Une conférence de presse et un colloque, le groupe de suivi transpartisan du Sénat « sur les médias et la transition écologique » a été lancé ce lundi matin.
A l’initiative, le sénateur écologiste, Grégory Blanc et la sénatrice LR, Christine Lavarde, le sénateur PS, Simon Uzenat et l’association QuotaClimat, entendent mobiliser la chambre haute « pour préserver les sciences du climat, l’indépendance des médias et l’intégrité de l’information ».
Les élus s’appuient sur le sixième rapport du GIEC qui insiste sur « le rôle crucial des médias dans la formation des perceptions, de la compréhension et de la volonté du public à agir vis-à-vis du changement climatique ». Pourtant, selon l’évaluation de l’Observatoire des médias sur l’écologie, le traitement des enjeux environnementaux au sein des programmes audiovisuels est en baisse. Ils représentaient seulement 3,7 % du temps d’antenne en 2024, contre 5,3 % en 2023.
« Nous avons une offensive lourde des climatosceptiques, notamment sur CNews »
« Non seulement la transition écologique est moins traitée, mais la façon dont elle est traitée porte à caution puisque nous avons une offensive lourde des climatosceptiques, notamment sur CNews qui a eu une amende de 20 000 euros parce que l’information que la chaîne diffusait n’était pas conforme à la réalité scientifique », a rappelé Grégory Blanc, ce matin en conférence de presse. La chaîne de Vincent Bolloré a effectivement été sanctionnée par l’Arcom l’année dernière pour des propos tenus par un intervenant en 2023 qui niait l’existence d’un lien entre émissions humaines de CO2 et réchauffement climatique.
Pour Christine Lavarde, l’écologie n’est pas une « question partisane qui appartient à la gauche mais une question de société ». La sénatrice LR est particulièrement frappée par le fossé séparant les Français qui, « à plus de 90 %, accordent du crédit au rapport du GIEC et le traitement médiatique ou le climatoscepticisme est plutôt mis en avant ».
Pour la sénatrice, une des raisons de cette dissonance s’expliquerait « par le sentiment qu’ont les classes populaires ». « Ils craignent que les investissements économiques se fassent sur leur dos. C’est la raison pour laquelle, il faut arriver à convaincre que la transition écologique ne veut pas dire décroissance et moindre niveau de vie. L’économie de demain ne sera pas linéaire mais circulaire, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’investissement à réaliser », assure-t-elle.
Grégory Blanc a rappelé que l’Etat, à travers la Présentation du plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), chiffrait le coût de l’inaction climatique, à 143 milliards d’ici 2050.
Quelle suite au groupe de suivi ?
Une initiative similaire a été lancée en 2023, à l’Assemblée nationale par le député écologiste, Stéphane Delautrette. Elle avait abouti au dépôt d’une proposition de loi à la fin de l’année dernière. Un texte qui propose notamment un renforcement du rôle de l’Arcom, la création d’un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques ou encore d’instaurer des règles, voire des quotas en période électorale ; afin d’assurer une prise en compte des enjeux environnementaux.
Au Sénat, aucun texte n’est pour le moment à l’ordre du jour. « Si on veut bien faire la loi, il faut éviter les initiatives qui partent dans tous les sens », tempère Grégory Blanc qui insiste sur une approche pragmatique « afin que l’on ne puisse plus dire n’importe quoi dans des médias qui ne sont pas d’opinion, mais d’information ».