Tous les ans, le 1er mai, des cortèges s’élancent dans toute la France. Mais cette année, la fête du Travail revêt une signification un peu particulière, puisqu’elle tombe après de nombreuses journées de mobilisation contre la réforme des retraites, promulguée il y a deux semaines. C’est donc avec un mouvement social chauffé à blanc par des semaines de mobilisation que les syndicats s’avancent vers cette date traditionnelle qui permet aux salariés de défiler un jour férié, après, parfois, de longues semaines de grève. Dans ce climat explosif, les notes des renseignements territoriaux, comme souvent depuis quelques semaines avant les journées de manifestations, « fuitent » pour annoncer une forte mobilisation et des débordements. Le but est peut-être d’éloigner un public « familial » d’une journée de mobilisation traditionnellement bon enfant, mais force est de constater que dans ce contexte, les cortèges risquent en effet d’être denses et tendus. Retour sur ce que l’on sait de la journée de mobilisation à trois jours du 1er mai.
Près de 300 manifestations dans toute la France
Selon une « carte des mobilisations » interactive de la CGT, 289 manifestations ont été déclarées en France métropolitaine pour ce lundi 1er mai. La CFDT a aussi recensé les lieux de mobilisation dans une carte. Comme souvent, les cortèges partiront dans la matinée, sauf à Paris, où le rendez-vous a été donné à 14h30, place de la République.
Les syndicats semblent optimistes quant à la mobilisation de lundi. Le 15 avril dernier, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, déclarait déjà vouloir « casser la baraque » en termes de nombre de manifestants, tandis que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, anticipait ce jeudi sur RTL une « mobilisation inédite et exceptionnelle. »
Les renseignements territoriaux attendent entre 500 000 et 650 000 manifestants, ce qui placerait cette journée dans les eaux des trois dernières journées de mobilisation d’après les chiffres de la police et un peu en dessous de la moyenne de 790 000 manifestants sur les 12 journées de mobilisation intersyndicale depuis le 19 janvier dernier. Le 13 avril dernier, la police avait décompté 380 000 manifestants, total le plus faible avec la journée du 11 mars.
Les autorités annoncent déjà des débordements
Ce matin sur Europe 1, Gérald Darmanin annonçait une mobilisation « sans précédent » de gendarmes à Paris, Nantes et Rennes, pour faire face à « un certain nombre d’éléments radicaux qui se sont sans doute donné rendez-vous. » Le ministre de l’Intérieur a ainsi annoncé la mobilisation de 12 000 policiers et gendarmes dans toute la France, dont 5 000 à Paris.
Ces déclarations font suite à la « fuite » d’une note des renseignements territoriaux datée du 24 avril, que BFM-TV a pu consulter, et qui fait assez précisément état des « éléments » attendus dans les cortèges, notamment à Paris. « En raison du climat social tendu et propice à une mobilisation significative, la mouvance contestataire radicale dans son ensemble devrait être présente dans un état d’esprit déterminé et offensif », explique la note en question, allant même jusqu’à parler « d’esprit vengeur. »
Plus factuellement, les renseignements territoriaux annoncent « entre 80 000 et 100 000 manifestants » à Paris, soit dans la fourchette des chiffres de la police lors des journées de mobilisation les plus importantes depuis janvier dernier. Dans le détail, 1500 à 3000 Gilets Jaunes seraient attendus à Paris, pour « 1000 à 2000 éléments à risque. »
Les syndicats se veulent rassurants sur un 1er mai « festif »
« Des stratégies classiques de démobilisation pour faire peur », répond Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, qui rassure : « Ce sera familial, populaire et festif. » Et d’ajouter, « dans les cortèges syndicaux, la sécurité des manifestants et des manifestantes est toujours assurée, […] il n’y a rien à craindre. » La successeure de Philippe Martinez appelle ainsi à « venir en nombre » le 1er mai, avec « la famille, les parents, les enfants, les amis. »
Des grèves sont aussi prévues dans les transports, où certains salariés travaillent tout de même le 1er mai. Un préavis de grève a été déposé par l’Union Syndicale de l’Aviation Civile-CGT (USAC-CGT) pour le 1er mai « et les nuitées en amont et en aval pour les agents travaillant en horaires décalés. » La Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) a d’ores-et-déjà annoncé une réduction du trafic de 33% à Orly, Marseille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Toulouse, et de 25% sur Charles de Gaulle, Nice et Beauvais. L’intersyndicale de la SNCF (CGT Cheminots, UNSA-Ferroviaire, SUD-Rail, CFDT Cheminots) a aussi déposé un préavis de grève pour « faire du 1er mai une journée de grève et de manifestations réussie partout dans le pays. » Les prévisions de trafic seront connues dans le week end.