Opération apaisement pour Emmanuel Macron: il reçoit mardi soir les députés de sa majorité qui espèrent une écoute et non des remontrances après...
Par Laurence BENHAMOU, Paul AUBRIAT et les journalistes du Parlement
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Opération apaisement pour Emmanuel Macron: il reçoit mardi soir les députés de sa majorité qui espèrent une écoute et non des remontrances après des tensions avec des élus, sur fond d'hostilité parfois violente contre la réforme des retraites.
Prévue à 20H, cette rencontre sera un "échange direct" entre le président et les députés LREM, MoDem et Agir, avec, pour l'heure, la présence annoncée d'un seul ministre, Marc Fesneau, chargé des Relations avec le Parlement.
Ce rendez-vous était, selon l'Elysée, programmé bien avant la "crise" autour du projet de loi sur le congé pour deuil d'enfant, qui a cristallisé un ressentiment d'une ampleur inédite depuis le début du quinquennat.
A l'Elysée, on affirme la nécessité du mot d'ordre "unité et cohésion" après ce "petit moment de tension ponctuelle et limitée".
Car l'appel d'Emmanuel Macron à faire preuve d'"humanité" a été perçu comme un reproche injuste par des élus LREM qui n'ont fait qu'appliquer la consigne gouvernementale de rejeter l'amendement allongeant ce congé de cinq à 12 jours.
Cet épisode a créé "un précédent dans les relations entre la majorité et l'exécutif", témoigne une élue. "Les cons", "fermer sa gueule", "ça a été un peu beaucoup". "Cela va laisser des traces assez durables dans le groupe", poursuit-elle.
Un membre du gouvernement reconnaît que les députés "ont eu le sentiment qu'on a sali leur honneur". "Ils avaient cru bien faire et ont donc très mal réagi au message du président", explique-t-il. Il souligne que ces reproches à l'encontre du chef de l'Etat sont "une première en deux ans et demi de mandat".
Selon lui, "la réunion de mardi doit être un moment important de réarrimage" entre des élus qui se sentent souvent délaissés et un président qu'ils trouvent trop peu accessible.
- "Abcès" -
Muriel Pénicaud et Edouard Philippe en juin 2019
AFP/Archives
Ce n'est que la troisième fois depuis le début du quinquennat que le chef de l'Etat les convie à l'Elysée.
"Les échanges avec le président, nous n’en avons pas beaucoup. Ils sont utiles et rares", a souligné le député LREM Laurent Saint-Martin lundi sur LCP.
"Il y a besoin de rapprocher les points de vue, de discuter, de percer peut-être des abcès qui se sont créés à cause de maladresses de chaque côté", a pour sa part estimé la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault.
Les élus Marcheurs recherchent d'autant plus l'appui de leur chef que les municipales s'annoncent difficiles et qu'ils subissent, en première ligne, une opposition souvent féroce en défendant sa politique.
Le contexte n'est "pas facile" pour la majorité: "on est dans le dur, au milieu du quinquennat, avec une réforme des retraites casse-gueule". S'ajoute "un contexte de violences contre les députés", dit une marcheuse.
Cibles d'un sentiment anti-Macron depuis les "gilets jaunes", qui est exacerbé par la réforme des retraites, plusieurs d'entre eux ont subi des insultes, des dégradations de leur permanence voire des agressions. A l'image de la députée LREM de Seine-et-Marne Michèle Peyron, qui a raconté fin janvier dans l'hémicycle avoir subi une agression verbale lors d'une cérémonie de voeux.
- "Câlinothérapie" -
Mais si l'invitation à l'Elysée aura une part de "câlinothérapie", comme l'a reconnu Jacqueline Gourault, elle peut aussi s’accompagner d'un rappel à la discipline. Le chef de l'Etat n'aime ni les dissensions, ni les reproches, ni les plaintes de ces nouveaux élus qui lui doivent tout, estime un observateur.
Lors d'une réunion similaire en septembre, Emmanuel Macron les avait tancés sans ménagement et leur reprochant de ne pas aller suffisamment sur le terrain. Et sur le fond, il leur avait demandé de regarder le sujet de l'immigration "en face". Un ton durci qui avait mis mal à l'aise des Marcheurs issus de la gauche.
Les élus craignent un peu d'être à nouveau sermonnés. "Le discours peut ne pas être bien reçu. En septembre ça avait été deux minutes de câlinothérapie et trois quarts d'heure à nous houspiller", selon un parlementaire.
Un cadre LREM confirme: "Emmanuel Macron aura sans doute un message sur les départs du groupe -- dont plusieurs élus ont récemment claqué la porte -- et un volet discipline: +n'oubliez pas d'où vous venez, comment vous êtes devenus députés et où la division mène+. Mardi soir il va remettre les choses en ordre de marche".
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