Convoi de l’eau : un final a Paris

Manifestations contre les mégabassines : deux sénateurs écologistes seront sur place

Le ministre de l’Intérieur a annoncé l’arrivée de 6 à 8 000 manifestants ce week-end dans les Deux Sèvres et la Vienne contre les projets de retenue d’eau pour l’agriculture. Un an après les affrontements autour du chantier de la mégabassine de Sainte-Soline, les opérations de maintien de l’ordre vont être scrutées de près, notamment par les élus écologistes dont certains se rendront sur place.
Simon Barbarit

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A partir de ce mardi et jusqu’à dimanche des milliers de personnes sont attendues « au village de l’eau », campement établi à Melle (Deux-Sèvres), à 15 km seulement de Sainte-Soline, où le chantier d’une retenue d’eau avait donné lieu à de violents affrontements en mars 2023 entre opposants et forces de l’ordre. Deux manifestants s’étaient retrouvés dans le coma et une cinquantaine de gendarmes avaient été blessés. La stratégie du maintien de l’ordre avait été pointée du doigt pour contenir cette manifestation interdite par la préfecture. Le ministre de l’Intérieur avait dû s’en justifier lors d’une longue audition devant la commission des lois du Sénat.

« Plus d’une centaine de militants d’ultragauche », annonce Gérald Darmanin

Dans les jours qui viennent, dans le Poitou, Gérald Darmanin a indiqué attendre « entre 6 000 et 8 000 manifestants dont un millier de personnes extrêmement violentes, qu’on pourrait qualifier de radicalisées ». « Plus d’une centaine de militants d’ultragauche », venant de pays européens limitrophes, se sont vus prononcer une interdiction d’entrée sur le territoire, a-t-il par ailleurs précisé. 3 000 gendarmes sont mobilisés sur place pour encadrer la mobilisation soutenue par une centaine d’organisations, associations, syndicats et collectifs dont Bassines Non Merci (BNM), les Soulèvements de la Terre, Attac, l’union Solidaires et la Confédération paysanne.

Alors que les députés seront pris par la désignation des postes du Bureau et la composition des commissions permanentes en fin de semaine, deux sénateurs écologistes, Thomas Dossus et Mathilde Ollivier se rendront au « Village de l’eau » vendredi. « Ce mouvement est prévu de longue date. Il accompagne l’une des mesures du programme du nouveau Front Populaire, le moratoire sur les mégabassines. Mais, toute forme de violence serait contreproductive. Nous ne devons pas répondre à la provocation de Gérald Darmanin », demande Thomas Dossus.

L’année dernière, une passe d’armes entre le ministre et le sénateur avait marqué une séance de question d’actualité au gouvernement. Le premier reprochant au second d’avoir participé à la manifestation non autorisée de Sainte Soline. Cette année, Thomas Dossus participera aux tables rondes du Village de l’eau mais pas aux deux journées d’action prévues. Vendredi, « une grande marche populaire et un convoi de vélos » se dirigera vers Saint-Sauvant (Vienne), où le chantier d’une future retenue d’eau doit démarrer en septembre. Samedi, à La Rochelle (Charente-Maritime) les organisateurs appellent « à prendre kayaks, paddle et autres bateaux gonflables » pour bloquer le port agro-industriel « dans une ambiance de carnaval ».

« Dénoncer le modèle de l’agrobusiness qui ne fonctionne pas »

L’association, Les Soulèvements de la Terre, que Gérald Darmanin avait échoué à dissoudre l’année dernière, entend « arracher un moratoire pour l’arrêt des chantiers et de tous les projets de bassine ». « Le choix du port de la Rochelle a pour but de dénoncer le modèle de l’agrobusiness qui ne fonctionne pas. Un modèle qui accapare l’eau pour favoriser les exportations à rebours de l’objectif de la souveraineté alimentaire », explique Thomas Dossus. L’élu dit s’inquiéter également « de la dérive d’extrême droite » du syndicat agricole, la Coordination rurale qui a appelé à l’auto-défense des agriculteurs et a annoncé une contre-manifestation « pacifique et déterminée », « aux côtés des forces de l’ordre ».

Sur RMC, Patrick Legras, le porte-parole du syndicat a demandé le recours de l’armée ou « il y aura des morts ». « On a des gens en face qui veulent aller à l’affrontement et à la destruction », a-t-il estimé.

A noter enfin que la Ligue des Droits de l’Homme a envoyé 50 observateurs en Nouvelle Aquitaine « pour documenter le maintien de l’ordre de la mobilisation ». L’association avait été au cœur d’une polémique l’année dernière en accusant les forces de l’ordre d’avoir empêché le Samu d’intervenir à Sainte-Soline. Le sénateur LR, François Bonhomme, avait alors demandé au ministre de l’Intérieur de stopper les financements publics « des associations qui mettent en cause gravement l’Etat ». « Ça mérite d’être regardé », avait répondu Gérald Darmanin.

 

 

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