Macron s’adresse lundi au Congrès à Versailles

Macron s’adresse lundi au Congrès à Versailles

Emmanuel Macron s'adressera au Parlement réuni en Congrès à Versailles lundi à 15 heures, la veille de la déclaration de...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Emmanuel Macron s'adressera au Parlement réuni en Congrès à Versailles lundi à 15 heures, la veille de la déclaration de politique générale d'Edouard Philippe devant l'Assemblée, une communication solennelle sur "les grandes orientations" du quinquennat qui devrait devenir annuelle.

Après quelques jours de suspense sur la date choisie, Emmanuel Macron a décidé de parler en premier, en dépit des critiques de parlementaires LR, UDI, FN et PS qui dénoncent une "humiliation" pour le Premier ministre et qui veulent, pour certains, boycotter l’événement.

En conséquence, a précisé son entourage, le président ne donnera pas d'interview télévisée le 14 juillet, rompant ainsi avec une tradition vieille de plus de 40 ans mise en place par Valéry Giscard d'Estaing.

Ce sera la troisième fois qu'un chef de l'Etat s'exprime devant le Congrès depuis la révision constitutionnelle de 2008 qui a autorisé cette forme d'intervention, jusqu'alors proscrite. Nicolas Sarkozy s'était exprimé en juin 2009 puis François Hollande juste après les attentats de Paris, le 16 novembre 2015.

Pour sa part, de Tallinn en Estonie où il est actuellement en déplacement, M. Philippe a estimé qu'il "y aura deux expressions à la fois parfaitement en ligne et en même temps complémentaires".

Emmanuel Macron, qui a informé au préalable de sa décision les présidents du Sénat et de l'Assemblée, Gérard Larcher et François de Rugy, veut même faire de cette allocution, jusqu'ici exceptionnelle, un rendez-vous annuel, à chaque anniversaire de son investiture, vers mai-juin, indique-t-on à l'Elysée, comme il l'avait déclaré pendant sa campagne.

"Le président de la République a pris un engagement devant les Français de réunir le Congrès une fois par an pour balayer un certain nombre de sujets", a aussi rappelé mercredi le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.

"Ce sera un discours sur l'état de la France, qui ressemble au discours sur l'état de l'Union des présidents américains", analyse Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique.

"De plus, cela se passe à Versailles, que Macron utilise pour la seconde fois après y avoir reçu Poutine, comme si l'Elysée était devenu trop petit pour affirmer une image présidentielle aussi forte que celle de Trump. C'est une logique de mondialisation de l'image du président français. Ce sont des images pensées pour l'international", ajoute-t-il.

"Et l'interview du 14 juillet ne fait plus l'événement: le président s'adresse au peuple et pas aux médias. Macron remplace une tradition française par une tradition américaine", selon M. Moreau-Chevrolet.

"Le président renoue avec une tradition de la Ve République", fait en revanche valoir l'Elysée.

- "Humiliation pour le parlement" -

Avant même 2008, "il était d'usage que le président, en début de mandature, s'adresse, sous forme d'un message lu par le Premier ministre, au nouveau Parlement", a dit M. Castaner en énumérant les précédents de Jacques Chirac, François Mitterrand, Georges Pompidou et Charles de Gaulle.

La décision présidentielle a toutefois suscité de nombreuses critiques à droite et à gauche, y compris chez les "constructifs".

Le patron des députés Nouvelle Gauche (ex-PS), Olivier Faure, a affirmé qu'Emmanuel Macron "renou(ait) avec la conception la plus archaïque de la Ve République", avec un "retour du pouvoir personnel". "Effacé, le Premier ministre, qui se voit condamné à jouer les répétiteurs le lendemain. Escamoté, le vote de confiance puisque le discours présidentiel ne peut faire l’objet d'aucun débat en sa présence, ni d'aucun vote", a-t-il écrit.

M. Macron "squeeze" le gouvernement, a renchéri le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, député du groupe "Les constructifs: Républicains, UDI, indépendants", qui n'ira pas à Versailles.

Thierry Solère, cheville ouvrière de ce groupe, a en revanche salué cette hypothèse, pas "contradictoire" avec le discours de politique générale du premier ministre.

Chez LR, Damien Abad a pointé une "humiliation pour le Parlement dans son ensemble".

Le vice-président du Front National Florian Philippot a twitté : "Macron réunit le Congrès pour rien. Juste pour sa communication personnelle et singer le président américain. Les Français méritent mieux".

Dans la même thématique

Macron s’adresse lundi au Congrès à Versailles
3min

Politique

Nouvelle loi immigration : Jean-Philippe Tanguy (RN) souhaite une « régularisation zéro des clandestins »

Invité de la matinale de Public Sénat, le député de la Somme, Jean-Philippe Tanguy a expliqué la position de son groupe sur la proposition du gouvernement de présenter un nouveau texte sur l’immigration au début de l’année 2025. Le député de la commission des finances a également détaillé la position de son groupe sur le vote du budget, sans évoquer précisément les amendements que son groupe défendra.

Le

Macron s’adresse lundi au Congrès à Versailles
5min

Politique

Budget : « C’est un semblant de justice fiscale, mais en réalité, ce sont les plus pauvres qui vont trinquer », selon le député PS Arthur Delaporte

Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».

Le

Macron s’adresse lundi au Congrès à Versailles
8min

Politique

Budget : « 2024 est une année noire pour les finances publiques », alerte Pierre Moscovici

Auditionné par le Sénat, le président du Haut conseil des finances publiques affirme que les hausses d’impôts prévues dans le budget 2025 ne sont pas de 20 milliards d’euros, comme le dit gouvernement, mais « de 30 milliards d’euros ». Un effort indispensable, insiste Pierre Moscovici : « Le poids de la dette permet-il encore d’agir ? Non. Quand vous avez ce niveau de dette, walou ! »

Le

Macron s’adresse lundi au Congrès à Versailles
4min

Politique

Propos de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin sur le budget : « Certains auraient avantage à se taire ! », tacle Claude Raynal

Ce vendredi, Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des finances du Sénat, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Hier soir, le budget pour l’année 2025 a été présenté par le gouvernement. Le sénateur est revenu sur les mesures du projet de loi de finances destinées à faire des économies et a assuré que Gabriel Attal et Gérald Darmanin « auraient avantage à se taire », en évoquant leur opposition à l’augmentation des impôts.

Le