Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.
Martine Aubry : « Je n’ai jamais rêvé d’être présidente de la République »
Par Mariétou Bâ
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« Obstinée », « travailleuse », « têtue », « cheftaine » ; « elle n’aime pas forcément composer avec ses interlocuteurs », « mais elle est intègre », dit-on, même dans le camp adverse. Les trois mandats en tant que maire de Lille ont valu à Martine Aubry des qualifications assez unanimes, dans sa famille politique comme chez ses opposants. Souvent comparée à son prédécesseur Pierre Mauroy, pourtant elle ne lui ressemble pas. Martine Aubry ne délègue pas les tâches, et se retrouve plutôt dans la confrontation que dans le consensus. Si elle se différencie de l’ancien maire, elle reste, elle aussi, une dernière figure de proue du socialisme nordiste.
Une trajectoire politique fulgurante
Parisienne, fille de Jacques Delors, Martine Aubry est diplômée de Sciences Po et de l’ENA. Interviewée dans le documentaire d’Hélène Desplanques, la « dame de Lille », revient sur sa carrière fulgurante. En 1991, à tout juste 41 ans, elle est nommée ministre du Travail par Édith Cresson, six ans après elle choisit par Pierre Mauroy pour lui succéder à Lille. Face caméra, assez détendue dans un cadre intimiste, Martine Aubry avoue avoir été « parachutée » en 1997, dans une ville qu’elle ne connaissait pas. Première adjointe, durant plus de cinq ans, elle devient maire en 2001.
Aujourd’hui la mairesse, très à l’aise, marche fièrement dans les allées de la fameuse braderie de septembre au point que tout le monde la considère comme « une fille du pays », et elle ne compte pas céder sa place. Contrairement à ce qu’elle avait annoncé, Martine Aubry a porté sa candidature le jeudi 28 novembre 2019.
En 2004, les rues de Lille retrouvent leur « fierté urbaine »
Battue, dans les larmes, aux législatives en 2002, « la dame des 35 heures » va devenir « la dame de Lille ». Lors de son premier mandat, Martine Aubry s'occupe en priorité des quartiers populaires avant de mettre le cap sur la culture. 2004, Lille est élue capitale européenne de la culture. Défilés, carnavals et concerts envahissent les rues de la ville. Des « Maisons folies » lieux de brassage culturel sont créées dans différents quartiers. Martine Aubry fait vivre la notion de « fierté urbaine », dans une région qui a connu durant les dernières décennies, désindustrialisation et chômage.
2008, Martine Aubry est réélue avec 66,56 % des voix, un score historique, qui la rapproche un peu plus de ces figures historiques nordistes comme Roger Salengro élu maire en 1935.
Un ancrage local qui prend de plus en plus de place. En 2011, celle qui perd la primaire socialiste face à François Hollande, renonce l'année suivante à se présenter aux élections législatives.
« J'ai jamais rêvé d'être président de la République, c'était même une crainte » Martine Aubry
Interviewée dans le documentaire, Martine Aubry se confie : « je n'ai jamais rêvé d'être présidente de la République, c'était même une crainte, non pas que je pensais que je n'avais pas de capacités à… (mais) parce que l'idée d'être enfermée dans un château, de ne pouvoir plus vivre. Aller au marché, rencontrer les gens, pour moi c'est ça…la vie…» Un rapport au pouvoir, complexe, qui n'est pas sans rappeler celui de son père Jacques Delors qui avait refusé en 1995 de se présenter à l'élection présidentielle.
La maire de Lille entend bien le rester, ce qui la rapproche d’autres figures politiques, souvent des hommes. Un refus de céder le pouvoir qui fait d’elle une des « baronnes de la politique » française.