Renfort de CRS sur le poste-frontiere de Menton
Renfort de CRS sur le poste-frontiere de Menton, en complement de La Police Aux Frontieres, Menton FRANCE - 12/11/2022//SYSPEO_sysA021/Credit:SYSPEO/SIPA/2211142058/Credit:SYSPEO/SIPA/2211142107

Menace terroriste : quelles sont les règles européennes en matière de contrôle aux frontières ?

Mardi soir, l’attentat qui a causé la mort de deux personnes à Bruxelles a conduit le ministre de l’Intérieur à renforcer les contrôles aux frontières entre la France et la Belgique. Si l’accord de Schengen prévoit la libre circulation des personnes, des exceptions sont prévues « en cas de menace grave pesant sur l’ordre public ». Explications.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Lundi soir alors que le suspect de l’attentat de Bruxelles qui a causé la mort de deux personnes et blessé grièvement une autre, était en fuite, Gérald Darmanin donnait pour instruction le renforcement des contrôles à la frontière avec la Belgique. Une décision motivée par le niveau élevé de la menace terroriste dans le contexte du conflit entre Israël et le Hamas. Le suspect a depuis été abattu par les forces de l’ordre.

Le 13 novembre 2015, quelques heures après les attentats du Bataclan et du Stade de France, le président Hollande annonçait lui aussi « la fermeture des frontières ». Il s’agissait à proprement parler d’un rétablissement des contrôles aux frontières.

Que prévoit l’accord de Schengen ?

Signé en 1985 à Schengen au Luxembourg, l’accord de Schengen prévoit la libre circulation des personnes sans contrôle aux frontières intérieures au sein de « l’espace Schengen ». Cet espace rassemble 23 pays membres sur 27 de l’Union européenne et quatre Etats associés : la Norvège, l’Islande, la Suisse et le Liechtenstein. La Bulgarie, la Roumanie, Chypre, la Croatie ne sont pas intégrés à l’espace Schengen. Devant le Parlement européen le mois dernier, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a appelé à faire entrer dans l’espace Schengen « sans plus attendre », la Roumanie et la Bulgarie.

Si la libre circulation de personnes est la règle, des exceptions sont toutefois prévues dans le code frontières de Schengen institué en 2006 en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure. Ce code a été modifié par un règlement du 9 mars 2016. Sans porter atteinte au principe de libre circulation des personnes, l’article 22 de ce règlement défini la réintroduction des contrôles comme une « mesure de dernier recours », « limitée au strict minimum nécessaire pour répondre à une menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure ».

Plusieurs cas de figure sont prévus. S’il s’agit d’un évènement prévisible, une manifestation sportive ou politique, le rétablissement des contrôles est limité à 30 jours et ne peut excéder 6 mois. En cas de menace imprévisible, la durée des contrôles peut être de 10 jours et ne doit pas dépasser 2 mois, sous le contrôle de l’Union. La France a d’ailleurs rétabli des contrôles à l’ensemble de ses frontières terrestres pour la Coupe du monde Rugby.

« Manquements graves et persistants liés au contrôle aux frontières extérieures »

Enfin, le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures est possible en cas de « circonstances exceptionnelles mettant en péril le fonctionnement global de l’espace sans contrôle aux frontières intérieures du fait de manquements graves et persistants liés au contrôle aux frontières extérieures ». Un motif régulièrement invoqué par les Etats membres pour justifier des contrôles. Comme récemment la France qui a renforcé ses contrôles à la frontière italienne, mais aussi l’Allemagne qui a rétabli des contrôles à la frontière polonaise suite au scandale de la fraude aux visas qui a visé Varsovie le mois dernier.

Cette multiplication des dérogations au principe de libre circulation des personnes a conduit à de nouveaux travaux en faveur d’une du code frontières Schengen. Initiée sous la présidence française de l’UE, la réforme votée par la commission des libertés civiles doit désormais être adoptée en trilogue (accord du Parlement, de la Commission et du Conseil de l’UE). La réforme prévoit notamment des contrôles frontaliers justifiés et limités dans le temps, pour un maximum de deux ans, si nécessaire.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Ouverture Shein magasin BHV
6min

Politique

Municipales 2026 : la gauche parisienne en quête d’union

À quatre mois des municipales, socialistes et écologistes s’enlisent dans des négociations aussi intenses que fragiles. Alors que Rachida Dati domine les sondages et impose un sentiment d’urgence, PS, PCF et EELV tentent d’arracher un accord de premier tour sans perdre la face. La gauche parisienne avance à pas comptés vers une union qui semble à la fois indispensable et désormais à portée de main.

Le

Menace terroriste : quelles sont les règles européennes en matière de contrôle aux frontières ?
4min

Politique

Budget de la Sécu : « Tout ne nous satisfera pas, mais nous nous battons pour qu’il y ait le plus de mesures utiles », assure Emmanuel Grégoire

Invité de la matinale de Public Sénat, le député de Paris, Emmanuel Grégoire défend les négociations menées par le Parti socialiste avec le gouvernement sur le budget de la Sécurité sociale. Ce dernier croit à un la possibilité de nouer un compromis et de faire adopter le budget de la Sécu par l’Assemblée nationale.

Le

Menace terroriste : quelles sont les règles européennes en matière de contrôle aux frontières ?
3min

Politique

Municipales à Paris : Rachida Dati « utilise à outrance son ministère pour l’instrumentaliser au service de la campagne », estime le candidat socialiste 

Invité de la matinale de Public Sénat, le candidat socialiste à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, fustige la communication de Rachida Dati en vue des municipales. Il lui reproche notamment d’utiliser les moyens du ministère pour faire campagne. Le député de Paris affiche également sa confiance pour une union de la gauche, hors LFI, à Paris.

Le