Majorité présidentielle: les sénateurs PS dans l’expectative
En réunion de groupe, ce mardi, la plupart des sénateurs socialistes ont peiné à se positionner vis-à-vis de La République en marche et préfèrent attendre l’issue des législatives et le discours de politique général du Premier ministre, pour prendre une position définitive.

Majorité présidentielle: les sénateurs PS dans l’expectative

En réunion de groupe, ce mardi, la plupart des sénateurs socialistes ont peiné à se positionner vis-à-vis de La République en marche et préfèrent attendre l’issue des législatives et le discours de politique général du Premier ministre, pour prendre une position définitive.
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À l’approche des législatives, au groupe PS du Sénat, il semble urgent d’attendre avant de parler d’une même voix. D’abord, attendre le visage que pendra la nouvelle Assemblée nationale dans quelques semaines. Puis, attendre le discours de politique générale du Premier ministre. Et enfin, attendre le contenu du projet de loi d’habilitation indispensable au gouvernement s’il veut modifier le droit du travail par ordonnances. Un climat d’incertitude qui a pesé sur l’atmosphère de la réunion de groupe, ce mardi. « Macron ne nous facilite vraiment pas la vie. Il met un de ses candidats face au candidat PS dans ma circonscription. Et il ne met personne face au candidat de Xavier Bertrand à Saint Quentin » lâche à la sortie, un sénateur passablement excédé.

« Qui a deux maisons perd la raison »

Que dire aussi de Luc Carvounas, sénateur-maire d’Alfortville, et candidat à la députation qui réaffirme ouvertement son opposition à la ligne soutenue par Didier Guillaume, le président du groupe socialiste. Ce dernier avait affirmé la semaine dernière qu’il souhaitait « que les socialistes soient dans (la) majorité présidentielle ». « C’est totalement destructeur par rapport à la campagne que nous devons mener » a répliqué, une nouvelle fois, M. Carvounas, par ailleurs, porte-parole national du PS pour les législatives (voir notre article). « Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que moi qui suis candidat à l’élection législative, avec la bannière PS, dans la 9e circonscription du Val-de-Marne… qu’il faut voter pour le candidat d’En Marche qui est contre moi ? Donc, qui a deux maisons perd la raison » a-t-il mis en garde.

« Le groupe pour le moment n’est pas divisé » assure Didier Guillaume

De là à dire que les sénateurs socialistes sont divisés sur la position à tenir vis-à-vis de La République en marche, il n’y a qu’un pas, que Didier Guillaume refuse de franchir officiellement. « Le groupe n’est pas divisé (…) Il y a des expressions différentes, c’est bien évident. Mais le groupe pour le moment n’est pas divisé. Il devra se positionner le moment venu (…) On est quand même dans une situation qui est difficile, il y a eu une explosion de la vie politique et les sénateurs socialistes s’interrogent sur la meilleure position dans l’intérêt de nos territoires et dans l’intérêt de la France ».

« On est socialiste ou on est En Marche, ce sont deux appareils politiques concurrents »

En attendant, certains ont déjà fait leur choix. Comme par exemple la sénatrice Marie-Noëlle  Lienemann à l’aile gauche du parti. Interrogée par l’AFP, elle reproche à Didier Guillaume de « s’asseoir purement et simplement sur les positions du PS ». « Des collègues fidèles au PS et qui n’ont pas l’intention d’aller à En Marche vivent très mal la situation » a-t-elle affirmé. Un état d’esprit que Jérôme Durain, sénateur de la Saône-et-Loire et soutien d'Arnaud Montebourg lors de la primaire, a confirmé cet après-midi. « Il y a ceux qui considèrent que la dilution du parti socialiste dans le macronisme est inéluctable… Et d’autres pensent, comme moi, qu’être de droite ou de gauche, ce n’est pas la même chose (…) On est socialiste ou on est En Marche, ce sont deux appareils politiques concurrents et on voit bien qu’il faut choisir » a-t-il tranché cet après-midi (voir la vidéo)

Jérôme Durain: "On est socialiste ou on est En Marche, ce sont deux appareils politiques concurrents"
00:36

« La Pentecôte c’est bientôt, on sera peut-être éclairé »

D’autres, la vivent mieux, la situation. C’est le cas de Daniel Raoul, sénateur socialiste de Maine-et-Loire. « Il faudra reposer le  problème à la base et clarifier. Ce qu’on n’a pas réussi à faire après 10 ans de synthèse molle. Il va falloir choisir. Il y aura une majorité, ceux qui ne sont pas sur la ligne de cette majorité, les frondeurs l’aile gauche…. prendront leurs responsabilités » sous entendu, doivent quitter le PS. Et en ce qui concerne l’avenir du PS ? « La Pentecôte c’est bientôt, on sera peut-être éclairé » plaisante-il avant de préciser son souhait : « une social-démocratie assumée ».

« Ce jeune Président en avait pour 10 ans »

Parmi les candidats investis par le PS, certains comme les anciennes ministres Marisol Touraine et Myriam El Khomri, ont fait le choix d’afficher clairement leur ralliement à la majorité présidentielle et à Emmanuel Macron. « Ils anticipent » note la sénatrice Bariza Khiari déléguée nationale LREM. Et quant à savoir si le nouvel exécutif pourrait avoir besoin de ces nouveaux frondeurs du PS pour constituer une majorité, la sénatrice balaye : « Il y aura une majorité absolue ou sinon il y aura des majorités de projets sur un texte ou un autre. Les gens sont intelligents. Ils ont senti que ce jeune Président en avait pour 10 ans et qu’ils avaient intérêt à en être ». En ce qui concerne l'ancienne ministre de la Santé, la Fédération du parti socialiste d'Indre-et-Loire a saisi ce mardi la commission des conflits du PS en vue d'une sanction pouvant aller jusqu'à l'exclusion du parti.

Ni Bariza Khiari, ni François Patriat, autre fidèle de la première heure d’Emmanuel Macron, n’ont souhaité s’exprimer sur l’hypothèse d’un futur groupe République En Marche au Sénat, la question est renvoyée après les législatives. Attendre, encore…

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