Que pensez-vous de la réaction de Jean-Luc Mélenchon suite à la quinzaine de perquisitions dont les membres de son parti et lui-même ont fait l’objet ?
Il y a deux moments différents. Au départ, ce qu’il fait est assez malin. En choisissant de diffuser les images de la perquisition, il prend l’initiative. Il fait l’évènement et ses propos sont assez maîtrisés. Après, lorsqu’il monte dans les escaliers pour défoncer la porte de son local… Je ne peux pas le défendre. Il pète les boulons. Même si on peut lui trouver des circonstances atténuantes, il se fragilise avec ces images violentes. Il aurait pu faire une conférence de presse pour dénoncer ces perquisitions.
Jean-Luc Mélenchon dénonce « une manœuvre politique » et dit qu’il « n’y a rien dans le dossier ». Pensez-vous qu’il y a deux poids, deux mesures en ce qui concerne ces deux enquêtes préliminaires : sur ses comptes de campagne et sur l’affaire d’assistants d'eurodéputés de la France Insoumise ?
Sur les comptes de campagne, je ne connais absolument pas l’affaire. En ce qui concerne les assistants parlementaires, le dossier ne tient pas debout. Car on projette le concept d’emplois fictifs, c'est-à-dire des personnes qui sont payées à ne rien faire, vers des assistants parlementaires qui eux travaillent. Ce qui est contesté, c’est la domiciliation de leur travail. Le parti de Jean-Luc Mélenchon n’est pas le seul à être mis en cause et dans ces affaires, je trouve que tout le monde se défend assez mal. Par principe, les assistants parlementaires ont une relation de dépendance avec l’élu. C’est lui qui fixe le cadre de leurs fonctions. Si ça ne convient plus, à ce moment-là, il faut changer le statut de l’assistant parlementaire et en faire un fonctionnaire du Parlement. Je suis contre, car comment un parlementaire pourrait être certain de la loyauté de son collaborateur ?
Cette affaire a également fait resurgir le débat autour de l’indépendance du parquet…
On est dans la confusion la plus totale. L’indépendance du parquet renvoie à l’idée qu’il y a un pouvoir judiciaire. Or, ce n’est pas le cas. Le pouvoir judiciaire est en fait une autorité que lui délègue le pouvoir exécutif. En France, la justice est rendue au nom du peuple. Mais si le peuple français n’élit pas ses juges, ce n’est pas possible.
Dernièrement, on a évoqué de votre part des velléités de départ du Parti socialiste, et même une volonté de rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon en vue des Européennes. Où en êtes-vous ?
Pour l’instant, je suis dans une réflexion personnelle. Je ne suis pas dans une négociation avec les uns et les autres.