Merkel et Macron assument leurs “confrontations” avant les Européennes

Merkel et Macron assument leurs “confrontations” avant les Européennes

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont dit mercredi assumer leurs divergences et leurs "confrontations", à une dizaine de jours d...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont dit mercredi assumer leurs divergences et leurs "confrontations", à une dizaine de jours d'élections européennes à haut risque.

La chancelière conservatrice allemande, qui quittera le pouvoir au plus tard en 2021, a ainsi admis avoir des "confrontations" avec le président français, le quatrième avec lequel elle doit travailler depuis son arrivée à la chancellerie en 2005.

"Bien sûr, nous avons des confrontations", a-t-elle déclaré, ajoutant qu'"il y a des différences de mentalité" entre elle et le président français et des "différences dans (leur) compréhension des rôles", dans une interview publiée par plusieurs quotidiens européens dont le Süddeutsche Zeitung (Allemagne) et Le Monde (France).

Mais elle a nié toute détérioration des relations.

Interrogé lors d'une conférence de presse à Paris, M. Macron a répondu assumer la "confrontation féconde" avec sa partenaire allemande, avec l'objectif de "bâtir un compromis".

"Nous devons accepter des désaccords momentanés, de ne pas totalement être d'accord sur tout, pour construire un compromis avec l'Allemagne pour pouvoir avancer", a fait valoir le président français.

- De nombreux désaccords -

Les divergences se sont effectivement multipliées ces derniers mois, du gel de ventes d'armes à l'Arabie Saoudite décidé par l'Allemagne après l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, au devenir de l'Union européenne, en passant par le Brexit et les reports accordés au Royaume-Uni.

Le président français avait concédé fin avril avoir des désaccords avec l'Allemagne sur un certain nombre de sujets, et revendiqué la nécessité d'affirmer aussi "des positions françaises".

Mais la chancelière souligne dans cette interview les "énormes progrès" réalisés grâce au couple franco-allemand, notamment en matière de défense.

"Nous avons décidé de développer un avion de combat et un char ensemble. (...) C'est un signe de confiance que de compter davantage les uns sur les autres en matière de politique de défense", fait valoir Mme Merkel.

Les deux dirigeants, qui soutiennent des camps différents aux européennes, ont avaient également signé en janvier le traité d'Aix-la-Chapelle sur la coopération et l'intégration franco-allemandes, 53 ans après le traité de l'Elysée conclu par le Général de Gaulle et Konrad Adenauer.

- 'Temporalités différentes' -

Les relations se sont-elles détériorées ces derniers mois? "Non, pas du tout", assure Mme Merkel. Mais, admet-elle, les deux dirigeants ont eu des "temporalités différentes".

La chancelière souligne ainsi que lors du discours sur la Sorbonne de M. Macron, consacré en septembre 2017 à la relance de l'Europe, elle venait tout juste de passer le cap des élections au Bundestag et négociait une nouvelle coalition.

Des reproches lui avaient été adressés, y compris dans son propre camp conservateur, de ne pas avoir saisi les propositions de M. Macron.

Mme Merkel met aussi l'accent sur les différences politiques entre les deux pays: "Je suis la chancelière d'un gouvernement de coalition et je suis beaucoup plus dépendante du Parlement que le président français, qui n'a pas du tout le droit d'entrer à l'Assemblée nationale", au nom de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif.

Mme Merkel ne partage pas non plus l'analyse de M. Macron selon laquelle "jamais l'Europe n'a été en aussi grand danger".

"Il m'est difficile de comparer la situation actuelle de l'Europe avec les dangers des décennies précédentes, parce que je n'étais pas là à l'époque et que je suis désormais impliquée de manière active", objecte Angela Merkel.

M. Macron lui aussi est "impliqué" mais "il ne l'est pas depuis si longtemps", observe-t-elle. "D'une certaine façon, il apporte encore un peu de perspective de l'extérieur. C'est bien de voir notre Europe sous des angles différents", selon elle.

Nathalie Loiseau, tête de liste du parti présidentiel La République en marche (LREM) aux Européennes, a décrit de son côté "un rythme qui est celui de l'Allemagne (...) qui est celui d'une chancelière qui a déjà annoncé que c'était son dernier mandat". "C'est un rythme plus lent, qui n'est peut-être pas suffisant pour répondre aux défis d'aujourd'hui", a ajouté l'ex-ministre sur BFM-TV.

Dans la même thématique

Merkel et Macron assument leurs “confrontations” avant les Européennes
3min

Politique

« Nous n’aspirons pas à figurer dans un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche », assure Mathieu Darnaud

Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.

Le

Merkel et Macron assument leurs “confrontations” avant les Européennes
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Merkel et Macron assument leurs “confrontations” avant les Européennes
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le