Manuel Valls : « Pour mon pays, je souhaite un 2nd tour entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron »
Invité d’ExtraLocal, Manuel Valls s’est fait observateur de la vie politique française en pronostiquant des « recompositions politiques » à venir après la prochaine élection présidentielle. Mais l’ancien Premier ministre n’en est pas resté là en en appelant à « l’union sacrée entre les Républicains des deux bords », où il aurait toute sa place.

Manuel Valls : « Pour mon pays, je souhaite un 2nd tour entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron »

Invité d’ExtraLocal, Manuel Valls s’est fait observateur de la vie politique française en pronostiquant des « recompositions politiques » à venir après la prochaine élection présidentielle. Mais l’ancien Premier ministre n’en est pas resté là en en appelant à « l’union sacrée entre les Républicains des deux bords », où il aurait toute sa place.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Ancien Premier ministre passé par une expérience politique écourtée à Barcelone et maintenant chroniqueur à la télévision, il est un peu difficile de comprendre exactement le rôle qu’entend jouer Manuel Valls dans la politique française. « Je suis un acteur politique » répond le principal intéressé en rappelant qu’à « 15 minutes de débat par semaine », sa carrière dans l’audiovisuel est encore loin d’être fulgurante. Mais Manuel Valls n’a pas de mandat pour mener son travail « d’acteur politique », alors à quoi pourrait-il être candidat ? « J’ai une très grande liberté, je ne sais pas de quoi sera fait le destin », temporise l’ancien Premier ministre, qui ne serait donc candidat à rien, « ou à tout » ose-t-il.

« Nous ne sommes pas au bout des recompositions engendrées par 2017 »

Toujours est-il que Manuel Valls est pour le moment cantonné au rôle d’observateur de la vie politique, dans lequel il semble plutôt à l’aise, notamment en prophète d’une « union sacrée » future : « La campagne n’est pas encore cristallisée et deux sujets sont encore à venir avec la recomposition des droites et le problème de la figure du Président de la République seul face au peuple. La question c’est comment l’on sort de cette impasse. […] Je considère qu’il faut une union sacrée, un compromis national entre majorité et opposition. » Et derrière l’analyste, le politique n’est jamais très loin : « Je suis un acteur de la politique, et après cette élection présidentielle, il y aura des recompositions. Il faudra un cadre radicalement nouveau et je veux y participer. »

Manuel Valls attend donc son heure, sûr de son diagnostic. 2017 a été un séisme dans la vie politique française, 2022 sera le théâtre des répliques de la recomposition partisane en cours : « Emmanuel Macron n’a pas réussi à réconcilier les Français avec leurs institutions depuis l’implosion de 2017, avec une majorité présidentielle qui n’a ni racine locale, ni racine idéologique. Il y a aujourd’hui des partis bien implantés localement, mais qui n’ont pas de leader national et des leaders forts pour la présidentielle, mais dont les partis sont localement très faibles. Nous ne sommes pas au bout des recompositions engendrés depuis 2017. » Le constat est là, et cette recomposition doit d’après Manuel Valls, aller dans le sens de la constitution d’un « compromis historique » de gouvernement entre « Républicains des deux bords. »

Un 2nd tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ou Éric Zemmour ferait « du national-populisme la seule alternative »

Manuel Valls nous ferait-il en 2022 du « en même temps » de 2017 ? L’ancien Premier ministre semble plutôt vouloir achever la constitution d’une véritable force politique autour de la maxime présidentielle : « La gauche et la droite sont là, il y a des traditions politiques, mais on voit bien que sur certains thèmes, comme la République et la laïcité ou la lutte contre l’islamisme, il y a de quoi construire. Sur la mesure d’âge sur les retraites, la relance du nucléaire et la remise à plat de la politique d’immigration, il y a de quoi mettre en place un compromis historique entre forces politiques sociales et élus locaux. » Manuel Valls semble pencher pour une sorte de macronisme décentralisé qui réussirait à fédérer les fameux partis implantés sans leader et les leaders charismatiques sans parti.

L’ancien Premier ministre de François Hollande n’insulte ainsi pas l’avenir en annonçant clairement son 2nd tour rêvé pour 2022 : « Je souhaite pour mon pays un deuxième tour entre Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, pour la qualité du débat politique, pour la stabilité du débat démocratique. » D’après lui, un 2nd tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ou Éric Zemmour ferait du « national-populisme […] la seule alternative. » Il poursuit : « Ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas écouter les électeurs d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen et répondre à leurs angoisses sur des valeurs républicaines. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Manuel Valls : « Pour mon pays, je souhaite un 2nd tour entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron »
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le