Marseille: partie de poker menteur à huit mois des municipales

Marseille: partie de poker menteur à huit mois des municipales

Maire de Marseille depuis 24 ans, Jean-Claude Gaudin va quitter le jeu politique. Et la partie de poker menteur est lancée, seul le RN ayant...
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Par Olivier LUCAZEAU

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Maire de Marseille depuis 24 ans, Jean-Claude Gaudin va quitter le jeu politique. Et la partie de poker menteur est lancée, seul le RN ayant abattu ses cartes face à des sortants divisés, une gauche atomisée et des "Marcheurs" en quête d'ancrage local.

Le maire sortant part sans successeur désigné chez les Républicains. "Il a tout fait pour tuer tous ses dauphins", rappelle le politologue Joël Gombin, de la Fondation Jean-Jaurès.

Héritière officieuse de l'ère Gaudin, Martine Vassal reste en coulisses, malgré ses atouts, comme présidente du département et de la métropole. Mais elle est bien en campagne, "plus comme une challenger que comme une sortante", souligne Joël Gombin.

Car l'étiquette "Gaudin" est encombrante depuis l'effondrement de deux immeubles délabrés de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018, qui avait fait 8 morts.

Même Renaud Muselier, longtemps proche du maire, premier adjoint pendant ses deux premiers mandats, ne retient plus ses coups: "Gaudin ? Un mauvais maire, qui a fait deux mandats de trop". Président de la région Paca, il n'a pas renoncé à jouer un rôle dans la campagne, et se pose en arbitre - sans jamais rien exclure.

Mais pour l'heure, un seul candidat est officiellement en lice côté Républicains: le sénateur Bruno Gilles, inconnu au plan national, qui a juré d'aller "jusqu'au bout", même sans investiture LR.

Brigitte Macron au côté du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, lors d'une visite dans la cité phocéenne, le 14 juin 2019
Brigitte Macron au côté du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, lors d'une visite dans la cité phocéenne, le 14 juin 2019
AFP/Archives

Agitant "le danger Rassemblement national", Mme Vassal voudrait, comme M. Gaudin, un rassemblement avec LREM "avant le premier tour". Les 8,3% de la liste Bellamy à Marseille aux Européennes, contre 20,6% pour la liste Loiseau, ont sonné comme un avertissement. Mais les deux candidats à l'investiture En Marche, Saïd Ahamada, député des quartiers nord, et Yvon Berland, président de l'université d'Aix-Marseille, y ont opposé une fin de non-recevoir.

Une récente visite de Brigitte Macron, qui avait notamment déjeuné avec le maire et Mme Vassal, a toutefois fait naître des doutes sur la stratégie du parti présidentiel. Pour LREM, le cas marseillais est difficile à trancher.

- Vers un 3e tour -

A gauche, le flou est encore plus marqué. Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, potentiel trouble-fête après sa première place dans la ville au premier tour de la présidentielle 2017 puis son élection comme député, s'est éloigné.

Côté socialistes, la sénatrice Samia Ghali, seule personnalité d'envergure nationale, n'a toujours pas repris sa carte au parti. Mais elle sera "au coeur de la bataille" des municipales. Comme candidate? Sur quelle liste? Avec LREM et pourquoi pas Yvon Berland, "un copain"? Réponse bientôt, assure-t-elle.

Une certitude pour Mme Ghali en tout cas: "Les unions de la gauche, ça ne marche pas à Marseille". Pas question pour elle, donc, de se joindre à l'appel à une alliance PS-PC-EELV-LFI-Générations, pour laquelle le PS a justement mandaté Benoît Payan, le patron du groupe au conseil municipal.

Le seul parti en ordre de bataille est en fait le Rassemblement national, avec le sénateur Stéphane Ravier, en course depuis janvier 2018 et fort des 26% du RN aux européennes à Marseille. Devenu le premier maire FN d'un secteur de la ville en 2014, il veut s'appuyer sur son bilan: "ce sera moins facile de travestir nos propositions", assure-il à l'AFP, dénonçant une Vassal "inféodée à Macron".

"Si la gauche est incapable d'aller aux municipales avec une liste cohérente et que la droite se disperse, le RN peut rafler quatre ou cinq secteurs l'année prochaine", expliquait en mai à La Provence Michel Peraldi, sociologue et directeur de recherche au CNRS.

Car à Marseille ce sont huit élections qui se jouent, dans les huit secteurs de la ville qui regroupent ses 16 arrondissements. Et tout pourrait finalement se jouer au 3e tour, à l'hôtel de ville, lors du vote final des 101 conseillers centraux.

"Rien ne garantit une majorité au soir du 2e tour", estime Joël Gombin: "Avec la forte fragmentation de l'espace politique marseillais, il y aura des triangulaires, voire des quadrangulaires (...). Et toutes les déclarations péremptoires d'avant premier tour ne tiendront plus".

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