Merci patron (ou pas) : comment sont perçus les patrons en France ?
Les invités d’ « On va plus loin » débattent de l’image que les Français ont des chefs d’entreprise.

Merci patron (ou pas) : comment sont perçus les patrons en France ?

Les invités d’ « On va plus loin » débattent de l’image que les Français ont des chefs d’entreprise.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le chef d’entreprise Geoffroy Roux de Bezieux, en lice pour succéder à Pierre Gattaz à la présidence du Medef, avait écrit il y a quelques années, un livre intitulé « Salauds de patrons ! ». Sous l’ironie du titre, l’auteur analysait la méfiance des Français vis-à-vis de leurs chefs d’entreprise. Dix ans plus tard, les patrons français se sentent toujours mal-aimés.

 « Nos petits patrons ne sont pas des gens qui roulent avec de gros véhicules et surtout avec le cigare à la bouche. Ce sont des hommes et des femmes impliqués sur le territoire » estime Bernard Cohen Hadad, président de la CPME Paris Ile-de-France et président du think tank « Étienne Marcel ».

Pour Denis Jacquet, fondateur de l’Observatoire de l’Ubérisation, tout est une question de sémantique : « Le patron et l’entrepreneur, ce [sont] deux choses différentes (…) L’entrepreneur (…) a risqué sa peau (…) Une entreprise en France c’est moins de vingt salariés, pour l’immense majorité (…) Le salaire d’un patron de PME en France, il est quasiment équivalent, voire inférieur à celui d’un salarié. Même galère, même combat. C’est un petit peu le prolétariat de l’entreprenariat, le patron de PME. » 

 Guillaume Bredon, avocat et contributeur à l’institut Sapiens, renchérit : « Le dirigeant d’un très grand groupe, c’est vrai que ce n’est pas lui, en général, qui a mis tout son argent familial sur la table, qui a hypothéqué ses biens pour construire une activité. Il a été nommé. »

« Il y a eu des polémiques sur des rémunérations assez importantes (…) qui jettent finalement aussi l’opprobre sur toute une catégorie de petits patrons »

Emmanuelle Souffi, journaliste au Journal du Dimanche, rappelle que s’il existe une réelle défiance vis-à-vis des patrons, c’est aussi dû à « des réalités » : « Il y a eu des polémiques sur des rémunérations assez importantes (…) qui jettent finalement aussi l’opprobre sur toute une catégorie de petits patrons (…) Des rémunérations très élevées, y compris des parachutes dorés (…) Mine de rien, quand Roux de Bezieux parle de « salauds de patrons », c’est aussi ces scandales-là. Des fermetures de sites et ensuite des patrons, qui étaient quand même là aux manettes et qui sont partis avec un portefeuille bien garni. Donc ça, ça pèse aussi dans l’inconscient collectif et dans l’image que l’on peut avoir du chef d’entreprise, aujourd’hui. »

 

Alors qu’Emmanuel Macron soutient fortement les chefs d’entreprise et que le gouvernement affiche clairement pour objectif de baisser la fiscalité des entreprises, Guillaume Bredon réfute l’idée comme quoi Emmanuel Macron « bichonnerait » les patrons : « On revient de tellement loin qu’on est en train de se recaler dans la moyenne européenne et encore (…) Ce que tente de faire Emmanuel Macron, je pense, c’est d’arrêter de faire fuir les patrons. »

 

Vous pouvez voir et revoir notre débat sur les patrons, en intégralité :

Merci patron (ou pas) : comment sont perçus les patrons en France ?
26:54

Partager cet article

Dans la même thématique

Merci patron (ou pas) : comment sont perçus les patrons en France ?
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le