Manifestation de sans papiers devant le Sénat : « Nous ne sommes pas des invisibles »
Mardi 7 novembre, plusieurs centaines de travailleurs sans papiers ont manifesté devant le Sénat. Ils espèrent influencer le débat sur le projet de loi immigration. L’examen de l’article 3 sur la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension, dont les sénateurs LR ne veulent pas, est repoussé de quelques heures.
Voilà plus de trois semaines qu’ils sont en grève pour obtenir leur régularisation. Et ils sont venus le dire haut et fort devant le Sénat. En plein examen du projet de loi immigration, plusieurs centaines de salariés en situation irrégulière veulent faire passer un message à la Haute Assemblée. Et plus particulièrement à la droite sénatoriale, qui veut supprimer l’article 3 sur la régularisation des travailleurs en situation irrégulière dans les métiers en tension. « Nous ne sommes pas des invisibles, c’est le gouvernement qui ne veut pas nous voir. Le travail que les Français ne veulent pas faire, c’est nous qui le faisons » raconte Harouna Dioum, un cariste qui vit en France depuis 2011.
« Mon grand-père a tout donné pour la France »
Ils sont éboueurs, agents de nettoyage, cuisiniers, livreurs. En tout, 650 salariés sans papiers ont cessé le travail le 17 octobre en Ile-de-France à l’appel de la CGT, pour obtenir un titre de séjour français. Employé dans la logistique, Daouda Sy ne comprend pas l’opposition de la droite sénatoriale aux régularisations. « Ceux qui sont là travaillent, participent à la richesse de la France, ils cotisent, mais n’ont pas droit à la sécurité sociale. C’est comme du mépris, on les ignore » s’indigne le jeune homme originaire de Mauritanie. Un peu plus loin, un gréviste brandit un portrait de son grand-père, tirailleur sénégalais. « Mon grand-père a donné tout ce qu’il faut pour la France, la France aussi doit nous le rendre », estime Ibrahima Sall.
« Il faut que la droite sénatoriale arrête ses fantasmes sur l’immigration »
Samia Dechir, Adrien Pain
Mégaphone à la main, Gérard Ré donne de la voix devant le camion de la CGT, espérant être entendu à l’intérieur du Sénat. Même s’il le juge encore insuffisant, le syndicat se bat pour le maintien de l’article 3 dans le projet de loi immigration. « Il faut que la droite sénatoriale arrête ses fantasmes sur l’immigration. Lorsqu’ils vont manger dans certains restaurants, il faut qu’ils se disent que ceux qui font la cuisine ou la plonge sont pour la plupart des travailleurs immigrés, et pour certains d’entre eux des travailleurs sans papiers, donc il faut qu’ils se rendent à la raison », espère le secrétaire confédéral de la CGT en charge de l’activité « migrants ». Mais la droite sénatoriale en a fait une ligne rouge : elle ne votera pas le texte si la régularisation des travailleurs sans papiers y figure.
A revoir sur ce sujet, notre reportage sur la situation des employeurs et des salariés dans les métiers en tension :
Jeudi soir, dans le cadre de l’examen du budget 2024, le Sénat a rejeté les crédits, pourtant en hausse, de l’audiovisuel public. Les élus de la chambre haute attendent toujours plus de visibilité sur le financement de l’audiovisuel depuis la suppression de la redevance.
Alors que la Nupes s’est décomposée durant les dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon a acté, samedi 2 décembre, la fin de la Nupes. Cet été, l’idée d’une liste commune entre les partis de la Nupes pour les élections européennes de juin 2024 avait déjà commencé à fracturer l’alliance, en particulier chez les écologistes. En juillet 2023, le parti de Marine Tondelier, habitué aux bons résultats lors des scrutins européens, désigne Marie Toussaint tête de liste pour les élections européennes. « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense » Si les écologistes rejettent l’idée d’une liste commune à gauche, la députée européenne Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche ». Pour rappel, une liste ne peut élire des députés au Parlement européen uniquement si elle dépasse un seuil de 5 %. « Je pense que l’on a des combats essentiels à mener, c’est ce qui doit concentrer toute notre attention », juge Marie Toussaint qui estime que le combat doit être mené contre les partis nationalistes qui continuent de progresser au sein de l’Union européenne. En proposant ce pacte de non-agression, Marie Toussaint rappelle qu’elle souhaite orienter sa campagne autour de « la douceur ». Une approche qui suscite l’étonnement, ou l’incompréhension, notamment après le meeting de lancement de la campagne. Ce 2 décembre, la tête de liste écologiste avait convié un groupe de danseuses pratiquant la « booty-therapy », une danse permettant de « s’assumer ». « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense », justifie Marie Toussaint qui assume vouloir mener une campagne « sensible ». « La douceur, dans un monde meurtri par la violence politique et sociale, est un horizon de sauvegarde, c’est un objet de combativité », développe Marie Toussaint pour laquelle cette approche peut être payante. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes » Alors que les négociations de la COP 28 se déroulent actuellement à Dubaï avec un nombre record de lobbyistes présents. Selon Marie Toussaint, que cela soit durant les négociations internationales ou au sein des institutions européennes, les lobbys, notamment pétroliers, doivent être écartés des espaces de discussions. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes », développe Marie Toussaint alors que les groupes d’intérêts occupent une place importante dans le processus législatif européen. Outre le lobby des énergies fossiles, la tête de liste écologiste prend également pour cible la fédération des chasseurs et son président Willy Schraen qui mènera une liste aux élections européennes. Accusée par ce dernier de prôner une écologie déconnectée, Marie Toussaint a, de nouveau, proposé d’organiser un débat avec Willy Schraen afin de « vérifier qui est du côté de l’agro-industrie et qui est du côté des paysans ». Marie Toussaint fustige notamment l’hypocrisie du patron des chasseurs considérant que ce dernier défend « une vision de l’agriculture sans paysans ».
Coup dur pour le groupe LR du Sénat. Sa proposition de loi constitutionnelle a été rabotée en commission des lois. Ses alliés centristes ont rejeté les deux articles phares de ce texte, à savoir la possibilité de déroger au droit européen en matière d’immigration et l’élargissement du champ du référendum à cette question.
Un rapport remis lundi au gouvernement balaye l’hypothèse d’une suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME), tout en préconisant une réforme du dispositif. Cette étude prend toutefois ses distances avec le chemin tracé par la majorité sénatoriale, qui a fait disparaître l’AME lors de l’examen du projet de loi immigration en novembre, pour lui substituer une aide d’urgence.