Laissant Edouard Philippe apparaître en première ligne sur le conflit des retraites, Emmanuel Macron s'affiche lui en ce début d'année sur ses autres priorités de 2020: le climat, l'attractivité de la France et la lutte contre le communautarisme, sans oublier les crises internationales.
Au 34e jour de la crise sociale, le dossier retraites a beau occuper l'essentiel du débat politique, il n'apparaît pas dans l'agenda public du chef de l'Etat pour cette semaine.
Après avoir demandé, en présentant ses voeux aux Français, qu'un "compromis rapide" soit trouvé par le gouvernement pour sortir du conflit, Emmanuel Macron agit en coulisse mais il n'a pas l'intention d'intervenir de nouveau publiquement. Du moins pas avant que le projet de loi ne soit voté par les députés en première lecture, soit d'ici le mois de mars.
Ce silence est regretté par son prédécesseur François Hollande. "Ce que les Français attendent, c'est la position du président de la République, puisque c'est lui qui a été élu. Donc, l'idée qu'il y aurait une forme de prise de distance ou de hauteur ne tient pas", a estimé l'ancien président socialiste mardi sur France Culture.
Tradition oblige, Emmanuel Macron s'exprimera surtout à l'occasion des cérémonies des voeux, qui vont se succéder: jeudi avec le Conseil constitutionnel et les autorités religieuses, le 15 avec la presse, et le lendemain avec les armées à Orléans.
Il aura par ailleurs l'occasion de réaffirmer ses priorités pour les six prochains mois, déjà esquissées dans son allocution du 31 décembre, au cours du séminaire gouvernemental du 15 janvier. Il s'agit d'"achever la réforme des retraites, de poursuivre les réformes visant à transformer la France, dont les premiers résultats sont perceptibles, et de s'assurer de la bonne mise en oeuvre de celles déjà adoptées", indique l'Elysée.
Politiquement, le premier semestre marque la période clé pour lancer les dernières lois dont l'effet est susceptible d'être perceptible avant la présidentielle de 2022, un rendez-vous vers lequel se tourne de plus en plus ostensiblement la majorité.
- verdir sa politique -
Désireux de faire de 2020 "l'année de l'engagement pour le climat", Emmanuel Macron compte beaucoup sur la Convention citoyenne, dont les 150 participants tirés au sort sont chargés de proposer des mesures contre le réchauffement. Il les rencontrera pour la première fois vendredi "à leur demande", selon son entourage, qui précise que l'objectif n'est "pas d'influencer les discussions" mais d'"échanger".
Le président pourrait de nouveau s'exprimer à l'issue des travaux de la Convention, désormais prévue en avril, soit un an après la fin du "grand débat" qui avait fait remonter la demande d'une plus grande démocratie participative.
A la fin janvier, Emmanuel Macron va également promouvoir l'attractivité économique de la France avant le traditionnel forum de Davos, avec l'objectif de prouver qu'elle ne pâtit pas du conflit social. Les 17 et 18, seront ainsi exposés 101 produits fabriqués en France (un par département) à l'Elysée.
Parmi les autres "grands enjeux de 2020", la lutte contre le communautarisme sera évoquée "avant les municipales" de mars. "Je prendrai de nouvelles décisions" contre "les forces qui minent l'unité nationale", a indiqué le chef de l'Etat le 31 décembre.
L'année s'annonce également chargée sur le plan international, ayant débuté avec la brusque poussée de fièvre entre l'Iran et les Etats-Unis, qui "préoccupe fortement" Paris. Emmanuel Macron a multiplié ces derniers jours les entretiens téléphoniques avec la plupart des acteurs de la crise, même si la France et l'Europe peinent à peser.
Paris joue en revanche un rôle central dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel, dont les cinq présidents seront réunis le 13 janvier à Pau autour de leur homologue français.
Emmanuel Macron est en outre attendu à la fin du mois en Israël, pour les célébrations du 75e anniversaire de la libération des camps, et il devrait reprendre sa tournée des pays européens en se rendant en Pologne en février.