Marine Le Pen sort du silence et espère devenir la première opposante

Marine Le Pen sort du silence et espère devenir la première opposante

Très discrète depuis l'élection présidentielle et son débat raté contre Emmanuel Macron, Marine Le Pen va tenter de se relancer jeudi soir dans...
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Par Guillaume DAUDIN

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Très discrète depuis l'élection présidentielle et son débat raté contre Emmanuel Macron, Marine Le Pen va tenter de se relancer jeudi soir dans l'Emission politique sur France 2 et apparaître comme la première opposante au chef de l'Etat.

Les derniers mois ont parfois pris des allures de chemin de croix pour Marine Le Pen: législatives chaotiques en interne et finalement décevantes, malgré huit députés ; retrait de la vie politique de Marion Maréchal-Le Pen puis départ du FN de Florian Philippot, les deux principales figures du FN hormis sa présidente ; mise en examen fin juin dans l'affaire des assistants parlementaires européens.

Et c'est son meilleur ennemi, Jean-Luc Mélenchon, qui a pris une longueur d'avance comme premier opposant à Emmanuel Macron, quand Marine Le Pen est "sortie du spectre", selon le directeur du département politique et opinion d’Harris interactive, Jean-Daniel Lévy, dans L'Opinion.

Le vote Front national en France
Evolution du vote Front national, en % des votants et en nombre de voix reçues aux principales élections, avec zoom sur les dates clés de Florian Philippot dans l'histoire récente du parti
AFP

L'objectif de l'émission de jeudi soir a été simplement défini mardi en conférence de presse par Sébastien Chenu, l'un des porte-parole du parti d'extrême droite: "que Marine Le Pen puisse démontrer combien nous sommes la seule véritable opposition à Macron". Elle débattra d’ailleurs, en plein examen du budget à l'Assemblée, avec le ministre LR des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Après un été "atroce" à l'Assemblée nationale, selon un parlementaire, les députés FN sont plus visibles depuis la rentrée. "On s'y est bien mis là", se félicite la même source.

En interne, Marine Le Pen a pris son bâton de pèlerin pour une "tournée de refondation" de son parti en vue du congrès prévu les 10 et 11 mars à Lille, où elle sera candidate à un troisième mandat de présidente du FN. Un questionnaire, visant à sonder les adhérents sur de nombreux sujets, devrait être envoyé ces jours-ci.

- Climat militant morose -

Dans un climat militant morose après la déception de la présidentielle, plusieurs questions sont en suspens, comme le départ du FN de son siège de Nanterre, les risques judiciaires avec la menace d'un prochain procès concernant le financement des campagnes de 2012, ou la réussite de l'"emprunt patriotique" lancé en grande pompe début juin et visant à combler le trou dans les finances des campagnes de 2017.

La question majeure est toutefois celle du cap idéologique: autrefois ardente partisane d'un "Frexit" et d'une sortie de l'euro, Marine Le Pen a reculé, expliquant la semaine dernière à Valeurs Actuelles que "dans de nombreux domaines, on peut améliorer la vie quotidienne des Français sans quitter l'Europe ni l'euro",.

Le vice-président du Front National Florian Philippot, le 19 février 2016 à Taverny dans le Val-d'Oise
Le vice-président du Front National Florian Philippot, le 19 février 2016 à Taverny dans le Val-d'Oise
AFP/Archives

Une évolution doctrinale majeure sur laquelle elle devrait être amenée à s'expliquer jeudi soir car, comme le juge une source parlementaire FN, rejoignant les critiques récentes de Florian Philippot, "si on abandonne la sortie de l'UE et de l'euro, je ne vois pas comment on peut récupérer les souverainetés. Il y a une incohérence pratique. Ou alors c'est de la tactique électorale, mais c'est jamais bon."

Pour M. Philippot, le FN est surtout en train de se radicaliser idéologiquement. Preuve en est selon lui, l'influence majeure acquise par Philippe Olivier, ancien mégrétiste et beau-frère de Marine Le Pen.

Mais il en trouvera peut-être aussi une illustration dans le simple fait que David Rachline, maire FN de Fréjus et directeur de la communication du parti, accorde un entretien au trimestriel "Réfléchir & Agir". Cette revue nationaliste-révolutionnaire d'un "antisionisme sans concession", selon le mot du spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus, avait pour précédentes unes un appel à "buter la République" ou un Palais de la République surmonté d'un drapeau tricolore orné d'une étoile de David.

Pour M. Philippot, imaginer une Marine Le Pen ainsi affaiblie à l'Elysée est désormais de la "science-fiction".

D'autres sources frontistes ne pensent pas autre chose: le départ du bras droit "ne renforce pas le +Front+", constate un député. C'est "perdant" pour tout le monde, y compris pour l'ex-chevènementiste lancé dans une aventure solitaire, selon une autre source.

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