Il n’y a pas vraiment eu de surprise, ce matin, mais plutôt une confirmation de mesures déjà évoquées depuis le début de la semaine. Invité de la matinale de RTL, le Premier ministre, Édouard Philippe a indiqué que le gouvernement n’allait pas « annuler les hausses » sur les prix des carburants. « Non, on ne va pas annuler la taxe carbone, nous n'allons pas changer de pied, nous n'allons pas renoncer à être à la hauteur de cet enjeu qui est considérable » a-t-il indiqué avant d’ajouter que l’exécutif avait « entendu le besoin exprimé par les Français d’être accompagnés dans cette transition (énergétique), car elle est difficile ».
Mis en place en ce début d’année, le chèque énergie va donc être élargi pour toucher 5,6 millions de foyers, contre 3,6 millions actuellement. Son montant sera également plus élevé, passant de 150 à 200 euros en moyenne. Une mesure dont le coût est évalué à 200 millions d’euros.
Financée « par le budget de l’État », une « super prime » à la conversion pour les véhicules concernera les ménages les plus modestes. Elle pourra atteindre 4 000 euros, soit le double de la prime existante. Pour ceux qui ne bénéficieront pas de cette « super-prime », « On va faire autre chose, on va viser les grands rouleurs, en modifiant et en élargissant (...) le système d'indemnité kilométrique » (…)pour faire en sorte, que ceux qui roulent beaucoup, mais avec des voitures qui consomment peu ou polluent peu puissent être avantagés » a expliqué le Premier ministre en référence à un avantage fiscal dont bénéficient ceux qui déclarent leurs revenus aux frais réels.
Le gouvernement défiscalisera également les aides à l’achat de carburant versées par les collectivités territoriales. Un dispositif qui existe dans les Hauts-de-France, où la région verse 20 euros par mois aux habitants contraints de faire plus de 30 km par jour.
Enfin Édouard Philippe a annoncé l’objectif du gouvernement de supprimer d’ici 10 ans les chaudières individuelles au fioul en prenant en charge « un tiers du coût global de transformation ».
« Nous allons développer la prime à la conversion des chaudières pour faire en sorte que les Français puissent se libérer de cette contrainte extraordinaire d'utiliser le fioul pour se chauffer », a déclaré le Premier ministre.
Sur Twitter, les réactions des sénateurs n’ont pas manqué. Et à droite comme à gauche, on est assez loin des félicitations adressées au gouvernement. « Édouard Philippe n’a pas compris que la colère des Français n’est pas qu’une question de précarité mais qu’elle est aussi et surtout une question de ras-le-bol fiscal » tweete le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau.
Le rapporteur LR du budget consacré à l’écologie, Jean-François Husson fustige « un cortège de dispositifs sans vision » et demande un « New Deal Énergétique » pour la France.
Le sénateur communiste, Fabien Gay, qui avait dénoncé « un hold-up fiscal », la semaine dernière, aux questions d’actualité, ironise sur la super-prime à la conversion proposée par Édouard Philippe.
L’ancien sénateur et actuel député socialiste, Luc Carvounas voit dans ces annonces un signe de « panique » de la part du gouvernement à quelques jours du 17 novembre.
Fabienne Keller, vice-présidente d’Agir et sénatrice du Bas-Rhin estime quant à elle que ces mesures vont « dans le bon sens » même si, selon elle, il manque le « volet sobriété à ce programme ».