Mélenchon admet que le terme « assassinat » était mal « calibré » pour qualifier la mort de Rémi Fraisse

Mélenchon admet que le terme « assassinat » était mal « calibré » pour qualifier la mort de Rémi Fraisse

À moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, Jean-Luc Mélenchon, candidat dans la 4e circonscription de Marseille, donnait ce matin une conférence de presse. Le leader de La France insoumise  est revenu sur l’affaire qui l’oppose à Bernard Cazeneuve au sujet de la mort de Rémi Fraisse, sans s’excuser. Il a également vertement critiqué la réforme du droit du travail engagée par l’exécutif.
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Par Alice Bardo

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Jean-Luc Mélenchon ne semble pas prêt à présenter ses excuses à Bernard Cazeneuve. C’est pourtant la condition posée par l’ancien ministre de l’Intérieur pour revenir sur son intention de porter plainte pour diffamation à son encontre. En cause, les propos tenus par le leader de La France insoumise dans deux meetings à Paris et Montreuil, mercredi dernier. Celui-ci l’a accusé de s’ « être occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse », ce jeune militant écologiste tué par un tir de grenade près du très controversé barrage de Sivens, en 2014, lorsqu’il était garant de la sécurité intérieure du pays.

Un procès pour faire « éclater la vérité »

Ce matin, Jean-Luc Mélenchon s’est dit « stupéfait » de la polémique engendrée par ses propos, tout en admettant que le terme « assassinat » n’était pas approprié : « Je suis d'accord pour requalifier d'homicide et je prie pour qu'on comprenne que dans un meeting de 45 minutes il peut arriver qu'un mot ne soit pas calibré exactement. »  Il se dit prêt à faire face à un procès pour faire « éclater la vérité », mais invite l’ancien ministre de l’Intérieur « à la retenue ». « Je ne crois pas que M. Cazeneuve ait à gagner ce procès. » Un procès au cours duquel il plaidera « la bonne foi » s’il se présente. Alexis Corbière, porte-parole de La France insoumise, ajoute : « Quand on a l’honneur d’être ministre de l’Intérieur, on porte une responsabilité quand il y a un drame. On ne peut pas seulement dire « c’est la faute au gendarme » ».

Corbière : "Quand on a l’honneur d’être ministre de l’Intérieur, on porte une responsabilité quand il y a un drame."
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Pour sa part, Bernard Cazeneuve avait, pendant l’entre-deux-tours de la campagne présidentielle, dénoncé « une faute politique et morale » du candidat de LFI pour « ne pas avoir appelé clairement à voter » pour Marine Le Pen. Ce à quoi l’intéressé répond : « Bernard Cazeneuve considère qu'avoir dit « pas une voix pour le Front national»  n'était pas une expression claire. Elle l'est pourtant. » Chacun campe sur ses positions.

Mélenchon réclame « une trêve médiatique dans l’injure »

Dans son édito politique de ce matin, diffusé sur France Inter, Thomas Legrand est revenu sur la polémique autour de la mort de Rémi Fraisse et regrette de voir le candidat dans la 4e circonscription de Marseille « s’adonner, à ce point, au complotisme en vogue ». « Comment puis-je répondre quand on me traite de «complotiste» sur France Inter ? », lui rétorque Jean-Luc Mélenchon, qui accuse les « médiacrates » de s’adonner à du « Mélenchon Bashing ». Il demande « une trêve médiatique dans l’injure ».

Jean-Luc Mélenchon accuse les « médiacrates » de s’adonner à du « Mélenchon Bashing ».
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Pour autant, pas de quoi inquiéter le candidat aux législatives, qui évoque la possibilité pour La France insoumise « d’être au second tour dans de nombreuses circonscriptions ». Pour preuve, il se réfère aux « sondages-horoscopes ».

Des sondages qui le donnent favori dans la circonscription phocéenne qu’il convoite, mais qui sont moins optimistes quant au sort des autres candidats LFI. Selon un sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France publié ce mardi, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon est crédité de seulement 11,5% des intentions de vote, loin derrière la République en marche et le Modem (29,5%), l’alliance LR-UDI (22%) et le Front national (18%).

Macron « prépare une grande fête pour l’oligarchie »

Lors de sa conférence de presse, le leader de LFI a martelé vouloir « parler du fond politique dans cette campagne ». Pour autant, il ne fait pas l’impasse sur la critique de l’exécutif et n’épargne pas Emmanuel Macron, pour qui il ne trouve « pas de dithyrambe suffisant pour (le) qualifier » mais qu’il qualifie une fois encore de « président des riches ». « (Il) prépare une grande fête pour l’oligarchie et c’est nous qui allons la payer », clame-t-il en référence à la réforme du droit du travail qui se prépare.

Les ministres en prennent aussi pour leur grade : « Il y a un danger à voir se concentrer au niveau du pouvoir tant de personnes issues des lobbies ». Il cite notamment Édouard Philippe, issu du « lobby nucléaire ». Le Premier ministre fut directeur des affaires publiques chez Areva.

Tout en ne cautionnant pas la politique menée par Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon considère que le Président marche dans ses pas sur certains sujets. Il prend en exemple la rencontre entre le chef de l’État et son homologue russe, qui s’est tenue hier à Versailles : « Quand je disais qu'il fallait discuter avec M. Poutine, on m'accusait de tous les maux, mais quand c'est Macron, silence », s’offusque-t-il.

« Quand je disais qu'il fallait discuter avec M.Poutine, on m'accusait de tous les maux, mais quand c'est Macron, silence » s'offusque Mélenchon
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 Lors de leur entrevue, les deux chefs d’État ont évoqué la question syrienne. «Nous ne pouvons lutter contre la menace terroriste en détruisant l’État (syrien)», a affirmé Emmanuel Macron. « Quand j'ai proposé une solution démocratique en Syrie, on m'a dit que j'étais irréaliste. M. Macron propose pareil aujourd'hui », a commenté le leader de La France insoumise.

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