Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
Macron veut une Europe capable de jouer dans la cour des grands
Par Public Sénat
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Prenant acte du désengagement américain, Emmanuel Macron a appelé lundi à "redoubler les efforts" pour construire une Europe forte et autonome, capable de faire jeu égal avec Washington et Pékin.
"Les extrêmes ont progressé et les nationalismes se sont réveillés. Est-ce une raison pour abandonner ? Certainement pas (...). Il faut en réalité redoubler nos efforts", ", a déclaré le président français en présentant sa feuille de route diplomatique aux ambassadeurs français.
"Ce combat européen ne fait que commencer, il sera long, il sera difficile, il sera au centre de l'action de la France tout au long de mon mandat" car "nous sommes au milieu d'une crise européenne", a-t-il déclaré.
Sept mois avant les élections européennes, le président français se heurte à une vague nationaliste, de l'Italie à la Hongrie, qui affaiblit son ambition de refonder l'Union européenne.
Repartant à l'offensive, à la veille d'une visite de trois jours au Danemark et en Finlande, il proposera de nouvelles initiatives pour doter l'Europe d'une défense autonome car "elle ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls Etats-Unis". "C'est à nous de garantir la sécurité européenne", a-t-il lancé, en se disant favorable à des discussions avec la Russie.
"Je ne crois pas que la Chine et les Etats-Unis pensent que l'Europe a une autonomie comparable à la leur. Si nous ne parvenons pas à construire cela, nous nous préparons des lendemains moroses", a averti le chef de l'Etat.
Revenant sur les dissensions entre les 27, il a martelé que la seule manière de maîtriser les flux migratoires passait par une politique européenne coordonnée. Il a aussi critiqué l'Italie et la Hongrie, des "opportunistes" de l'Europe qui profitent de ses subventions mais en refusent les contraintes.
"Ce qui arrive en Italie nous l'avons produit politiquement par notre absence de solidarité (...) Est-ce que cela excuse les discours xénophobes, les facilités ? Je ne le crois et je crois d'ailleurs que ces mêmes xénophobes n'apportent aucune solution au mal qu'ils dénoncent", a-t-il lâché à l'adresse du gouvernement italien.
L'UE doit aussi selon lui réussir à s'intégrer davantage dans tous les domaines -- fiscal, social, financier - quitte à créer une Europe "à plusieurs cercles".
Sur tous ces dossiers, "Emmanuel Macron a besoin de résultats et pas seulement d'ambitions, pour arriver armé aux élections européennes" en mai 2019, a souligné Manuel Lafont-Rapnouil, de l'institut de recherches European Council on Foreign Relations.
- Réforme du G7 -
L'autonomie stratégique permettrait "à la France et l'Europe de jouer un rôle historique pour une refondation de l'ordre mondial", a esquissé le président français.
Cette refondation apparaît selon lui plus que jamais nécessaire devant le repli nationaliste orchestré par le président américain Donald Trump qui menace de remettre en cause des alliances datant de 1945 et a engagé des guerres commerciales tous azimuts.
Emmanuel Macron a ainsi proposé que le G7, dont la France assurera la présidence en 2019, ouvre un dialogue avec la Chine, l'Inde et l'Afrique, pour sortir du "théâtre d'ombres" du dernier sommet, torpillé par Donald Trump.
Le président français souhaite aussi une réforme de l'Organisation mondiale du commerce par des discussions entre Europe, Japon, Etats-Unis et Chine. Il a invité leurs représentants à tenir une première réunion sur le sujet en marge du Forum sur la paix que Paris organisera le 11 novembre.
Emmanuel Macron a aussi insisté sur la nécessite de stabiliser la situation en Syrie et en Libye. En Syrie, il a appelé à "renforcer encore la pression sur le régime et ses alliés" pour une solution politique au conflit et jugé "alarmante" la situation dans la région d'Idleb où selon lui Damas "menace de créer une nouvelle crise humanitaire". En Libye, il s'est dit décidé à faire avancer l'accord de Paris qui prévoit des élections en décembre.
Le président français a aussi enjoint ses ambassadeurs à se battre pour "les biens communs", en menant une "diplomatie environnementale" et à combattre pour l'éducation, notamment celle des jeunes filles en Afrique.
Enfin, revenant sur les relations difficiles avec la Turquie et la Russie, il a souhaité "construire un partenariat stratégique" pour les arrimer à l'Europe.