Comme l’avait annoncé Public Sénat, la maire écologiste de Marseille, Michèle Rubirola, a annoncé sa démission cet après-midi, mardi 15 décembre, en conférence de presse. « J’ai pris la décision de quitter mes fonctions de maire de Marseille, j’ai présenté ma démission au préfet », a-t-elle confirmé depuis la salle de presse de l’hôtel de ville. « Il n’y a pas d’homme ou de femme providentielle, nous sommes une équipe. Le Printemps marseillais est un collectif. Le duo que nous formons avec Benoît Payan interroge, je le sais. Nous gouvernons en duo, et je veux désormais que ce duo s’inverse », a annoncé Michèle Rubirola, qui propose donc à son adjoint de prendre sa place.
« J’ai connu dès l’été les premières difficultés liées à ma santé. […] Ces épreuves (de santé) limitent l’énergie que je peux mobiliser. Etre maire de Marseille c’est 300 % de son temps », a-t-elle justifié. Elle a dit ensuite avoir découvert l’état financier de la ville, « prête à sombrer ». « Il y a les médecins du temps longs et des urgentistes. Je suis de la première catégorie et il faut à Marseille un urgentiste », a-t-elle estimé, assurant qu’elle « restait » aux côtés de l’équipe municipale.
L’annonce avait déjà été faite lors d’une réunion à 14 h 30 avec les élus du Printemps Marseillais, l’attelage politique qui a gagné les municipales. « Il est prévu que sa démission serait annoncée aujourd’hui à 15 heures », assurait plus tôt le sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône, Guy Benarroche. Le chef de file des écologistes au niveau national, Julien Bayou, l’avait également confirmé à l’AFP. La « cause numéro un » est une raison médicale assurait déjà Guy Benarroche. « Ce n’est pas sujet à interrogation. On ne peut pas dire précisément ce qu’il en est. On sait déjà qu’elle avait été absente pendant un peu plus d’un mois pour un problème de santé. On ne peut pas non plus exclure le fait que ce soit lié à ses responsabilités actuelles », abondait Guy Benarroche. Il accueille cette décision avec « résignation ». « On ne peut pas dire que l’on soit ravi. On aurait préféré que ce soit Michèle Rubirola qui reste maire de Marseille. Mais si elle a jugé avec ses proches que c’est la réalité, il vaut mieux qu’elle le dise au lieu d’exercer un simili pouvoir pendant des années. »
Benoît Payan, l’actuel premier adjoint à la mairie de la cité phocéenne doit donc devenir le nouveau maire. « La réunion en cours va acter sa succession », confirmait un membre du Printemps Marseillais. Mais Guy Benarroche prévient : il faudra d’abord passer par un nouveau vote du conseil municipal. Le dernier conseil municipal de l’année se tiendra lundi 21 décembre à Marseille.
Au mois d’octobre, Le Monde rapportait déjà les envies d’ailleurs de cette novice en politique âgée de 64 ans, auparavant médecin dans les quartiers populaires. L’édile aurait en effet confié à l’ancien ministre socialiste, François Lamy, lors de la campagne des municipales : « Tu es au courant que je ne reste que trois mois ? ». Interrogée, Michèle Rubirola avait alors balayé : « Carpe diem ! Si je me fais écraser demain, je ne serai pas là. Si je ne me fais pas écraser, je serai toujours là ». Dans un entretien à Libération, elle avait ensuite assuré qu’elle entendait bien rester à l’Hôtel de ville. « Mais oui, je reste, la preuve, je suis là. Aujourd’hui, je suis ici et j’y reste », avait-elle déclaré.
« Benoît Payan avait pris l’ascendant sur Michèle Rubirola dès le début du mandat »
« Je suis dans l’incompréhension la plus totale », réagit Stéphane Le Rudulier. Le sénateur Les Républicains des Bouches-du-Rhône regrette cette décision. « On a peut-être d’autres sentiments que de démissionner lorsque l’on est maire de Marseille ». La raison tient selon lui plus à un « un malaise profond » dans la majorité municipale, qui se compose de communistes, de socialistes et d’écologistes. « Avec une telle coalition, ce n’est pas étonnant », raille-t-il. « La raison médicale je la partage, mais on sentait déjà qui était le maire de Marseille. Benoît Payan avait pris l’ascendant sur Michèle Rubirola dès le début du mandat », estime-t-il. Il fustige « les tractations qui ont eu lieu toute la journée, notamment de la part Samia Ghali (2e adjointe) qui veut sauver sa place », croit-il savoir. « Ce sont les Marseillais qui vont en payer le prix fort », conclut-il. Son collègue LR, Patrick Boré, lui aussi sénateur des Bouches-du-Rhône observe deux possibilités. La première, « c’est qu’elle n’assume pas son rôle de maire, c’est la débandade, et c’est catastrophique de partir comme ça au bout de trois mois ». La seconde, si c’est une question de maladie, « on ne peut avoir que de l’empathie ». « Mais si elle prend un poste de première adjointe et qu’elle est malade, je ne comprends pas ». Quant au futur de la municipalité, il en préfigure déjà les secousses : « ça va remuer des épaules dans la majorité ! »