Mélenchon, fataliste mais pas « déprimé », appelle ses troupes à « la lutte » et… « advienne que pourra »
Récusant toute "déprime", Jean-Luc Mélenchon s'est montré fataliste samedi en appelant ses troupes à "la lutte et advienne que pourra", lors de...

Mélenchon, fataliste mais pas « déprimé », appelle ses troupes à « la lutte » et… « advienne que pourra »

Récusant toute "déprime", Jean-Luc Mélenchon s'est montré fataliste samedi en appelant ses troupes à "la lutte et advienne que pourra", lors de...
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Par Lucile MALANDAIN

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Récusant toute "déprime", Jean-Luc Mélenchon s'est montré fataliste samedi en appelant ses troupes à "la lutte et advienne que pourra", lors de la 3e convention nationale de La France insoumise visant à structurer un mouvement vieux d'à peine deux ans.

"J'ouvre (cette convention), cela a valeur d'un signal", a commencé le président du groupe parlementaire LFI à l'Assemblée nationale, qui a souhaité "marquer le passage officiel, cette fois-ci incontestable, au collectif".

Alors que le mouvement créé en février 2016 quand il s'est lancé pour la présidentielle revendique plus de 500.000 inscrits, le temps est venu pour LFI de s'organiser avec un mot d'ordre : devenir tout sauf un parti traditionnel.

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le 25 novembre 2017 à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le 25 novembre 2017 à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand
AFP

Cette convention réunissant à Clermont-Ferrand 1.600 personnes, essentiellement tirées au sort, était volontairement à visée interne, avec un Jean-Luc Mélenchon vêtu pour une fois d'une veste classique et discourant les mains dans les poches, geste inhabituel chez lui.

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le 25 novembre 2017 à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le 25 novembre 2017 à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand
AFP

Emphase, vocabulaire truculent - "carabistouille, embrouilles et enfumage", "pouilles et noises"... -, plaisanteries, sous-entendus: il s'agissait clairement pour lui de contrer l'effet donné par la "première manche" qu'il a récemment concédée à Emmanuel Macron.

Et ce, même si un sondage Odoxa publié vendredi montre que seuls 36% des Français (-6 en deux mois) ont désormais une bonne opinion de Jean-Luc Mélenchon. "La lucidité, moi, ne me rend pas dépressif", a assuré l'intéressé, ajoutant: "C'est l'aveuglement devant la réalité qui conduit souvent à l'abattement".

Le tableau qu'il a dressé de la situation est pourtant noir. Au point qu'il a appelé les "Insoumis" à "aider et accompagner le peuple français face au choc qui va déferler sur lui".

- 'Misère de masse' -

"Nous ne sommes pas candidats à être les premiers opposants mais à être les meilleurs, les plus utiles, les citoyens et citoyennes les plus engagés au service de l'utilité générale", a lancé le député des Bouches-du-Rhône évoquant, parmi les combats à mener, la limitation des protéines animales dans l'alimentation, les dangers du glyphosate, "l'amnistie sociale pour les travailleurs condamnés uniquement pour leur action sociale".

L'Europe? "Ces gens-là ne s'intéressent à rien d'autre qu'au fric, ils n'ont pas fait l'Europe des peuples, l'Europe des salariés, ils ont fait l'Europe du fric! ", a poursuivi M. Mélenchon. Le climat ? "La cote d'alerte est en train d'être franchie". Le nucléaire ? "Non, ce n'est pas un sujet marginal: tout le monde mourra en même temps si tout ça se détraque, quelle que soit sa classe sociale, son sexe, sa religion".

N'hésitant pas à se placer à contre-courant de la tendance actuelle, il a également défendu, en pleine offensive des maires, l'échelon local des communes, visées selon lui par "un pouvoir hostile" alors qu'elles constituent "tout le tissu humain, social, politique" de la France.

"Ce qui se prépare c'est la France des riches pour les riches contre tous les autres, (...), c'est une misère de masse, c'est un abandon des services publics", a-t-il prévenu. "Le dire, ce n'est pas démoraliser, c'est regarder en face, et appeler, sans cesse à la lutte (...) et après, advienne que pourra", a-t-il concédé.

Au delà, M. Mélenchon a devancé d'éventuelles polémiques sur de nouveaux propos controversés tenus par la députée LFI de Paris Danièle Obono. Celle-ci a défendu vendredi un projet de formation d'enseignants en "non mixité" proposé par le syndicat SUD-Education 93.

"Il n'y a pas de politique de la pensée dans mon groupe politique, il n'y en aura pas", a tonné le leader des Insoumis. LFI "n'a pas besoin d'une homogénéité des pensées, elle a besoin d'une homogénéité de l'action", a-t-il enchaîné, fier que "beaucoup de codes soient cassés".

Alors que ses troupes réfléchissent ce week-end aux trois campagnes nationales de LFI pour 2018, contre la pauvreté, le nucléaire et l'évasion fiscale, il a prévenu qu'elles seraient vite remobilisées par la centaine de législatives partielles qui ne manqueront pas, selon lui, d'être organisées dans les prochains mois.

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