Marine Le Pen toujours en manque de parrainages : « C’est un signe des pressions exercées sur un certain nombre de maires », dénonce Chenu

Marine Le Pen toujours en manque de parrainages : « C’est un signe des pressions exercées sur un certain nombre de maires », dénonce Chenu

Marine Le Pen ne dispose pour l’heure que de 35 parrainages validés par le Conseil constitutionnel, et de 430 promesses de parrainages selon son porte-parole Sébastien Chenu. La candidate du RN subit notamment le contrecoup d’une offre politique plus fournie à l’extrême droite que de coutume, notamment avec la candidature d’Éric Zemmour.
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Au compteur : 35 parrainages officiellement validés par le Conseil constitutionnel. Le nombre de signatures d’élus glanées par Marine Le Pen pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle la situe à la traîne des principaux candidats à l’élection présidentielle. Pour l’heure, seul Emmanuel Macron – qui n’a toujours pas officialisé sa candidature – a franchi le seuil fatidique des 500 parrainages (529 signatures). Valérie Pécresse (324 signatures) et Anne Hidalgo (266 signatures), fortes du soutien de partis solidement ancrés à l’échelon local, pourraient être les deux prochaines à rejoindre la ligne de départ pour la présidentielle, lors de la mise à jour du compteur par le Conseil constitutionnel, mardi. « Nous sommes à 430 promesses de parrainages, mais nous considérons qu’il nous faut au moins 100 signatures de plus. C’est très difficile », a confié lundi matin, au micro de « Bonjour chez Vous » sur Public Sénat, Sébastien Chenu, l’un des porte-parole de Marine Le Pen.

« Une absence de candidature de Marine Le Pen délégitimerait l’élection présidentielle »

« Beaucoup de maires ne veulent signer pour personne, le système est verrouillé. Nous avons une vraie difficulté », déplore le député du Nord, qui y voit une conséquence de la publication des noms des parrains, mise en place depuis l’élection présidentielle de 2017. « C’est un signe des pressions exercées sur un certain nombre de maires, président d’agglo, président de départements qui disent : ‘attention, si tu signes pour la candidate qui peut battre Emmanuel Macron, c’est ennuyeux, tu n’auras pas ton budget, tu n’auras pas ta subvention…’ Les maires ne veulent pas se mettre dans ces situations-là », dénonce-t-il.

« Il ne s’agit pas de parrainer quelqu’un dont on partage les convictions », rappelle Sébastien Chenu. « Nous demandons aux maires de jouer le jeu de la démocratie. Une absence de candidature de Marine Le Pen délégitimerait l’élection présidentielle ! », lâche-t-il. « Une candidate qui est présente à toutes les élections depuis 30 ans, qui a rassemblé des millions de voix, qui est allée au second tour la dernière fois, et qui serait verrouillée par le dispositif des 500 signatures tandis que Madame Arthaud et Monsieur Asselineau, eux, pourraient concourir alors que l’on peut dire, sans mépris, qu’ils représentent beaucoup moins de Français… cela poserait problème. »

La menace Zemmour

D’autant que Sébastien Chenu se félicite de la dynamique enregistrée par la présidente du Rassemblement national dans les enquêtes d’opinion, même si un dernier sondage Ipsos-Sopra Steria pour Le Parisien/Aujourd’hui en France et Franceinfo, publié samedi, la place derrière Valérie Pécresse (14 % contre 16,5 % des intentions de vote), à égalité avec Éric Zemmour (14 %). « Marine Le Pen n’est plus très loin de gagner dans les sondages qui la placent au second tour. Nous n’avons jamais été aussi hauts », veut rappeler Sébastien Chenu.

Concernant Éric Zemmour, le député se montre toutefois plus nuancé. Éric Zemmour sait qu’il ne peut pas aller au second tour, mais il sait, et c’est peut-être son objectif, qu’il peut faire battre Marine Le Pen », concède l’élu. « C’est peut-être davantage son but pour constituer demain un parti d’union des droites. Ce n’est pas notre objectif », analyse Sébastien Chenu. Et de tacler : « Valérie Pécresse est une sous-traitante d’Emmanuel Macron, Éric Zemmour est un sous-traitant de Marine Le Pen, avec des excès et une radicalité assumée. Mais les Français ne vont pas voter pour des sous-traitants, pour des déclinaisons. » Manière d’essayer de rétablir le duel de 2017 qui avait opposé la fille de Jean-Marie Le Pen au fondateur d’En Marche !

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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