Marine Le Pen condamnée : le RN « joue avec le feu » en appelant à manifester, prévient Christophe Béchu (Horizons)

Après la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité, le Rassemblement national a annoncé la tenue d’un meeting de soutien à Marine Le Pen, dimanche à Paris. Le parti d’extrême-droite « joue avec le feu », estime ce mercredi 2 avril sur Public Sénat Christophe Béchu, maire d’Angers et secrétaire général d’Horizons. « S’il y a des dérapages, des expressions de violence, ça desservira le RN bien plus que ça ne le servira », prévient l’élu, qui appelle toutefois à revenir sur le principe de l’exécution provisoire.
Théodore Azouze

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Une mobilisation contre la décision des juges. Le Rassemblement national a appelé à manifester en soutien à Marine Le Pen, condamnée lundi 31 mars par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans d’inéligibilité immédiate et quatre ans de prison dont deux ferme aménageables dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN. L’événement aura lieu dimanche 6 avril à Paris, près des Invalides, à 15 heures. Le RN « joue avec le feu » en organisant une telle contestation, estime Christophe Béchu, invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi. « S’il y a des dérapages, des expressions de violence, ça desservira le RN bien plus que ça ne le servira. »

« Une manière de se victimiser »

Une pétition a aussi été lancée en ligne par le parti pour soutenir la cheffe de file des députés RN, qui a dénoncé un « État de droit violé » après la découverte de sa peine. « Qu’ils fassent des pétitions, des meetings, c’est évidemment leur droit, et c’est une manière de se victimiser », a poursuivi le maire d’Angers. « Il faut quand même se souvenir que rien de tout ça n’existerait si à la base le RN n’avait pas fraudé avec les règles. » 25 prévenus, dont Marine Le Pen, ont été condamnés pour avoir contribué à « un système mis en place pour alléger les charges du parti » avec des fonds européens, d’après le délibéré du jugement du tribunal.

La réaction du camp de Marine Le Pen face à cette décision de justice inquiète Christophe Béchu. « Si demain les juges doivent se dire : ‘je ne peux pas prendre une décision qui est conforme au droit parce que ça va susciter des pétitions ou des rassemblements’, il n’y a plus de justice », craint le secrétaire général d’Horizons, le parti fondé par l’ex-Premier ministre Edouard Philippe. Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a lui aussi déploré ce mercredi matin sur RTL l’attitude du parti frontiste. « Je ne veux pas qu’on rejoue une mauvaise prise du Capitole », a-t-il déclaré, en référence à l’attaque contre le Parlement américain par des militants trumpistes le 6 janvier 2021.

Appel à revoir le principe d’exécution provisoire

Sur le fond, l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité prononcée contre Marine Le Pen divise la classe politique. Cette disposition rend applicable immédiatement cette sanction, y compris en l’attente du jugement en appel de l’ex-candidate à la présidentielle. « Une réflexion doit être conduite » sur la question, a indiqué le Premier ministre François Bayrou, mardi, à l’Assemblée nationale. Une position partagée par Christophe Béchu, « favorable à titre personnel » à ce que cette « incongruité » soit modifiée. « Indépendamment du cas de Marine Le Pen, je pense que cette règle qui consiste à rendre les gens inéligibles sans attendre le résultat de leur appel est une mauvaise règle », a précisé l’édile.

Pour appuyer son propos, Christophe Béchu a cité l’exemple de l’ex-maire de Toulon, Hubert Falco, condamné à cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. « J’observe que ça fait dix ans que cette règle existe, que le RN n’a jamais crié au scandale démocratique quand ça visait ses adversaires politiques, mais maintenant que ça les vise eux, c’est un problème et que c’est délibéré », pointe par ailleurs l’ex-ministre de la Transition écologique. Mardi soir, la cour d’appel de Paris a indiqué que le procès en appel de Marine Le Pen pourrait intervenir assez rapidement, de façon à rendre « une décision à l’été 2026 ». Une échéance qui lui laisse encore un espoir afin de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle en 2027.

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