Le dispositif MaPrimeRénov’est finalement maintenu. Devant la fronde du secteur du bâtiment, le gouvernement a décidé de poursuivre le dispositif d’aide pour les travaux isolés. Il a cependant annoncé des modifications sur les rénovations d’ampleur avec une réduction des aides.
Cette aide aux propriétaires vise les logements occupés à titre de résidence principale (par le propriétaire ou par un locataire), construits depuis au moins 15 ans. Elle est accordée sous conditions de revenus. L’aide se décline en trois volets : les monogestes, comme les travaux d’isolation ou le changement de son système de chauffage, les rénovations d’ampleur, qui sont les plus efficaces mais aussi les plus chères, et les rénovations en copropriété, pour la rénovation des parties communes.
Les travaux de moindre ampleur ne devraient pas subir de modifications d’octroi des aides. Mais pour ce qui est des travaux de grande ampleur, le gouvernement a annoncé des modifications de conditions comme le « recentrage sur les logements les plus énergivores » et la « baisse du plafond de travaux subventionnables » pour qu’il ne « dépasse pas les 50 000 euros ». Le gouvernement a par ailleurs annoncé la suppression du bonus de 10 % du montant des travaux permettant de sortir des passoires énergétiques de catégories F et G.
« Stop and go » sur MaPrimeRénov’
Lancée le 1er janvier 2020, MaPrimeRénov’a été maintes fois modifiée, au grand damne des professionnels. A sa création, elle a remplacé le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) et les aides de l’Agence nationale de l’Habitat (Anah), « Habiter mieux agilité » et « Habiter mieux sérénité ». La prime vise alors les ménages les plus modestes.
Dès l’année suivante, le dispositif est étendu à l’ensemble des Français et plus de 644 000 aides vont être débloquées contre 140 000 la première année. Victime de son succès, la prime est recentrée en 2022 avec un durcissement des règles. Les plafonds seront cependant rehaussés l’année suivante.
En 2024, le gouvernement décide de ne plus prendre en charge les monogestes, comme le remplacement des fenêtres, mais décide d’axer ses aides uniquement sur les travaux d’ampleur. Cependant, il fait machine arrière dès le mois de mars en rehaussant les crédits alloués à 3,1 milliards d’euros. Depuis, les crédits ne cessent de diminuer. Ils sont passés à 2,5 milliards en 2025 et le dernier budget prévoit une nouvelle ponction de 200 millions d’euros.
Ainsi, l’enveloppe allouée au dispositif tend à s’épuiser de plus en plus rapidement ; « plutôt en 9 mois qu’en 12 », a indiqué le ministère. D’où l’idée du gouvernement de suspendre le dispositif.
« Belle et grande victoire »
Fortement opposée à la suspension de MaPrimeRénov’, la Fédération française du bâtiment (FFB) s’est montrée satisfaite du maintien du dispositif la qualifiant de « belle et grande victoire ». Dans un communiqué publié lundi, ils saluent le « travail de fond et de négociation engagé depuis dix jours » et la « mobilisation nationale et locale » qui a « porté ses fruits ». Auprès de l’AFP, le président de la Fédération, Olivier Salleron, parle d’une « revendication légitime ». « La rénovation par gestes, ça fonctionne, c’est plus simple, beaucoup moins cher (que la rénovation d’ampleur), ça fait entre 35 % et 50 % d’économies d’énergies en plus. Et ça fait travailler beaucoup d’artisans », a-t-il précisé. En protestation, la FFB prévoyait « des actions revendicatives notables » notamment une mobilisation avec « camionnettes, engins de chantier, camions ».
« La professionnalisation de la fraude »
De son côté, le gouvernement justifiait la suspension du dispositif à cause de ses « fragilités ». En cause, « la professionnalisation de la fraude » et sa « croissance » sur les rénovations d’ampleur. Actuellement, plus de huit millions d’euros font l’objet de contentieux et de procédures de recouvrement a déclaré le ministère. Selon Tracfin, qui lutte contre les circuits financiers clandestins, la « fraude potentielle » pourrait s’élever à 50 millions d’euros.
Auditionné au Sénat le 4 juin dernier, le ministre de L’Economie, Eric Lombard a également justifié la pause des aides à la rénovation thermique et énergétique par « l’encombrement des services de gestion ». « Nous sommes bien conscients de l’importance de continuer », a-t-il précisé.
Embouteillage du nombre de dossiers
Car le ministère croule sous les demandes. L’embouteillage du nombre de dossiers de 2025 pourrait conduire à les reporter sur l’année 2026. Le délai de traitement des dossiers est même passé de 70 à 105 jours.
Au 31 mai 2025, 122 000 ménages ont bénéficié de MaPrimeRénov’dont 78 000 pour des rénovations par geste et 44 000 pour des rénovations d’ampleur. En moyenne, un travail monogeste bénéficie de 4 000 euros d’aide publique contre 40 000 euros pour des rénovations d’ampleur.