Mélenchon et les Insoumis face au risque d’isolement
Le refus à gauche de sa motion de censure sur les retraites a rappelé à Jean-Luc Mélenchon qu'après des européennes décevantes et...

Mélenchon et les Insoumis face au risque d’isolement

Le refus à gauche de sa motion de censure sur les retraites a rappelé à Jean-Luc Mélenchon qu'après des européennes décevantes et...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le refus à gauche de sa motion de censure sur les retraites a rappelé à Jean-Luc Mélenchon qu'après des européennes décevantes et avant des municipales délicates, le chef insoumis n'est plus maître du jeu à gauche. Pire, il est menacé d'isolement.

Le PS et le PCF ont beau avoir indiqué qu'après le début du débat parlementaire sur la réforme des retraites le 17 février, la question d'une motion de censure de gauche contre le gouvernement se poserait, leur refus immédiat mardi de l'idée du leader Insoumis a marqué les esprits.

Le premier concerné n'a pas caché sa blessure d'orgueil et ne décolérait pas jeudi dans une manifestation à Amiens au côté du député François Ruffin. "J'ai été estomaqué, depuis le début je ne crains que ça, un spectacle de divisions qui nuise au mouvement" contre la réforme du gouvernement, a-t-il confié à l'AFP.

"Ce n'est pas à l'Assemblée, simple chambre d'enregistrement, que le problème de la réforme des retraites va être réglé", affirmait jeudi le député LFI François Ruffin, disant "se ficher des bisbilles". Une sortie qui peut être comprise comme une manière de relativiser le camouflet, mais aussi comme une critique de l'initiative.

Les responsables des autres formations de gauche, elles, s'étonnent. LFI n'avait prévenu que 10 minutes avant l'annonce, souligne une source parlementaire socialiste.

"Un jour (Jean-Luc Mélenchon) acceptera qu'on travaille ensemble", a taclé de son côté le numéro un du PCF Fabien Roussel, disant lui avoir demandé "depuis un mois d'intégrer le groupe de travail" mis en place "pour organiser la riposte" face à la réforme.

- Une réponse à Le Pen -

De fait, LFI n'a pas participé à ces réunions regroupant la quasi totalité des forces de gauche. Et si le mouvement avait pris part au meeting de Saint-Denis en décembre, Adrien Quatennens, d'abord programmé, avait finalement préféré aller à une émission télévisée et envoyer le député Eric Coquerel à sa place.

Le travail en commun "aurait vite mal tourné. Certains sont pour la retraite à points", a expliqué M. Mélenchon en référence au parti socialiste et à une partie d'EELV. Les Insoumis ont donc présenté en solitaire en décembre leur projet.

C'est le prolongement d'une stratégie autonomiste de LFI depuis la présidentielle. Alors arrivé sur le seuil du second tour (19,5%), Jean-Luc Mélenchon a depuis plusieurs fois assumé de s'adresser à la société civile et aux mouvements sociaux plutôt qu'oeuvrer à "la soupe aux logos" de l'union à gauche, avec pour objectif déclaré de prendre des électeurs à Marine Le Pen et de refaire voter les abstentionnistes.

Ainsi cet hiver, il multiplie les déplacements sur les piquets de grève. Pas de quoi se rabibocher avec le cégétiste Philippe Martinez : les deux hommes ont organisé séparément leur venue au dépôt RATP de Vitry, lundi. Mais M. Mélenchon peut constater que sa popularité est demeurée forte dans la gauche radicale, enchaînant les selfies et les dédicaces au sein de la foule. "On n'a pas beaucoup de concurrence à gauche dans les AG ou sur les piquets de grève", glisse Eric Coquerel à l'AFP.

L'épisode de la motion de censure rappelle que côté politique, les autres forces de gauche, désormais, peuvent se permettre de refuser les initiatives insoumises. Après des élections européennes ratées (6,3%), LFI n'est pas au centre du jeu dans de nombreuses villes pour les municipales de mars et ses militants doivent souvent renoncer à la tête de liste dans les cas d'union, au profit d'EELV.

Le leader Insoumis voit plus loin. Alors que dans leur meeting commun jeudi soir soir à Amiens, François Ruffin s'émouvait de l'entrée en "pré-campagne" présidentielle de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a semblé lui aussi se mettre en mouvement: "Nous, on doit faire notre devoir et pouvoir dire à tout le pays: +On sait comment faire, nous sommes capables de mettre sur pied un gouvernement pour l'intérêt général, nous en avons la capacité humaine et intellectuelle+".

Dans la même thématique

Mélenchon et les Insoumis face au risque d’isolement
4min

Politique

Viol : le Sénat veut obliger les auteurs à suivre une injonction de soins en détention pour éviter la récidive

Mise en place en novembre dernier après le viol et le meurtre de la jeune étudiante, Philippine, la mission d’information du Sénat sur la prévention et la récidive du viol présente une vingtaine de recommandations, dont la principale consiste à faire de la détention des auteurs les plus dangereux comme un temps de prévention de la récidive.

Le

Mélenchon et les Insoumis face au risque d’isolement
3min

Politique

Propos de Sophie Primas sur la « fin du macronisme » : « Elle a compris qu’elle avait fait une gaffe », observe François Patriat

Le président des sénateurs macronistes estime que la porte-parole du gouvernement s’est « laissée aller » dans « l’euphorie de la victoire » de Bruno Retailleau. La ministre, issue de la droite, avait vivement choqué le camp présidentiel mardi en estimant que la séquence politique ouverte par Emmanuel Macron en 2017 se clôturerait « dans les mois qui viennent ».

Le