Le 13 novembre 2015, le Premier ministre est à son domicile lorsqu’il apprend les attaques simultanées des terroristes à Paris et à Saint-Denis, si le pays est sous le choc, au plus haut niveau de l’Etat, l’action se doit d’être immédiate : « Je n’avais pas, nous n’avions pas le temps d’être sidérés. Il fallait agir tout de suite […] Tout au long de la nuit et dans les jours qui ont suivi, c’était l’action, la riposte qui s’imposait. » explique Manuel Valls.
Il revient aussi sur les mots alors employés pour parler aux Français. Des mots forts et justifiés selon lui : « Ce sont des scènes de guerre ». Il rappelle que lui-même a utilisé le terme « guerre » dès les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher. « Le terrorisme islamiste, c’est ainsi qu’il faut l’appeler, nous mène une guerre contre ce que nous sommes. C’est-à-dire une France républicaine, laïque, une démocratie. […] C’est une guerre contre notre manière de vivre ».
La menace terroriste : une obsession
Ces attaques terroristes l’ont marqué à jamais « J’ai très vite compris que ces journées changeaient le cap de l’histoire, mais aussi ma vie, parce que mon parcours politique allait être marqué, comme celui de François Hollande ou de Bernard Cazeneuve par ces moments-là ». En tant que responsable politique, la menace terroriste devient selon ses propres termes, une « obsession » :
Ça m’a obsédé, peut-être parfois même trop. J’ai vécu avec cette obsession de ce risque des attentats.
Un tournant pour Manuel Valls, un moment qui l’a « bouleversé », et qui l’a marqué, même physiquement : « sans doute votre caractère, votre image, vos traits se durcissent » confie-t-il.
« Nous avons tenu »
Le Premier ministre vit le soir du 13 novembre avec François Hollande, et Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur. Il revient sur ses relations avec les deux hommes : « quoi qu’il arrive, quelles que soient nos divergences, nous restons unis à tout jamais malheureusement par ces faits et parce que les moments que nous avons vécus nous ont énormément rapprochés ».
Il insiste sur la solidité du trio Président, Premier ministre, ministre de l’Intérieur : « J’ai toujours eu le sentiment d’avoir accompli mon devoir, et surtout avec Hollande et Cazeneuve, nous avons tenu ». Les attentats de novembre 2015, ont lieu quelques semaines avant la COP21, tient à rappeler Manuel Valls, qui se félicite d’avoir été en capacité de maintenir la tenue de cet événement.
Il constate néanmoins que ces attaques ont divisé la gauche, notamment sur la question de la déchéance de nationalité. Une proposition sur laquelle il n’a pas de regret : « Nous ne pouvions pas répéter les mêmes gestes, le même discours qu’à l’Assemblée nationale quelques mois auparavant. Il fallait clairement indiquer qu’il fallait abattre l’ennemi à l’extérieur, d’où l’intensification des frappes sur Raqqa et Mossoul. Mais qu’il fallait aussi agir en France. » L’idée d’inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution ne relevait pas d’une décision impulsive selon lui.
Agir avec la force du droit
Aujourd’hui, alors que le procès des attentats du 13 novembre est en cours, Manuel Valls insiste sur la nécessité de « défendre ce que nous sommes ». « Je reste optimiste sur l’être humain et sur la société, mais je rappellerai toujours que l’histoire est tragique, que nous sommes dans un monde instable, avec un choc de cultures, de civilisations » déclare l’ancien Premier ministre.
Il revient sur l’importance du procès en cours : « Nous faisons la démonstration que nous sommes forts. La démocratie d’une certaine manière est faible car elle n’agit pas avec violence, mais nous opposons la force du droit ».
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