Macron retrouve son gouvernement mercredi, les oppositions s’organisent
Le Conseil des ministres lance mercredi la rentrée politique, pour l'exécutif qui affûte de nouvelles réformes et pour les oppositions qui...
Par Laurence BENHAMOU
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Le Conseil des ministres lance mercredi la rentrée politique, pour l'exécutif qui affûte de nouvelles réformes et pour les oppositions qui veulent se remettre en ordre de marche, alors que se profile déjà la bataille des municipales.
Echaudés par les mois de contestation des "gilets jaunes", Emmanuel Macron et son gouvernement vont tenter de mieux faire accepter une série de réformes délicates.
En tête, l'ouverture de la PMA pour toutes et l'unification des régimes de retraites, avec un âge "pivot" de départ à taux plein repoussé à 64 ans.
Avec une embellie de sa popularité, remontée au dessus des 30%, le couple exécutif semble en meilleure position pour poursuivre son programme. Surtout, il peut se targuer de tenir ses promesses après la baisse du chômage au 2e trimestre à 8,5%, son plus bas niveau depuis dix ans.
Arrivé en 2e place mais juste derrière le RN, le parti présidentiel sort renforcé d'un score honorable de 22,4% aux européennes de mai, quand tous les autres partis, LR, PS et France Insoumise, ont été laminés. Les "gilets jaunes" ont eux échoué dans les urnes et ne parviennent plus guère à mobiliser.
Désormais plus prudent, Emmanuel Macron veut éviter les réparties polémiques qui braquent l'opinion. Il s'est d'ailleurs fait extrêmement discret pendant ses trois semaines de retraite estivale au Fort de Brégançon.
Plusieurs signaux d'alarme restent néanmoins allumés, sur de nouveaux fronts comme l'écologie ou la souveraineté, qui étaient déjà au centre de la campagne des européennes.
Au carrefour de ces deux inquiétudes, l'accord de libre-échange avec le Canada (Ceta), ratifié par les députés LREM en juillet, a non seulement réuni contre lui les oppositions mais aussi divisé la majorité: les voix d'une soixantaine de députés LREM manquaient à l'appel.
Le président Emmanuel Macron reçoit le 19 août 2019 au Fort de Brégançon son homologue russe Vladimir Poutine
POOL/AFP
Au nom du Ceta, beaucoup de députés marcheurs ont aussi vu leur permanence dégradée cet été par des agriculteurs, des "gilets jaunes" ou des écologistes.
- Rentrée sociale -
La défense de l'environnement s'est également traduite dans les urnes, offrant aux Verts un score surprise de plus de 13% aux européennes. EELV se sent désormais "légitime et crédible pour gouverner" et espère transformer l'essai aux municipales.
LR, La France Insoumise, tout comme le PS et les diverses formations de gauche, tous laminés aux européennes, cherchent eux à retrouver un second souffle.
Le PS (6,3% aux européennes) tient une université d'été rebaptisée "Campus", du 23 au 25 août à La Rochelle, avec une volonté d'"ouverture" vis-à-vis des autres formations de gauche. L'université d'été de la France insoumise est elle prévue du 22 au 25 août.
Chez LR, après la douche froide d'un score de 8,2% en mai, il faut d'abord choisir un nouveau chef. Trois candidats sont en lice, Christian Jacob, président des députés LR à l'Assemblée, et deux quadras ambitieux, Julien Aubert et Guillaume Larrivé.
Le gouvernement doit aussi se préparer à un rentrée sociale agitée.
Déjà fustigée par le RN, la loi sur la bioéthique pourrait réveiller le camp conservateur. Une vingtaine d'associations ont annoncé une manifestation de protestation le 6 octobre à Paris.
La réforme des retraites, présentée au début de l'été, a été unanimement rejetée par les syndicats. Le gouvernement veut se donner du temps en ouvrant une nouvelle phase de concertation mais FO et la CGT se mobiliseront les 21 et 24 septembre.
Enfin, la réforme de la fonction publique, promulguée début août, que les syndicats perçoivent comme un "mauvais coup", doit être précisée le 5 septembre.
D'autres conflits couvent chez les urgentistes et les enseignants, après la réforme du lycée et du bac.
Cette rentrée gouvernementale s'intercale avant un événement diplomatique majeur du quinquennat: l'organisation du G7 de Biarritz, précédé d'une batterie de rendez-vous. Après Vladimir Poutine à Brégançon lundi, Emmanuel Macron accueille successivement jeudi le Premier ministre britannique Boris Johnson, le chef du gouvernement grec Kyriakos Mitsotakis et le Premier ministre indien Narendra Modi. Il pourrait également recevoir vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
« Le premier ministre nous laisse nous exprimer sur les sujets. En revanche, une fois qu’ils sont tranchés, nous nous rangeons derrière l’avis du gouvernement », explique la porte-parole du gouvernement, après le recadrage de François Bayrou sur la question de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives.
Devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur a dénoncé l’antisémitisme « d'une extrême gauche très sectaire », après la publication par LFI d’une affiche polémique, figurant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels similaires à ceux des années 1930. « Qui, dans ce parti, s’est excusé ? », a-t-il lancé.
Le gouvernement précise sa position sur le texte du Sénat visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives. L’exécutif inscrira bien la proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Un recadrage, alors que les ministres des Sports et de l’Education nationale affirmaient que ce n’était pas une priorité.
Interrogé par le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le Premier ministre assure n’avoir fait part que de son « analyse », en jugeant dimanche qu’il n’était pas possible de revenir à un âge de départ de 62 ans. « Je suis sûr qu’elle est partagée sur beaucoup de bancs », estime-t-il.