j'aime pas qu'on me siffle derrière; mais après je viens vous voir et on s'explique". Avant de leur assurer calmement que "personne ne sera laissé sans solution".

Emmanuel Macron tient une poule offerte par Yves de la Fouchardière (d) président des fermiers de Loué, lors de sa visite au salon de l'Agriculture le 24 février 2018
Emmanuel Macron tient une poule offerte par Yves de la Fouchardière (d) président des fermiers de Loué, lors de sa visite au salon de l'Agriculture le 24 février 2018
POOL/AFP

Il a aussi répondu à des éleveurs qui l'interpellaient sur le plan loup annoncé lundi par le gouvernement, qui a mécontenté aussi bien les agriculteurs que les défenseurs de l'environnement: "si vous voulez me faire dire qu'on supprimera les loups, je ne le dirai pas. Si vous voulez l'engagement qu'on renforcera les moyens de protection ou qu'on sortira les loups de ces bassins je m'y engage".

- "Regardez moi bien dans les yeux" -

Face à un agriculteur, déguisé en vache, qui se plaint de "la grande distribution" qui "se moque" des paysans, le président réplique: "regardez moi bien dans les yeux, il y aura des contrôles et des résultats concrets". "Vous verrez des sanctions fortes sur ce sujet des négociations commerciales", promet-il.

Puis il embraye directement sur l'Europe: "pour la prochaine Politique agricole commune (PAC), je veux un mécanisme de garantie de prix minimum pour les éleveurs européens. Si on ne fait pas attention, on ne pourra plus choisir, ce sera le marché du prix qui aura décidé pour nous", déclare-t-il avant de rencontrer le commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan.

Les agriculteurs français s'inquiètent en effet beaucoup de l'avenir de la PAC, dont la France est l'un des principaux bénéficiaires, après le départ du Royaume-Uni. Vendredi à Bruxelles, les dirigeants européens ont fait un constat de leurs divisions sur ce sujet.

Le président Emmanuel Macron (c) avec le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, visitent le salon de l'Agriculture le 24 février 2018
Le président Emmanuel Macron (c) avec le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, visitent le salon de l'Agriculture le 24 février 2018
POOL/AFP

La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, qui redoutait vendredi de voir la France baisser la garde à Bruxelles, a finalement salué samedi la "prise de position très ferme" du président français devant les autres chefs d'Etat européens sur le budget de la PAC.

M. Macron "a vraiment dit et affirmé que pour les priorités nouvelles, il fallait des ressources nouvelles. Il a aussi dit qu'il y avait accord du président de la Commission européenne Juncker sur cette approche-là", a-t-elle relevé.

Après avoir déjeuné avec 18 éleveurs de différentes régions, le président a repris ses déambulations dans le salon.

Sur son chemin, les interpellations n'ont pas concerné que l'agriculture. Après avoir rappelé à un cheminot, inquiet de la réforme de la SNCF à venir, que les agriculteurs n'avaient eux pas de statut, il a assuré à l'association des victimes de Lactalis qu'il y aurait des "sanctions financières" si la justice confirmait que des distributeurs avaient continué à vendre du lait infantile contaminé après les rappels officiels.

Plus tôt, une quinzaine de militants vegan avaient aussi brièvement manifesté, avant d'être expulsés manu militari.

Pour déminer le terrain devant l'angoisse du monde rural, le président avait déjà expliqué jeudi à 700 jeunes agriculteurs reçus à l'Elysée qu'il voulait réorganiser l'agriculture en "filières" pour tenter de garantir sa rentabilité, tout en la sortant de sa dépendance aux fonds publics européens.

Il avait aussi laissé entrevoir le lancement d'un système de "préretraites agricoles avec une sortie progressive de l'activité", afin de permettre à un jeune de prendre la suite de ses parents.

"Ce que je crains le plus (...) c'est ceux qui n'ont même plus l'énergie de protester", a dit le président à la presse qui l'interrogeait sur l'ambiance du salon.

leb-etr-ngu-im/soe/nm

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