Macron veut une Légion d’honneur plus sélective
Opposé aux décorations par "copinage" ou "à l'usure", Emmanuel Macron a décidé de réduire fortement le nombre de Légion d'honneur attribuées...

Macron veut une Légion d’honneur plus sélective

Opposé aux décorations par "copinage" ou "à l'usure", Emmanuel Macron a décidé de réduire fortement le nombre de Légion d'honneur attribuées...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Opposé aux décorations par "copinage" ou "à l'usure", Emmanuel Macron a décidé de réduire fortement le nombre de Légion d'honneur attribuées sous son quinquennat et de rajeunir les prochaines promotions, qu'il souhaite voir ressembler davantage à la société française.

Le chef de l’État veut "retrouver l'esprit" de la Légion d'honneur, plus haute distinction française, créée en 1802 par Napoléon Bonaparte, en choisissant dès 2018 de manière plus sélective les "plus méritants", a précisé jeudi le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner.

Pour la période 2018-2020, le nombre de décorés civils sera ainsi réduit de 50%, celui des décorés militaires de 10% et celui des étrangers de 25%. Jusqu'ici, chaque année 3.000 personnes étaient décorées, un tiers à titre militaire et deux tiers à titre civil. La décision du chef de l’État fera donc mathématiquement passer le nombre des récipiendaires à moins de 2.000, soit environ 1.000 décorés de moins par an.

La Légion d'honneur
La Légion d'honneur
AFP

Remise au nom du chef de l’État - grand maître de l'ordre - pour récompenser les citoyens les plus méritants dans tous les domaines, le plus souvent sur proposition des ministres ou du président, la Légion d'honneur compte quelque 92.000 membres vivants.

Emmanuel Macron marche dans les pas de Nicolas Sarkozy qui avait déjà bouleversé les procédures de nomination à son arrivée à l’Élysée: il avait ainsi instauré une stricte parité hommes/femmes dans les promotions, la possibilité d'une "initiative citoyenne" permettant à 50 personnes de présenter un nom et reconnu le bénévolat. L'ancien président avait aussi institué l'habitude de remettre la croix de chevalier de la Légion d'honneur à des militaires tués au combat.

"On n'a pas la Légion d'honneur à l'usure" ou "par copinage", a lancé M. Castaner lors du compte-rendu du Conseil des ministres.

Emmanuel Macron veut le "respect plus strict des critères d'attribution et de ses valeurs fondamentales": "seul le mérite doit être salué, pas la notoriété ou le service classique" d'une fonction, a poursuivi M. Castaner, rappelant que le prestigieux ruban récompense souvent des fins de carrière classiques plutôt que des mérites exceptionnels. Il est aussi régulièrement remis à des stars ou des champions sportifs.

"Dans l'attribution, l'habitude est une domination des mâles blancs de plus de 60 ans", a critiqué M. Castaner, même si l'âge des récompensés s'explique aussi par la nécessité de démontrer 25 ans de service.

Emmanuel Macron souhaite également féminiser davantage les effectifs, par exemple en récompensant des jeunes femmes engagées dans l'associatif. Pour ce chef de l’État attaché aux symboles régaliens, "redonner du sens" à cette décoration n'est "pas un sujet accessoire", selon le porte-parole.

Déjà, la promotion du 14 juillet, première du quinquennat, avait été limitée à 101 noms contre 500 à 600 habituellement, reflétant la volonté d'Emmannuel Macron de limiter les effectifs.

La question se pose aussi de retirer la décoration à ceux qui auraient manqué à l'honneur. Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière avoir entrepris des démarches pour retirer sa décoration au producteur américain Harvey Weinstein, accusé de viols.

Interrogé sur l'éventualité de faire retirer sa décoration au dictateur syrien Bachar el-Assad -l'un des nombreux chefs d'État étrangers honorés - M. Castaner a répondu que la Chancellerie "pouvait entendre" cette demande qu'il juge "légitime".

Hors promotion spéciale, la Légion d'honneur est attribuée trois fois par an (1er janvier, Pâques, 14 juillet) et ne s'accompagne d'aucun avantage matériel ou financier. Napoléon Bonaparte assurait que "c'est avec les hochets qu'on mène les hommes", mais plus d'un a refusé le ruban rouge, de La Fayette à Jean-Paul Sartre, de Marie Curie à Brigitte Bardot. Thomas Piketty avait déclaré en la refusant que ce n'est "pas le rôle d'un gouvernement de décider qui est honorable".

Dans la même thématique

Macron veut une Légion d’honneur plus sélective
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Macron veut une Légion d’honneur plus sélective
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le

SIPA_01204192_000001
6min

Politique

Olivier Faure à la tête du PS : « Ce que va montrer le congrès de Nancy, c’est la faiblesse du parti »

Après sa réélection de justesse à la tête du PS, le plus dur commence pour Olivier Faure. Le premier secrétaire va avoir la lourde tâche d’unir un parti divisé, de conserver ses principaux bastions socialistes aux prochaines municipales ou encore de fixer une stratégie pour une candidature crédible à la prochaine présidentielle. Analyse du politiste Pierre-Nicolas Baudot et de l’historien, Alain Bergougnioux.

Le