Elle a 15 ans tout juste quand le drame arrive : « C’est un accident, tout bête, de centre-ville, qui va avoir des conséquences dramatiques. Pas aussi dramatiques que ce qu’elles auraient pu être, parce que mes parents étaient à cheval sur les équipements de sécurité, le casque m’a sauvé la vie. Mais mon pied a été touché, le sang n’arrive plus dans mon pied, pour me sauver la vie, il faut amputer cette jambe » raconte la championne paralympique. Une décision médicale qui l’a bouleversée : « C’est un vrai cataclysme » dit-elle, et pourtant contre toute attente « ça va être un pas en avant, parce que ça permet de clarifier la situation. Il n’y a plus d’incertitude, je vais être amputée et je sais de quoi demain sera fait, je serai équipée d’une prothèse. »
Dépasser le regard de la société
Son rêve de devenir pompière s’effondre alors. « Du jour au lendemain, je suis passée d’une jeune fille à l’avenir radieux avec des opportunités à ‘La société décide pour toi parce que tu es en situation de handicap’ », résume-t-elle amère.
Comment faire pour se sortir de ces injonctions et aller de l’avant ? « Ce qui va vraiment m’aider, c’est que mes parents ont ce grain de folie, quand je leur dis que j’ai envie de re-courir, ils ne sont pas rationnels, ils ne vont pas me dire : ‘Mais tu dois d’abord récupérer, tu dois te reposer, ta jambe doit cicatriser’. C’est ‘Si tu as envie de faire ça, on va faire ça et on va le faire ensemble’», lui disent-ils. Très vite, ils l’accompagnent dans la concrétisation de son rêve.
Quatre mois après l’amputation, elle reprend la course : « On s’est un peu battu contre l’avis des médecins. Vous avez normalement de façon très théorique un an pour reprendre le sport, et vous devez avoir cinq ans de période de deuil. On ne rentrait pas dans cette théorie, donc les médecins étaient bousculés et c’est un véritable paradoxe. Au centre de rééducation, le sport a fait partie de ma thérapie physique, mentale. Il a été au cœur du pouvoir de réhabilitation et quand je sors du centre, on oppose la notion de handicap et de pratique sportive », déplore-t-elle. D’autant plus que « grâce au sport, je me suis affranchie des chaînes de la société », estime la para athlète.
Tuer l’adversaire ? « Ça n’est jamais une intention » pour Marie-Amélie Le Fur
Dans la compétition à haut niveau, certains entraineurs peuvent parfois avoir des paroles crues pour motiver les jeunes athlètes, au point de les encourager à ‘tuer’ ou ‘écraser leur adversaire’. Une mentalité et un vocabulaire que récuse celle qui a multiplié les records mondiaux dans sa catégorie : « Ça n’est jamais une intention qui a animé ma façon de penser. Nos adversaires sont nos meilleurs amis. Sans la concurrence, on n’est pas un très grand champion. La plus belle intention, c’est le dépassement de soi » selon la championne paralympique.
Au contraire de la confrontation, « ce qui m’a conduit à cet amour du sport, c’est le lien social » explique la native de Vendôme. « J’ai vu ma pratique sportive comme une éducation parallèle à celle de mes parents. On a un apprentissage différent : apprentissage de la règle, du respect de l’autre, de soi-même… ». Un mode de vie à part entière.