Marine Le Pen a été chahutée mardi dans un village du Var, où elle a dénoncé ce qu'elle qualifie de "submersion migratoire imposée par l'Union européenne" à Châteaudouble, qui doit accueillir un centre de demandeurs d'asile.
"Ce petit village de Châteaudouble est symbolique de ce qui se passe dans toute la France aujourd'hui", a estimé la présidente du Rassemblement national (RN) au cours d'une déambulation qu'elle a dû écourter, face à une cinquantaine de villageois venus protester contre sa venue.
"Le FN (devenu RN en juin, NDLR) on n'en veut pas chez nous", criait une manifestante. "Marine, Marine", scandaient les partisans de Mme Le Pen.
Le responsable du RN dans le Var et président du groupe RN au conseil, Frédéric Boccaletti, a indiqué à l'AFP avoir porté plainte après ces protestions, pour "entrave à la liberté de circulation, insultes et menaces", dénonçant un "laxisme total du préfet" du département.
"C'est un petit village de 470 habitants dans lequel, sur ordre de l'Union européenne, on installe 72 migrants, sans avoir demandé son avis à la population, sans avoir demandé son avis au maire. C'est comme si demain on imposait 12 millions de migrants en France en l'espace d'une nuit", a poursuivi Mme Le Pen.
Châteaudouble doit accueillir, dans un centre d'accueil et d'orientation (CAO), un maximum de 72 demandeurs d'asile de sexe masculin, qui ont vocation à rester entre un et neuf mois, le temps que leurs dossiers soient étudiés. L'autorisation donnée par la préfecture à ce centre géré par l'association Forum Réfugiés est de deux ans.
"La France va vivre demain une pression migratoire considérable (...) et les deux seuls pays qui vont se retrouver en fin de course sont la France et l'Espagne, qui vont être obligés d'accueillir l'ensemble des clandestins qui cherchent à rejoindre l'Europe", a précisé Mme Le Pen devant la presse, mais dans une ambiance chahutée, avec notamment une pelleteuse installée par les villageois pour lui barrer l'accès à une partie du village.
"Je viens dire solennellement à Châteaudouble, village symbolique, qu'en ce qui nous concerne, il n'en est pas question. Nous continuerons à lutter contre l'immigration clandestine, à réclamer que le droit d'asile soit analysé dans les consulats et les ambassades des pays d'origine", a encore indiqué Marine Le Pen.
Le CAO, installé dans une maison de retraite inaugurée en 2014 mais désaffectée depuis deux ans, doit accueillir, mercredi ou jeudi selon Forum réfugiés, "une première vague d'une dizaine de demandeurs d'asile", les autres devant arriver "petit à petit". Six personnes ont été embauchées pour encadrer ces demandeurs d'asile, dont certaines dans le village, assure l'association.
Mme Le Pen, qui avait prévu de visiter ce centre, a finalement dû y renoncer.