Le rapport du sénateur LR Bruno Belin, en vue de l’examen de la mission sécurité du budget 2025, pointe l’impact financier des JO de Paris 2024 et de la crise en Nouvelle-Calédonie sur les finances de la gendarmerie et de la police. Conséquence : la police a renoncé à remplacer plus de 2.000 voitures et la gendarmerie n’a pas payé ses loyers à de nombreuses communes. Les budgets de la police et de la gendarmerie sont en revanche en hausse en 2025.
#MaVoix: qui sont ces citoyens qui veulent “hacker” l’Assemblée ?
Par Marie ALBERT
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Faire élire des députés, tirés au sort et prêts à "hacker" démocratiquement l'Assemblée nationale: jeunes et novices, les soutiens du mouvement #MaVoix tentent une percée citoyenne dans la campagne législative.
Julien Fond tend son miroir aux badauds du marché Brune, dans un arrondissement du sud de Paris. Est inscrit sur sa pancarte réfléchissante: "Qui me représente le mieux ?". Des curieux s'approchent, s'aperçoivent dans le reflet, puis lui demandent: "Qui êtes-vous ?"
Le jeune homme leur tend un tract jaune, où est marqué en capitales "Hackons l'Assemblée nationale en juin 2017". Ni le nom, ni le portrait de la candidate présentée dans la circonscription n'apparaissent.
Objectif: faire élire à l'Assemblée des candidats #MaVoix, tirés au sort début mai parmi les militants, qui devront siéger "100% du temps législatif dans l'hémicycle".
Mais ils ne voteront pas selon un programme ou un groupe. #MaVoix n'a ni programme, ni chef, ni adhérents. Les députés suivront les consignes de vote de Français qui auront donné leur avis sur une plateforme en ligne, "accessible à 47.000.000 de citoyens".
La plateforme n'a pas encore vu le jour, mais l'idée séduit déjà certains électeurs rencontrés sur le marché Brune. "Vous essayez de réinventer la démocratie", salue Jean-Pierre, retraité. "Bien sûr que j'ai un avis sur chaque loi." .
Plus mesurée, Anne souligne que "s'il n'y a qu'un clampin #MaVoix élu à l'Assemblée, sa voix va être toute rétrécie". Cette retraitée, venue faire son marché entre amis, préfère donner "sa majorité" à Emmanuel Macron.
"On a peu de chance d'avoir un député", reconnaît la militante Marlène Rousselet, qui tracte plus loin.
Même son de cloche chez certains experts: "J'ai le sentiment que la République en marche va écraser les petits candidats", estime Marion Paoletti, politologue à l'université de Bordeaux.
"Ils ne sont pas assez visibles", abonde sa consœur Anaïs Théviot, spécialisée dans le militantisme en ligne. "Les idées de #MaVoix sont novatrices mais, devant l'urne, les électeurs ont besoin d'être rassurés."
- Urbains et jeunes -
Le mouvement #MaVoix rappelle pourtant qu'en 2016, son candidat Daniel Gerber a réuni 4,25% des voix à l'élection législative partielle de Strasbourg. Créé notamment par la journaliste Quitterie de Villepin (anciennement proche du MoDem), le jeune collectif n'avait alors que six mois.
Le 11 juin, la concurrence sera autrement rude. Outre les partis traditionnels, les candidats #MaVoix affronteront sur un créneau proche ceux du Parti pirate, A nous la démocratie, 100%, Relève citoyenne, Nouvelle donne... Tous ces mouvements appellent à renouveler la classe politique.
"Il y a trop de partis politiques, on est saturés", réagit Blandine Sereno, sur le marché Brune. "Il faut travailler ensemble plutôt que se diviser". Dans l'isoloir, cette commerçante de 50 ans préfèrera le candidat PS Ryadh Sallem.
D'autres citoyens, convaincus en quelques minutes par les militants #MaVoix, mettent la main à la poche. "Comment on fait pour donner?", demande un jeune homme. Réponse: "Tout se fait en ligne". Pour financer affiches et tracts, #MaVoix fait appel à la solidarité : en moyenne 2.000 euros par circonscription.
Là encore, le rôle des nouvelles technologies est déterminant. "Le coût de la campagne électorale est moins élevé grâce aux réseaux sociaux", note la politologue Marion Paoletti.
"Mais #MaVoix s'appuie aussi sur le numérique pour former ses candidats et écouter les citoyens", souligne Anaïs Théviot, chercheuse à l'Institut d'études politiques de Bordeaux.
Le mouvement ne présente pourtant que 43 candidats sur 577 circonscriptions. La région parisienne et les Français de l'étranger sont très bien représentés, les zones rurales un peu moins. "#MaVoix n'est pas représentatif de la société française, confirme Mme Théviot. Ce type de mouvement s'adresse à une population urbaine et jeune".