Manuel Valls se lance le difficile défi de conquérir Barcelone
Nouveau pays, nouveau combat: l'ancien Premier ministre français, Manuel Valls, a annoncé mardi sa candidature à la mairie de Barcelone où il...

Manuel Valls se lance le difficile défi de conquérir Barcelone

Nouveau pays, nouveau combat: l'ancien Premier ministre français, Manuel Valls, a annoncé mardi sa candidature à la mairie de Barcelone où il...
Public Sénat

Par Daniel BOSQUE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Nouveau pays, nouveau combat: l'ancien Premier ministre français, Manuel Valls, a annoncé mardi sa candidature à la mairie de Barcelone où il espère bouleverser le paysage politique. Un pari risqué.

Après avoir maintenu le suspense pendant des semaines, l'ex-socialiste a officialisé sa décision au Centre de culture contemporaine de Barcelone, dans le centre historique de la deuxième ville d'Espagne où il est né il y a 56 ans.

"Après un temps de réflexion, sérieux, j'ai pris la décision suivante: je veux être le prochain maire de Barcelone", a-t-il dit en catalan. "Depuis ma naissance (...) ma relation avec Barcelone a été intime, constante".

Cette candidature à une élection municipale dans une grande métropole après une carrière politique de premier plan dans un autre pays est inédite en Europe. Tout citoyen de l'UE peut se présenter à des élections locales dans un autre pays que le sien au sein de l'Union depuis le traité de Maastricht.

Alors que les critiques se sont multipliées en France ces derniers jours, M. Valls a indiqué qu'il allait quitter son poste de député "dès la semaine prochaine".

- Soutien de Ciudadanos -

Depuis l'échec de ses ambitions présidentielles en France en 2017, Manuel Valls s'est engagé de l'autre côté des Pyrénées, multipliant meetings et manifestations contre les indépendantistes catalans qui ont tenté en octobre dernier de faire sécession de l'Espagne.

Manuel Valls
Manuel Valls en 5 dates clés
AFP

Mais le défi s'annonce de taille le 26 mai prochain pour succéder à l'actuelle maire de gauche, l'ancienne militante du droit au logement, Ada Colau, à la tête de la ville de 1,6 million d'habitants.

Elevé à Paris par un père catalan et une mère italo-suisse et naturalisé français à 20 ans, Manuel Valls a indiqué vouloir incarner une "Barcelone globale, ouverte sur le monde", qu'il oppose à la capitale d'une hypothétique république catalane souhaitée par les indépendantistes.

"La ville est plongée dans une dynamique perdante. Nous devons la freiner, nous devons changer de direction", a-t-il lancé.

Fort de son passé comme ministre de l'Intérieur, Valls a notamment insisté sur la lutte contre l'insécurité, préoccupation grandissante des Barcelonais.

Pour mener sa campagne, Valls a recruté un ex-directeur de communication du FC Barcelone, club dont il est supporter, et l'ancien bras droit du maire socialiste, Pasqual Maragall (1982-1997), symbole de l'entrée dans la modernité de la ville qui accueillit les jeux Olympiques en 1992.

Mais "ses chances d'être maire sont minces", estime le politologue de l'Université de Barcelone, Jordi Muñoz.

"C'est une candidature qui chamboule" le paysage politique, estime pour sa part Joaquim Coll, historien et analyste politique proche de Valls, qui juge son pari "risqué" mais pas "suicidaire".

S'il est assuré du soutien du parti libéral Ciudadanos, fer de lance de l'opposition à l'indépendantisme qui l'invitait depuis plusieurs mois à porter ses couleurs, Manuels Valls n'est pour l'heure pas parvenu à convaincre les deux autres partis anti-indépendantistes, le Parti socialiste à gauche et le Parti populaire à droite, de se rallier à sa candidature, souligne Muñoz.

Elections à Barcelone
Rappel des résultats des municipales 2015 à Barcelone (Espagne), où l'ancien Premier ministre français s'est porté candidat pour le scrutin prévu en 2019
AFP

Or, estime le politologue barcelonais Oriol Bartomeus, "la seule façon qu'il a de gagner" est de mettre sur pied une liste d'ouverture afin d'arriver en tête le 26 mai et de parier ensuite sur la division de ses adversaires.

Les élections municipales se font au scrutin proportionnel en Espagne, obligeant les partis à des tractations après le vote.

- Une candidature qui divise -

Figure clivante en France, Manuel Valls suscite aussi le rejet chez certains Barcelonais, en particulier dans le camp indépendantiste, qui ironise sur sa méconnaissance de la ville.

"Je ne sais pas ce qu'il vient faire ici. J'imagine que comme on n'en veut pas en France, il vient à Barcelone", réagit Laura Bozzo, retraitée arborant un ruban jaune en soutien aux séparatistes emprisonnés.

"C'est un candidat qui ne connaît pas Barcelone, qui n'est pas connu à Barcelone", a dénoncé l'ancien président catalan Carles Puigdemont dans un entretien à l'AFP de Bruxelles.

"C'est une personne qui a du prestige, avec une reconnaissance internationale et il peut améliorer l'image de Barcelone", estime en revanche David Centellas, employé de banque.

Le parti indépendantiste de centre droit PDECAT de M. Puigdemont devrait avoir pour tête de liste un autre ancien socialiste, l'historien Ferran Mascarell. Tout comme l'autre grand parti séparatiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), qui présente Ernest Maragall, frère de l'ancien maire, Pasqual Maragall.

Partager cet article

Dans la même thématique

Manuel Valls se lance le difficile défi de conquérir Barcelone
6min

Politique

Budget 2026 : Wauquiez et Retailleau affichent leur « ligne commune » et appellent Lecornu à prendre ses responsabilités

Alors que le Sénat s’apprête à démarrer l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, le patron des députés de droite, Laurent Wauquiez était reçu à la réunion de groupe des sénateurs LR pour passer le relais. L’occasion de s’exprimer d’une seule voix sur la position que compte défendre la droite sur les deux lois de finances, quitte à rendre un accord en commission mixte paritaire quasi impossible et faire resurgir la piste d’un recours au 49.3.

Le

Lyon : Global Cannabis March
3min

Politique

Budget de la Sécu : les sénateurs écologistes veulent créer une taxe sur le cannabis

Dans le cadre de l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs écologistes veulent créer un droit d’accise sur la vente du produit stupéfiant. « Ça légalise le cannabis en réalité », explique le sénateur Thomas Dossus. De quoi rapporter près de « 3 milliards d’euros à l’Etat » et « assécher les réseaux ».

Le

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale
7min

Politique

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale

À la veille du coup d’envoi des débats en séance publique sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les rapporteurs de la majorité sénatoriale veulent se montrer intraitables sur le retour des principales mesures d’économies et la disparition des mesures les plus coûteuses, comme la suspension de la réforme des retraites.

Le