Manuel Valls : « Le Parti socialiste, en tant que marque socialiste, est fini »

Manuel Valls : « Le Parti socialiste, en tant que marque socialiste, est fini »

Invité de notre matinale, Manuel Valls est revenu sur l’état dans lequel se trouve son ancien parti. L’ancien Premier ministre socialiste acte la mort du PS, ainsi que de l’union de la gauche, qu’il estime impossible sur le fond.
Louis Mollier-Sabet

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Hier soir, Ségolène Royal a déclaré qu’il était « évident » que « le vote utile à gauche, c’était Jean-Luc Mélenchon », qui était « le plus solide. » L’ancienne candidate du PS à l’élection présidentielle n’a jamais été connue pour représenter l’aile gauche de son parti et sa déclaration a donc pu surprendre.

« L’évidence » s’est-elle donc imposée à un autre ancien responsable du PS et Premier ministre, théoricien des « deux gauches irréconciliables », Manuel Valls ? « Ségolène Royal se détermine comme elle l’entend, c’est une femme libre, qui a été au deuxième tour de l’élection présidentielle » précise-t-il d’emblée. On sent bien que l’hommage va s’arrêter là : « Ce qui m’a frappé dans la déclaration de Ségolène Royal, c’est que c’était l’union pour l’union. Mais où est le fond, où sont les convictions ? Sur quel projet ? »

« Il va falloir reconstruire quelque chose d’autre, mais cela ne peut pas se faire à partir de ce qu’il restera du PS »

« Qu’il ait du talent, qu’il mène une campagne professionnelle et que ce soit un grand orateur, c’est certain » concède Manuel Valls. Mais sans surprise pour l’ancien Premier ministre, le programme de Jean-Luc Mélenchon est « totalement incompatible sur le fond » avec la social-démocratie, « sur le nucléaire, sur l’Europe, sur la laïcité » par exemple. Ce qui est étonnant, c’est que finalement, en martelant que « l’union pour l’union ça ne marche pas », Manuel Valls rejoint un peu le diagnostic de Jean-Luc Mélenchon à propos de la primaire populaire et son choix d’une stratégie « populiste » en 2017 – un peu revisitée en 2022 – incompatible, de fait, avec l’option d’union de la gauche.

Manuel Valls dresse un autre constat qui serait probablement partagé par Jean-Luc Mélenchon, c’est celui de la déliquescence du Parti socialiste : « La gauche est totalement hors-jeu et je pense que le Parti socialiste, en tant que marque socialiste – parce que le parti gardera des élus, des villes – est fini. » Les deux personnalités en question ne sont d’ailleurs probablement pas totalement étrangères à la situation dans laquelle se trouve le PS aujourd’hui, et Manuel Valls d’ajouter le dernier clou dans le cercueil : « Il va falloir reconstruire quelque chose d’autre, mais cela ne peut pas se faire à partir de ce qu’il restera du Parti socialiste. »

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