« Irresponsable et antirépublicain », c’est par ces mots que l’ancienne ministre Corinne Lepage a accueilli l’organisation d’un rassemblement pro-Fillon ce dimanche au Trocadéro, présenté par Valeurs Actuelles comme un « rassemblement contre le coup d’État des juges ».
Comme d’autres utilisateurs de Twitter, la présidente de CAP21 a fait la comparaison avec la manifestation antiparlementariste du 6 février 1934, celle qui avait viré à l’émeute sur la place de la Concorde.
Pour l’historien Jean Garrigues, spécialiste de la vie parlementaire et d’histoire politique, « il y a un peu d’exagération dans cette comparaison ». Le cadre historique est « tout à fait différent », corrige l’universitaire. Dans le premier cas, celui du 6 février 1934, ce sont des ligues d’extrême droite, certains monarchistes comme l’Action française, qui s’attaquent au régime politique. Dans le second, il s’agit d’une droite modérée, qui veut protester « contre l’injustice faite à François Fillon ».
« Thématique très dangereuse pour la démocratie »
En revanche, les deux événements pourraient se rejoindre sur un point. Pour Jean Garrigues, « s’il y avait un parallèle à faire, ce serait par rapport à ce thème de l’anti-système, qui est devenu une sorte de leitmotiv de la campagne, un leitmotiv extrêmement populiste : opposer le peuple à des élites. »
« C’est une thématique revient de plus en plus, elle très dangereuse pour la démocratie », conclut-il.
Jean Garrigues : « L’anti-système est devenu une sorte de leitmotiv de la campagne »
« François Fillon n’est pas le Général De Gaulle »
Plus récent dans l’histoire : la grande manifestation sur les Champs-Élysées des partisans de De Gaulle le 30 mai 1968, en soutien au gouvernement gaulliste. Là aussi, toute analogie serait hasardeuse. « Il est certain que dans la tonalité de cet appel à manifester dimanche, François Fillon s’est peut-être vu comme un nouveau De Gaulle au lendemain des événements de 68 et lorsque ses partisans appellent à manifester pour remettre le Général De Gaulle en majesté », analyse Jean Garrigues.
Jean Garrigues : « François Fillon n’est pas le Général De Gaulle »
« Là aussi, je pense qu’il faut raison garder, on n’est pas du tout dans la même conjoncture historique : la Ve République n’est pas en danger, François Fillon n’est pas le Général De Gaulle. Je pense que la manifestation de dimanche n’aura pas le même rayonnement que 1968. »