Illustration renovation d’huisseries
Credit:LODI FRANCK/SIPA/1710251050

MaPrimeRénov’ : le gouvernement annonce poursuivre le dispositif sous certaines conditions

Après de multiples tergiversations, le dispositif MaPrimeRénov’ pour la rénovation énergétique des logements est maintenu. Cependant, ses conditions d’octroi sont revues à la baisse notamment pour les travaux de grande ampleur.
Marius Texier

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le dispositif MaPrimeRénov’est finalement maintenu. Devant la fronde du secteur du bâtiment, le gouvernement a décidé de poursuivre le dispositif d’aide pour les travaux isolés. Il a cependant annoncé des modifications sur les rénovations d’ampleur avec une réduction des aides.

Cette aide aux propriétaires vise les logements occupés à titre de résidence principale (par le propriétaire ou par un locataire), construits depuis au moins 15 ans. Elle est accordée sous conditions de revenus. L’aide se décline en trois volets : les monogestes, comme les travaux d’isolation ou le changement de son système de chauffage, les rénovations d’ampleur, qui sont les plus efficaces mais aussi les plus chères, et les rénovations en copropriété, pour la rénovation des parties communes.

Les travaux de moindre ampleur ne devraient pas subir de modifications d’octroi des aides. Mais pour ce qui est des travaux de grande ampleur, le gouvernement a annoncé des modifications de conditions comme le « recentrage sur les logements les plus énergivores » et la « baisse du plafond de travaux subventionnables » pour qu’il ne « dépasse pas les 50 000 euros ». Le gouvernement a par ailleurs annoncé la suppression du bonus de 10 % du montant des travaux permettant de sortir des passoires énergétiques de catégories F et G.

« Stop and go » sur MaPrimeRénov’

Lancée le 1er janvier 2020, MaPrimeRénov’a été maintes fois modifiée, au grand damne des professionnels. A sa création, elle a remplacé le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) et les aides de l’Agence nationale de l’Habitat (Anah), « Habiter mieux agilité » et « Habiter mieux sérénité ». La prime vise alors les ménages les plus modestes.

Dès l’année suivante, le dispositif est étendu à l’ensemble des Français et plus de 644 000 aides vont être débloquées contre 140 000 la première année. Victime de son succès, la prime est recentrée en 2022 avec un durcissement des règles. Les plafonds seront cependant rehaussés l’année suivante.

En 2024, le gouvernement décide de ne plus prendre en charge les monogestes, comme le remplacement des fenêtres, mais décide d’axer ses aides uniquement sur les travaux d’ampleur. Cependant, il fait machine arrière dès le mois de mars en rehaussant les crédits alloués à 3,1 milliards d’euros. Depuis, les crédits ne cessent de diminuer. Ils sont passés à 2,5 milliards en 2025 et le dernier budget prévoit une nouvelle ponction de 200 millions d’euros.

Ainsi, l’enveloppe allouée au dispositif tend à s’épuiser de plus en plus rapidement ; « plutôt en 9 mois qu’en 12 », a indiqué le ministère. D’où l’idée du gouvernement de suspendre le dispositif.

« Belle et grande victoire »

Fortement opposée à la suspension de MaPrimeRénov’, la Fédération française du bâtiment (FFB) s’est montrée satisfaite du maintien du dispositif la qualifiant de « belle et grande victoire ». Dans un communiqué publié lundi, ils saluent le « travail de fond et de négociation engagé depuis dix jours » et la « mobilisation nationale et locale » qui a « porté ses fruits ». Auprès de l’AFP, le président de la Fédération, Olivier Salleron, parle d’une « revendication légitime ». « La rénovation par gestes, ça fonctionne, c’est plus simple, beaucoup moins cher (que la rénovation d’ampleur), ça fait entre 35 % et 50 % d’économies d’énergies en plus. Et ça fait travailler beaucoup d’artisans », a-t-il précisé. En protestation, la FFB prévoyait « des actions revendicatives notables » notamment une mobilisation avec « camionnettes, engins de chantier, camions ».

« La professionnalisation de la fraude »

De son côté, le gouvernement justifiait la suspension du dispositif à cause de ses « fragilités ». En cause, « la professionnalisation de la fraude » et sa « croissance » sur les rénovations d’ampleur. Actuellement, plus de huit millions d’euros font l’objet de contentieux et de procédures de recouvrement a déclaré le ministère. Selon Tracfin, qui lutte contre les circuits financiers clandestins, la « fraude potentielle » pourrait s’élever à 50 millions d’euros.

Auditionné au Sénat le 4 juin dernier, le ministre de L’Economie, Eric Lombard a également justifié la pause des aides à la rénovation thermique et énergétique par « l’encombrement des services de gestion ». « Nous sommes bien conscients de l’importance de continuer », a-t-il précisé.

Embouteillage du nombre de dossiers

Car le ministère croule sous les demandes. L’embouteillage du nombre de dossiers de 2025 pourrait conduire à les reporter sur l’année 2026. Le délai de traitement des dossiers est même passé de 70 à 105 jours.

Au 31 mai 2025, 122 000 ménages ont bénéficié de MaPrimeRénov’dont 78 000 pour des rénovations par geste et 44 000 pour des rénovations d’ampleur. En moyenne, un travail monogeste bénéficie de 4 000 euros d’aide publique contre 40 000 euros pour des rénovations d’ampleur.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01221444_000001
4min

Politique

Otages français en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris sont sortis de prison, mais « ils ne sont pas libres », précise l'avocate des familles

Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022 en Iran suite à des accusations d’espionnage, « sont sortis de la prison d'Evin et sont en route pour l'ambassade de France à Téhéran », a annoncé Emmanuel Macron sur X. Les avocats des familles précisent qu'ils ne sont pas libres et toujours empêchés de regagner la France

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
10min

Politique

« Vexations », échanges « pas fluides », négos avec le PS : pourquoi la relation entre le Sénat et le gouvernement Lecornu s’est détériorée

Depuis « un mauvais départ », le courant passe mal entre la majorité LR-centriste du Sénat et le gouvernement. Discussions avec le PS au détriment des LR, députés invités à Matignon sans les sénateurs, qui aimeraient « être dans la boucle »… Les causes de fâcheries se multiplient. Pour tenter de retisser des liens dégradés, Sébastien Lecornu invite les présidents de groupe du Sénat à Matignon ce mercredi, avant de se rendre en conférence des présidents.

Le

MaPrimeRénov’ : le gouvernement annonce poursuivre le dispositif sous certaines conditions
5min

Politique

« C’est à la fin de la partie qu’on comptera les choses » : sur le budget, les socialistes veulent encore laisser du temps au gouvernement

Les députés mettent en pause l’examen du projet de loi de finances pour étudier le budget de la Sécurité sociale. S’ils ne sont pas allés au bout de la partie recettes, ils ont néanmoins pu adopter un certain nombre de mesures absentes du projet initial. Certaines sont vues par le gouvernement comme des gains concédés aux socialistes, bien que ces derniers se montrent toujours insatisfaits. Pas suffisamment, pourtant, pour interrompre les négociations et l’examen budgétaire.

Le