Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé dimanche à ne pas "confondre quelques personnes avec la valeur de la cause qui est servie", juste avant le début d'une marche contre l'islamophobie controversée.
"Dans des moments comme cela, il ne faut pas confondre quelques personnes avec la valeur de la cause qui est servie", a estimé M. Mélenchon lors d'une conférence de presse.
Faisant valoir que "dans d'autres manifestations il y a des personnes indésirables", le député de Marseille a aussi déploré que l'on finisse "par oublier l'événement fondateur" de cette manifestation, à savoir "la tentative de meurtres devant la mosquée de Bayonne" qui a fait deux blessés par balle fin octobre. Le tireur présumé est un ancien candidat du Front national aux cantonales.
Il a aussi dénoncé "l'ambiance de haine, de vindicte et de stigmatisation des musulmans qui règne depuis quelques mois" en France.
"Il faut entourer d'affection, de fraternité, ceux qui sont montrés du doigt", a poursuivi M. Mélenchon, animé de la "tranquille sérénité de ceux qui défendent une cause juste".
Au même moment sur BFMTV, déplorant la participation de Jean-Luc Mélenchon qui "a été un grand laïc", la députée Aurore Bergé, porte-parole de LREM, s'est élevée contre "une marche qui attaque l'Etat et qui utilise un terme (islamophobie) dont on sait bien qu'il est utilisé à des fins politiques".
En revanche, "si demain il y avait une grande marche pour lutter contre le racisme sous toutes ces formes, nous serions les premiers à être présents", a-t-elle ajouté.
Au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR) a aussi pointé "des islamistes à l'origine de cette marche". "La France n'est pas islamophobe", a aussi affirmé l'ancien ministre.
La manifestation contre l'islamophobie organisée dimanche à Paris a divisé la gauche, notamment en raison de l'identité de certains signataires de l'appel comme le Collectif contre l'islamophobie (CCIF) accusé de liens avec les Frères musulmans.
"S'il y a en effet ici des gens qui nous dérangent, il y a aussi des gens avec qui on est plus à l'aise", a souligné M. Mélenchon, évoquant la présence de la CGT.
Quant aux réserves exprimées au sein même de LFI par les députés François Ruffin et Adrien Quatennens, "nos appréciations personnelles peuvent différer", a-t-il admis. Mais "ce n'est pas pour autant que mes amis sont d'accord pour participer aux campagnes de dénigrement".
Parmi les points cristallisant la tension, l'évocation ambiguë dans l'appel initial de "lois liberticides": est-il fait référence aux lois de 2004 interdisant le voile à l'école et 2010 interdisant la burqa, comme le soutiennent certains organisateurs ? Ou à d'autres textes ?
Il s'agit de "celle (LR) qui a été votée au Sénat" prévoyant d'interdire "aux accompagnatrices voilées de se rendre aux sorties scolaires", a répondu M. Mélenchon, en pointant aussi "celle sur l'état d'urgence (post-attentats) qui transforme en suspects des dizaines de milliers de gens".
Quant au caractère liberticide des textes de 2004 et 2010, "je ne suis pas de cet avis, ni aucun d'entre nous", a-t-il martelé, en épinglant les "4 ou 5 énergumènes" pensant le contraire.