Emmanuel Macron a annoncé mercredi qu'il voulait organiser "l'accompagnement vers le travail" de tous les exclus qui le peuvent, critiquant le RSA dont les dépenses ont depuis 10 ans "augmenté de 80%" alors que les dépenses d'accompagnement ont baissé de 40%.
Devant le congrès de la Mutualité à Montpellier, le chef de l'Etat, qui annoncera en juillet sa stratégie de lutte contre la pauvreté, a distingué "la grande exclusion, qui a besoin de soins humains" et "celles et ceux qui peuvent revenir vers le travail, qu'il faut accompagner et responsabiliser".
Il a dit assumer que cette politique allait de pair avec "un contrôle" pour éviter les cas de personnes "installées dans l'exclusion".
"Les plus fragiles souvent ne vont pas chercher les aides car ils ne savent pas, la fatigue, les morsures de la vie sont telles qu'on n'a pas le courage d'aller les chercher. Nous devons assumer sur ces vies les plus fragilisées, brisées, d'avoir un accompagnement social", a-t-il dit, prônant une meilleure reconnaissance du rôle des travailleurs sociaux.
"Il y a ensuite celles et ceux qui peuvent revenir vers le travail, mais que rien n'incite ni accompagne. Il nous faut à la fois accompagner et responsabiliser. Ceux qui étant aux minima sociaux, ne peuvent reprendre un emploi à temps plein pour des raisons familiales ou d'eux-même, pour lesquels aller vers quelques heures de travail, avec un accompagnement social, est la bonne réponse", a-t-il jugé.
Il a cité en exemple la Fondation Abbé Pierre ou certaines expérimentations locales.
Il faut "une réponse pas seulement monétaire, qui permet de retourner à la dignité par le travail, même si c'est un travail adapté pour les personnes en situation de handicap et qui le souhaitent, ou aménagé pour les plus fragiles", a-t-il poursuivi.
Cet accompagnement "va avec un contrôle, une responsabilisation, car des situations existent où des gens se sont installés dans une forme d'exclusion et y ont construit leur existence", selon lui.
"Nous devons les faire retourner vers le travail car ils en sont capables et par ce chemin ils aideront la collectivité à dépenser son argent vers les plus vulnérables. Nous devons assumer ce discours", a-t-il lancé, "car l'émancipation se construit par le travail".
"Nous avons créé un système qui s'est progressivement, pour ce qui est de l'État, déshumanisé", a ajouté le chef de l'État.
"Nous avons aujourd'hui 50% de celles et ceux qui sont au RSA qui, après quatre années, sont toujours au RSA", et "30% de femmes et d'hommes qui ne vont pas vers les prestations qui leur sont promises, parce qu'elles sont trop complexes ou stigmatisantes", a-t-il critiqué.