Débats avec les élus puis jeudi avec des citoyens dans la Drôme: Emmanuel Macron s'approche d'une confrontation "inévitable" avec des "gilets jaunes", estime Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique, qui note aussi la "solitude totale" du président dans cette "séquence historique".
Q: Comment analysez-vous le fait que le chef de l'État s'invite pour la première fois à un débat citoyen ?
R: "Emmanuel Macron suit la politique des petits pas dans sa rencontre avec les +gilets jaunes+. Il rencontre d'abord les élus, puis des citoyens. Il teste les eaux avant une confrontation qui s'annonce inévitable avec les +gilets jaunes+. Pour l'instant, ceux-ci sont tenus à l'écart, derrière un cordon de CRS. Le président débat dans un environnement stérile en limitant sa prise de risque. Il n'a pas encore traversé le fossé invisible qui les sépare. Mais il s'en rapproche."
Q: Avez-vous été surpris de la courtoisie du débat avec les citoyens ?
R: "Il ne faut pas s'étonner que les citoyens s'apaisent à la vue du président. On est beaucoup moins agressif de près, quand on voit la personne, que de loin. On avait reproché par exemple à Jean-Luc Mélenchon (chef de file de la France insoumise) d'être très ou trop sympathique quand il avait croisé le président à Marseille (en septembre dernier). Mais c'est humain. Nous sommes faits comme ça."
Q: Y a-t-il un risque pour le président à s'exposer autant ?
R: "Dans la séquence historique que nous traversons, nous avons l'image saisissante d'un jeune président en bras de chemise qui affronte seul et à distance 50 à 80.000 +gilets jaunes+ mobilisés sur le terrain. Sa solitude est totale. C'est sur sa personnalité que se concentrent les attaques. Personne autour de lui ne semble avoir l'envergure suffisante pour l'aider. Et c'est un énorme problème pour lui à terme. Loin de l'aider, ses proches l'enfoncent. Ils sont en partie responsables, comme l'a montré l'affaire Benalla, de sa chute dans les sondages."
PROPOS recueillis par Laurence BENHAMOU