« Le COVID-19 n’est pas une maladie honteuse, pas plus que la grippe ou qu’une autre affection ». Dans un communiqué jeudi 23 avril, la préfecture de Mayotte appelle les personnes qui présentent des symptômes à se faire connaître. Les malades hésitent en effet à consulter de peur d’être stigmatisés. Cette stigmatisation et la mise à l’écart depuis quelques semaines des personnes touchées par le Covid-19 pourraient entraîner une circulation accrue du virus en retardant le diagnostic.
Renoncement aux soins
« Beaucoup renoncent à se rendre à l’hôpital de peur d’être contaminés », raconte le sénateur de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi, car l’hôpital de Mamoudzou a été un cluster au début de l’épidémie. Un quart du personnel soignant a été touché par le virus. Le sénateur de Mayotte, estime que « la situation est assez alarmante ».
Promiscuité
Le bilan de l’épidémie s’élève à 339 cas confirmés de coronavirus, 24 hospitalisations et 4 décès. Sa crainte porte sur « les plus démunis, et les plus précaires qui vivent dans la promiscuité des bidonvilles ». Ceux qui connaissent déjà des fins de mois difficiles sont dans une situation très précaire. Depuis l’instauration du confinement, les files d’attente devant les points de distribution alimentaire s’allongent, il a fallu le concours de l’armée pour parvenir à maintenir le calme. « On s’oriente vers un système de bons d’achats pour éviter les attroupements », raconte Thani Mohamed Soilihi.
Aide alimentaire
Alors que le gouvernement a débloqué une enveloppe de 39 millions d’euros pour l’aide alimentaire aux plus démunis, 14 millions d’euros seront distribués sous forme de « chèques d’urgence alimentaire » dans les territoires les plus en difficulté, dont 4 millions dans les Outre-mer. Ces chèques services seront distribués par les CCAS, les centres communautaires d’action sociale.
Epidémie de dengue
Mais au-delà de la crise du coronavirus, Mayotte lutte contre une épidémie de dengue qui a déjà fait 12 morts. Un bilan plus lourd que celui du Covid-19. Depuis début mars on enregistre une hausse significative de forme grave. Dans les bidonvilles où les maisons sont en tôle, il est très difficile d’éradiquer les moustiques, vecteurs de cette maladie.
Déconfinement
Après les déclarations du ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, il y a un débat sur l’ouverture des écoles le 11 mai. Selon le sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi, la réouverture des écoles est nécessaire mais elle doit se faire de « manière progressive », dans ce département d’Outre-mer où 60% de la population a moins de 20 ans. Selon le ministre de l’éducation entre 15 et 25% des jeunes des territoires d’Outre-mer sont en situation de décrochage scolaire depuis la fermeture des écoles lié à l’instauration du confinement.