Malgré un sursaut, le FN ne fera pas l’économie d’un débat
Huit députés élus contre des dizaines espérés il y a peu: le Front national ne fera pas l'économie d'un débat malgré un sursaut...

Malgré un sursaut, le FN ne fera pas l’économie d’un débat

Huit députés élus contre des dizaines espérés il y a peu: le Front national ne fera pas l'économie d'un débat malgré un sursaut...
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Par Guillaume DAUDIN

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Huit députés élus contre des dizaines espérés il y a peu: le Front national ne fera pas l'économie d'un débat malgré un sursaut au second tour des législatives, certains ténors analysant déjà les résultats à l'aune des divergences de ligne internes.

Marine Le Pen a vu lundi matin un résultat "historique" dans l'élection de huit députés FN en duel --un record pour le parti au scrutin majoritaire-- et affirmé son espoir de constituer "au cours des prochains mois" un groupe parlementaire, le seuil requis étant de 15. Visés, Nicolas Dupont-Aignan, réélu en Essonne, peut-être l'ex-FN Jacques Bompard, réélu dans le Vaucluse, mais aussi les députés "indépendants" et à droite de LR, selon Louis Aliot.

Ces prochains mois, Mme Le Pen l'a concédé, seront aussi dominés au FN par le débat sur la "refondation" du parti promise au second tour de la présidentielle.

Marine Le Pen, "agacée" par "les prises de bec" dans ses rangs pendant les législatives, a "exigé" de ses troupes "courtoisie" et "camaraderie" dans ces débats. Au menu, un "séminaire" éventuel à l'été et un congrès, début 2018.

Pour commencer, mardi, un bureau politique frontiste se tiendra au siège du parti à Nanterre auquel Jean-Marie Le Pen, exclu du FN mais rétabli comme président d'honneur par décision de justice, devrait s'inviter.

Certains élus veulent porter le débat sur le fond de la ligne de Marine Le Pen et de Florian Philippot, qu'ils estiment avoir été un repoussoir pour l'électorat de droite, dans le Sud de la France, même si Gilbert Collard (Gard), Louis Aliot (Pyrénées-Orientales) et Emmanuelle Ménard (Hérault) ont été élus, au contraire des partisans du vice-président du FN au Nord et à l'Est.

- La forme plutôt que le fond? -

"Le Front national a pris un sacré coup dans la tête", a tonné dès dimanche soir M. Collard, jugeant "pas concevable" d'avoir eu "tant de difficultés dans le Gard".

"Le débat est simple: est-ce que Marine Le Pen va prendre en considération le message interne, à savoir que des gens comme moi s'opposent à la sortie de l'euro, aux 35 heures, à la retraite à 60 ans, au maintien de l'ISF (ndlr: défendus par le FN), et qu'il faut réorienter ces sujets afin de pas nous voir partir ?" demande Marc-Étienne Lansade, maire FN de Cogolin (Var), interrogé par l'AFP.

Certains dirigeants plaident pour une solution intermédiaire, reléguer au second plan la sortie de l'euro, sans l'abandonner formellement. "Le risque identitaire" est "vital", "le risque monétaire n'est que matériel...", a par exemple hiérarchisé sur Twitter Jean Messiha, coordinateur du projet présidentiel FN battu dans l'Aisne.

De l'avis général, Marine Le Pen a la main: elle l'a emporté, tout comme quatre autres députés dans le bassin minier autour de sa circonscription d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Avec ce bon résultat, "le risque, c'est que rien ne change sur la ligne", s'inquiète un conseiller régional FN.

Alors que la légitimité de la présidente FN avait été écornée après un second tour de la présidentielle décevant (notamment le débat "raté" face à Emmanuel Macron), "elle sauve sa peau", abonde un observateur avisé du FN. Au "risque que le FN se +parti-communise+ et devienne le parti du bassin minier, cornérisé" au niveau national mais satisfait d'être "fort dans certaines poches du territoire", remarque-t-il.

Face à ceux qui prônent une réorientation à droite, Marine Le Pen ne compte pas évoluer, d'après un très proche: "Elle veut rester sur cette ligne ni droite ni gauche. S'il faut taper du poing sur la table, elle le fera".

Même si elle a promis qu'il n'y avait pas de sujet "tabou", reste donc, à défaut d'un éventuel débat de fond qui pourrait être tué dans l’œuf, les modalités d'une "refondation" de forme, plus propice au consensus: nouveau nom, nouvelle organisation, voire nouvelles têtes. "Le FN, c'est un trop gros mammouth, une trop grosses machine, une organisation datée", plaide un dirigeant.

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