Jean-Jacques Bridey, président de la commission de la Défense de l'Assemblée, a estimé lundi que le "pouvoir actuel" malien "n'est pas à la hauteur des enjeux", au lendemain d'une attaque contre des soldats français de l'opération Barkhane à Gao.
"Je pense le pouvoir actuel n'est pas à la hauteur des enjeux et de la gravité de la situation. Il faut ouvrir les yeux", a déclaré le député du Val-de-Marne sur RFI. "Il n'y a pas assez d'actions fortes de la part du pouvoir", a-t-il insisté.
Quatre soldats français de la force Barkhane ont été blessés dimanche selon l'état-major français des armées. Selon les autorités maliennes, l'attaque a fait quatre morts et 23 blessés parmi des civils.
Un attentat a également frappé vendredi après-midi le QG de la force antijihadiste du G5 Sahel à Sévaré, et fait trois morts, dont deux militaires maliens. Deux des assaillants sont également morts, dont un kamikaze à bord d'une voiture piégée. Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a revendiqué l'attentat.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a promis samedi de "traquer les terroristes jusque dans leurs derniers retranchements".
Emmanuel Macron sera de lundi à mercredi en Afrique, d'abord en Mauritanie pour participer au sommet de l'Union africaine (UA), puis au Nigeria. En marge du sommet de l'UA, il doit rencontrer à Nouakchott ses homologues du G5 Sahel, une organisation régionale regroupant le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad.
"Il y a beaucoup de pays qui sont au côté du Mali, au côté de la population malienne, pour sortir de cette instabilité sécuritaire, mais il faut aussi qu'il y ait une visibilité dans la situation politique et aujourd'hui ce n'est pas le cas", a jugé M. Bridey.
"Nous sommes à 4 semaines d'élections présidentielle (au Mali, NDLR), on ne sait toujours pas si ce scrutin pourra se tenir", a regretté le député de la majorité et "j'ai l'impression qu'il n'y a pas une véritable volonté de tenir ces élections présidentielles de la part du pouvoir malien".
"C'est très préoccupant, il faut à tout prix qu'il y ait ressaisissement. Je pense que le déplacement du président Emmanuel Macron aujourd'hui (lundi) fera passer des messages allant dans ce sens", a-t-il jugé.