Macron veut « doubler les policiers sur le terrain d’ici 2030 » : pour la droite sénatoriale, une « annonce électoraliste » qui arrive trop tard

Macron veut « doubler les policiers sur le terrain d’ici 2030 » : pour la droite sénatoriale, une « annonce électoraliste » qui arrive trop tard

En déplacement à Nice autour du thème de la sécurité, Emmanuel Macron a réitéré son ambition de doubler le nombre de policiers présents sur le terrain d’ici la fin de la décennie. Un objectif qui devrait passer par des réformes structurelles, davantage que par des recrutements, indique la majorité sénatoriale, depuis longtemps mobilisée sur la question de la police et de la sécurité.
Romain David

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Emmanuel Macron veut reprendre la main sur le terrain de la sécurité, un dossier sur lequel l’opposition de droite attaque régulièrement son bilan. Ce lundi 10 janvier, à l’occasion d’un déplacement à Nice, un territoire historiquement à droite mais dont l’édile, Christian Estrosi, a annoncé son soutien à une candidature du chef de l’État pour 2022, Emmanuel Macron a réitéré sa promesse faite en septembre de « doubler les policiers sur le terrain d’ici 2030 ». Il annonce également une hausse de 15 milliards sur 5 ans du budget de la sécurité, via une « loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur » (Lopmi) qui sera présentée en Conseil des ministres en mars, mais qui ne pourra être votée avant la fin du mandat.

« Je veux bien que le gouvernement découvre quels sont les problèmes de la police à quatre mois de la fin du quinquennat, mais on attendait beaucoup plus, surtout en début de mandat », tacle auprès de Public Sénat le sénateur LR de Paris Philippe Dominati, membre de la commission des finances pour laquelle il a beaucoup travaillé sur les questions de sécurité. « On a vu défiler en cinq ans trois ministres à ce portefeuille, ce qui montre que le président ne l’a jamais estimé important. » Il dénonce ainsi une mesure électoraliste, « destinée à apporter du miel aux syndicats. »

Même son de cloche du côté de son collègue Marc-Philippe Daubresse, le vice-président LR de la commission sénatoriale des Lois. « C’est une annonce électorale qui ne tient pas compte de la réalité du terrain. Entre l’annonce des recrutements de policiers et l’arrivée sur le terrain, il se passe un certain nombre de temps. N’oublions pas qu’à l’issue du Beauvau de la sécurité, l’exécutif a décidé d’allonger le temps de formation (4 mois supplémentaires, soit 8 à 12 mois, ndlr). Le temps de présence des agents va donc forcément baisser », relève l’élu.

Augmentation de la masse salariale, et baisse de la présence sur le terrain

L’annonce d’Emmanuel Macron fait écho au constat édifiant que dresse la Cour des comptes dans un document publié cet automne. Selon les sages de la rue Cambon, malgré une hausse de la masse salariale de 21 % en dix ans, le taux de présence sur le terrain des effectifs policiers a diminué de 37 % sur le même laps de temps. En réaction, le gouvernement a annoncé en novembre la fin du système des « vacations fortes », plébiscitée par plusieurs organisations syndicales, et qui permettait aux policiers de récupérer plus facilement leurs horaires supplémentaires, avec seulement un week-end sur deux de travaillé contre cinq sur six précédemment.

« Gérald Darmanin vient d’annoncer la fin du système des vacations fortes. Maintenant, il faut bien le remplacer par quelque chose. Mais quoi ? On est dans le flou le plus total », déplore Philippe Dominati. Outre la création de 10 000 postes de forces de l’ordre sur l’ensemble du quinquennat, le déploiement de fonctionnaires supplémentaires dans les rues pourrait passer par une réforme des horaires et la suppression de certaines tâches annexes. Mais le sujet est d’autant plus délicat que le reliquat d’heures supplémentaires fait généralement partie des revendications portées lors des manifestations de policiers.

« On aurait voulu, sous ce quinquennat, qu’une ligne forte soit définie »

Pour Philippe Dominati, une réforme de cette ampleur aurait dû se construire sur la durée. « François Hollande avait répondu à la crise terroriste par l’argument des effectifs. Il avait eu à gérer l’événementiel, et au vu de la situation, il ne s’en est pas trop mal tiré. Quand vous avez un attentat tous les trois mois, vous n’avez pas le temps de réformer la mécanique. Mais, on aurait voulu, sous ce quinquennat, que les conclusions soient tirées, et une ligne forte définie. »

« Le redéploiement des agents devra être négocié avec les syndicats », note Marc-Philippe Daubresse. « Ce ne sera pas facile. Je pense que c’est toute la chaîne de commandement qui devrait être réorganisée. Il y a un problème de management global avec une multitude de staffs au niveau départemental et interrégional. »

« Il n’y a pas de vision d’ensemble », abonde Philippe Dominati. « C’est aussi un problème de réorganisation, de structures et de commandements », résume-t-il. Sur Twitter, Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, chargé de préparer les 100 jours pour la candidate Valérie Pécresse fustige lui aussi  le bilan du chef de l'Etat en matière de sécurité :

Emmanuel Macron a également annoncé ce lundi la création d’un organisme central pour lutter contre les points de deal, et la possibilité de recourir aux amendes forfaitaires délictuelles pour les délits qui prévoient une peine d’emprisonnement de moins d’un an. Il a également insisté sur la lutte contre les violences faites aux femmes, avec notamment la création d’un fichier des auteurs de violences intrafamiliales, le renforcement des effectifs dans les brigades spécialisées et du nombre de policiers dans les transports en commun.

» Lire aussi : « La sécurité s’est dégradée dans notre pays », déclare Gérard Larcher

 

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